«S'il n'y avait pas eu de cadets avec nous, nous ne nous serions jamais arrêtés au café internet où était Magnotta. Nous ne l'aurions pas attrapé.» Marc Lilge ne s'en cache même pas. C'est un coup de chance qui lui a valu la plus grosse prise de sa carrière.

Le policier berlinois au visage juvénile fait partie du groupe qui a fait irruption au Helin Internet-Café, le 4 juin 2012, après qu'un employé les a interpellés alors qu'ils passaient dans la rue.

M. Lilge accompagnait huit cadets en formation pour une journée de patrouille dans le quartier de Neukölln, un des plus durs de Berlin.

«C'était la première fois qu'ils y allaient, se souvient l'agent. La journée était assez calme. On avait dirigé un peu de circulation et nous venions de nous mettre en direction d'un appel pour un vol à l'étalage. C'est à ce moment que l'employé du café internet nous a fait signe.»

Si les jeunes cadets n'avaient pas été là, ils ne se seraient pas arrêtés. «Les gens nous font signe à longueur de journée dans ce quartier. On n'a pas le temps de tous les écouter. Mais là, il fallait montrer le bon exemple.»

Ils ont donc stoppé la camionnette et Kadir Anlayisli les a dirigés vers l'ordinateur numéro 25. Les cadets ont cherché des photos de Magnotta sur leurs téléphones pour comparer avec le jeune homme assis devant l'écran. «Il ressemblait à un petit garçon. Il n'avait l'air de rien. Il était là. Tranquille. Complètement relax», dit Marc Lilge, encore stupéfait.

Les policiers lui ont demandé son nom. Il a menti; il est devenu nerveux. Devant leur insistance, il a fini par céder. «Vous m'avez eu.»

Puis, Magnotta a docilement suivi les policiers jusqu'à leur camionnette. «Nous n'avions pas un véhicule approprié pour les arrestations, alors on l'a assis sur la dernière banquette en arrière. À côté de nous.»

Durant les 17 minutes du trajet vers la prison, il a souri en silence.