Selon un sondage Léger Marketing, l'opinion publique semble accorder plus de crédit à Marc Bellemare qu'aux versions de ses détracteurs.

À la fin du caucus libéral, vendredi midi, à Québec, le premier ministre Jean Charest a affirmé qu'il «vit bien» avec les perceptions selon lesquelles son gouvernement est impopulaire et sa crédibilité personnelle est entachée.

«J'en ai vu beaucoup de sondages», a-t-il déclaré en rappelant qu'il avait été élu pour la première fois il y a exactement 26 ans, en septembre 1984.

«Ça fait partie de la vie politique, il faut apprendre à vivre avec ça, a-t-il commenté en conférence de presse dans le hall de l'Assemblée nationale. Depuis les 26 dernières années, cela n'a jamais été un fleuve tranquille. Jamais, jamais, jamais. (...) Je connais assez la politique pour savoir que ce n'est pas le jugement d'une seule journée ou d'une seule période qui compte. C'est sur le mandat du gouvernement qu'on est jugé.»

Il a aussi ajouté qu'il ne fallait pas s'attendre à «beaucoup de surprises» de son témoignage à la commission Bastarache la semaine prochaine.

«Je ne veux pas prendre de l'avance sur ce que je vais dire, mais attendez-vous pas à de grandes surprises, a-t-il reformulé. (...) Je vais aller expliquer simplement les choses comme elles sont, puis je vais répondre aux questions. Je vais faire ça très ouvertement.»

À l'entrée du caucus libéral vendredi matin, le ministre de la Justice, Jean-Marc Fournier, a voulu remettre les choses en contexte. Il suggère d'attendre la fin des travaux avant de se faire une opinion.

«Est-ce que tout le monde a déjà lu le rapport? Vous et moi connaissons la politique. (Les gens) savent que les événements se succèdent et que les opinions peuvent évoluer. Un des éléments importants, c'est bien sûr le rapport de la commission. Je vous donne rendez-vous au lendemain du dépôt du rapport. On verra comment les gens l'interpréteront.»

Sa collègue à la Culture, Christine St-Pierre, demande aussi aux gens d'écouter tous les témoignages avant de se prononcer. Quant à savoir si le gouvernement est affecté, elle a répondu qu'il fallait «garder le cap, continuer à travailler».

«Il y a des périodes en politique où c'est plus facile, d'autres où c'est plus difficile», s'est-elle contentée de résumer vendredi matin.

Le gouvernement n'est pas pour autant démonté par les rebondissements de la commission, a assuré le whip en chef du gouvernement, Pierre Moreau.

«Tous ceux qui sont partie dans les procédures judiciaires ont généralement une impression qui n'est pas très positive, parce que c'est un moment difficile dans sa vie, a-t-il affirmé. Il y a des gens qui choisissent de se mettre dans une position difficile et qui doivent subir les conséquences des choix qu'ils ont fait», a-t-il ajouté en faisant référence à Marc Bellemare.

De l'avis du député Henri-François Gautrin, on a seulement entendu la version de Marc Bellemare et il reste donc à examiner celle de Jean Charest.

«Est-ce que la commission va nous nuire? Je dirais que non, dans la mesure où ça va clarifier quelque chose qui, aujourd'hui, n'est pas bon pour nous, a commenté le député de Verdun, avant d'entrer au caucus.

Il «espère» que l'opinion publique tournera en faveur du gouvernement, après le témoignage de son chef.

Réalisé jeudi, le sondage Léger Marketing suggère que 58 pour cent des répondants croient davantage M. Bellemare que le premier ministre dans toute cette affaire.

C'est une légère baisse par rapport à une enquête effectuée le 25 août, selon laquelle 69 pour cent des personnes interrogées croyaient M. Bellemare plutôt que M. Charest. Dans les deux cas, l'appui à la version de M. Charest avoisine les 13-14 pour cent.

Ils sont aussi sept sur 10 à juger que la commission Bastarache ne fera pas toute la lumière sur le processus de nomination des juges.

L'enquête a été réalisée par Internet auprès de 1003 personnes, le 16 septembre 2010, pour le compte de l'agence QMI.