La lutte contre la corruption et la collusion passe par une plus grande transparence et un meilleur accès à l'information. Or, l'actuelle Loi sur l'accès à l'information est une véritable prison pour l'information.

La Fédération professionnelle des journalistes du Québec n'a pas mâché ses mots pour décrier la Loi sur l'accès à l'information, vendredi, devant la Commission Charbonneau.

«Cette loi-là est une prison pour l'information, a-t-il lancé. Depuis 10, 15 ans, le Québec a replongé dans la noirceur», a lancé le président de la FPJQ, Pierre Craig.

«Cette loi-là constitue un ramassis de toutes les exceptions demandées par tous les lobbys que vous pouvez imaginer», a-t-il lancé.

Il a rappelé que bien des dossiers sur lesquels la commission d'enquête s'est penchée, depuis plus de deux ans, avaient comme origine un reportage journalistique, qu'il soit écrit ou télévisé. Et souvent, les journalistes eux-mêmes ont été guidés par un lanceur d'alerte.

Pour illustrer son propos, la FPJQ a souligné avec sarcasme le fait qu'il existe dans la loi une amende de 100 $ à 500 $ pour celui qui refuse l'accès à une information publique, alors qu'il existe une amende deux fois plus élevée pour celui qui donne une information qui ne devait pas être rendue publique, soit de 200 $ à 1000 $.

«Deux fois plus d'amendes si on sort ce qui ne doit pas être sorti que si on ne sort pas ce qui doit être sorti. Pour moi, ça illustre vraiment l'esprit de cette loi-là», s'est exclamé M. Craig.

De même, l'accès à l'information est encadré par 10 articles, alors que les restrictions à cet accès comptent 25 articles. «Il y a 2,5 fois plus d'espace consacré à la restriction qu'à l'accès», s'est insurgé M. Craig, lui-même journaliste à la télévision de Radio-Canada.

La FPJQ a donc plaidé pour une révision en profondeur de cette loi - une tâche à laquelle le ministre responsable de l'Accès à l'information Jean-Marc Fournier s'est déjà attelé - afin d'y introduire notamment une notion d'intérêt public, c'est-à-dire l'accès à une information que le citoyen est susceptible de vouloir connaître.

Alors que la commission d'enquête a levé le voile sur plusieurs cas d'élections clé en main dans les municipalités du Québec, la FPJQ a déploré le fait que certains conseils municipaux, encore aujourd'hui, cherchent à écarter les journalistes des débats censés être publics, à les empêcher d'enregistrer ou à leur rendre l'accès à des études, à des rapports le plus compliqué possible.