À peine y a-t-il une accalmie sur un front qu'un autre apparaît. Pauline Marois est parvenue à calmer le jeu mercredi avec l'association péquiste de Crémazie, mais les militants de Vanier, une circonscription de la banlieue de Québec, lui font connaître publiquement leur insatisfaction.



Selon une résolution unanime, adoptée lundi dernier, l'association péquiste de Vanier veut faire «part de l'insatisfaction des membres de l'exécutif quant à la façon dont la chef a géré le dossier du projet de loi 204, notamment en négligeant de consulter le caucus et en sous-estimant les impacts du parrainage du projet de loi par la députée de Taschereau».

L'association exprime aussi «sa profonde inquiétude quant à la capacité de la chef du Parti québécois de refaire l'unité du caucus et du parti et de regagner la confiance des Québécoises et des Québécois, éléments essentiels à la prise du pouvoir et à l'accession du Québec à la souveraineté».

Claude Beauchamp, président de l'association, soutient que le groupe ne demande pas le départ de Mme Marois, mais des changements importants devant la gravité du dérapage des deux dernières semaines. Déçus de la direction du PQ, deux membres de la direction de cette association, Jean-Pierre Pfistener et Jean-Charles Samson, ont choisi de partir, explique aussi M. Beauchamp.

Après Philippe Boucher, jeune péquiste influent sous André Boisclair, d'autres ont quitté le PQ récemment: Nicolas Brisson, qui a été organisateur de Louise Harel à Montréal, et Félix Grenier, ancien candidat à Québec, qui va rejoindre la coalition de François Legault.

Accalmie dans Crémazie

D'autre part, Mme Marois est parvenue à calmer le jeu sur un autre front, à Montréal cette fois.

Elle ne mettra pas en tutelle l'association péquiste de Crémazie. Son président, Hadrien Parizeau, en a eu l'assurance mercredi. En revanche, les jeunes péquistes dissidents de Montréal ont accepté que leurs lettres de récriminations soient transmises directement à la chef péquiste plutôt qu'aux médias, a expliqué mercredi le jeune Parizeau, petit-fils de l'ancien premier ministre.

Il n'est plus question, par ailleurs, d'inviter l'ancien premier ministre ou sa femme à l'activité de financement qui aura lieu demain. Jusqu'à mercredi, les jeunes dissidents du PQ voulaient y rassembler une brochette de souverainistes susceptibles de critiquer Mme Marois, de Jacques Parizeau à Bernard Landry.

Des discussions étaient avancées aussi avec le démissionnaire Jean-Martin Aussant, député de Nicolet, mais la diffusion du plan dans les médias a fait avorter la stratégie, explique Hadrien Parizeau.

Lors d'une conférence téléphonique avec les présidents de circonscription, Mme Marois est restée vague quant à ses intentions vis-à-vis de cette association rebelle. Elle l'a été aussi, mercredi, au point de presse sur la publication du programme du Parti québécois adopté à la mi-avril.

Hadrien Parizeau insiste: il ne réclame pas la tête de Pauline Marois, «mais du changement, comme bien des gens au PQ». Sur sa page Facebook, le jeune Parizeau a affirmé récemment qu'il ne croyait pas que Mme Marois survivrait à la crise et a appelé Gilles Duceppe à prendre les commandes du PQ. Selon des proches de l'ancien chef bloquiste, toutefois, cela est hors de question.

Après un échange téléphonique, M. Parizeau et Mme Marois ont convenu de se rencontrer la semaine prochaine. Un autre jeune dissident, Félix-Antoine Dumais-Michaud, vice-président dans Lévis, sera aussi de la rencontre. Un armistice? «Disons plutôt une trêve», a résumé Hadrien Parizeau.