Pour la première fois depuis le début du conflit étudiant, à quelques heures de la présentation d'une loi spéciale, les carrés rouges, verts et blancs s'unissent et lancent au gouvernement un ultime appel à la négociation.

Leurs représentants ont tenu un point de presse jeudi après-midi en compagnie de députés du Parti québécois, de Québec solidaire et d'Option nationale ainsi que d'indépendants.



Les présidents de la FECQ et de la FEUQ, Léo Bureau-Blouin et Martine Desjardins, se sont présentés aux côtés du «carré vert» Laurent Proulx, du Mouvement des étudiants socialement responsables, et du «carré blanc» Robert Michaud, un parent qui a lancé un mouvement demandant un moratoire sur la hausse des droits de scolarité.

«Nous faisons un ultime appel à la raison et au dialogue. Loi spéciale ou non, on peut arriver à une solution négociée qui va garantir une paix sociale», a lancé Léo Bureau-Blouin. Il s'est dit ouvert aux compromis en vue de conclure une entente dont il recommanderait l'adoption à ses membres.

«Il ne faut pas que le désir de vengeance de certains», autant des «étudiants hargneux» que des «élus fâchés», «l'emporte sur la raison», a-t-il dit.

Martine Desjardins a fait valoir que tous les «carrés» jugent qu'une entente négociée est préférable à une «loi spéciale imposée». Elle dit au gouvernement que l'heure n'est plus à regarder les sondages et à penser aux prochaines élections. «L'heure est à régler une crise», a-t-elle insisté.

«Que le premier ministre vienne s'asseoir avec nous. Qu'il démontre qu'il est bien un chef d'État, et pas seulement un chef de parti», a-t-elle ajouté. Elle est prête à faire des compromis, mais elle n'a pas donné de détails.

De son côté, Laurent Proulx estime que la loi spéciale «ne devrait être utilisée qu'en dernier recours seulement». Il appuie l'idée d'une médiation lancée par le Barreau du Québec.

Robert Michaud se dit inquiet de l'impact d'une loi spéciale sur la paix sociale. Il croit qu'il peut y avoir d'autres options qu'un moratoire. L'important est la négociation, selon lui.

Notons que la CLASSE, qui représente la majorité des étudiants en grève, ne participait pas à la conférence de presse. « On a comme politique de ne pas faire des sorties avec des partis politiques. On a toujours demandé une négociation, et ça ne change pas », a expliqué son attaché de presse Renaud Poirier.

Une «ultime rencontre» sinon une loi spéciale, dit Legault

Le chef caquiste François Legault réclame une «ultime rencontre» de négociations entre le gouvernement et les leaders étudiants « au cours des prochaines heures ». Mais s'il n'y en a pas, il est pour la loi spéciale.

«Les deux parties se sont peinturées dans le coin et les deux parties doivent maintenant marcher sur la peinture. Les deux doivent faire des compromis. (...) Sinon, on n'a pas le choix de prendre les mesures nécessaires», a-t-il expliqué.

Il faut penser aux étudiants qui souhaitent suivre leurs cours, a-t-il insisté. Il s'est toutefois gardé de dire qu'il votera en faveur de la loi spéciale. Il veut la lire avant de se prononcer. «Ça n'a jamais été une issue qu'on souhaitait», a-t-il dit.

Mercredi soir, il a dit: «Je ne vois pas comment on peut régler le problème en reportant tout au mois d'août. M. Charest blâmait Mme Marois de faire des moratoires partout. Eh bien, il vient d'en faire un.»

S'il devait y avoir «rencontre de la dernière chance», le seul sujet de discussion devrait être l'accessibilité des études pour la classe moyenne, estime François Legault. Rappelons qu'il appuie la hausse des droits de scolarité annoncée par le gouvernement Charest. Il préconise des modifications au régime de prêts et bourses, notamment. «Je ne comprends pas l'obstination des associations étudiantes à défendre les étudiants des familles les plus riches», a-t-il dit.