Au moins 19 millions de doses de vaccins contre la COVID-19 devraient expirer d’ici la fin de l’année au Canada, selon des données obtenues par La Presse Canadienne.

Selon l’Agence de la santé publique du Canada, l’inventaire central fédéral compte actuellement 18,5 millions de doses, dont 16,8 millions qui ont une date d’expiration en 2023.

Il y a plus de huit millions de doses supplémentaires dans les réserves provinciales et territoriales, selon les données fournies par les ministères de la Santé à travers le pays.

Les données consultées démontrent que plus de deux millions de doses qui se trouvent dans les provinces et territoires expireront d’ici la fin de l’année.

Ce nombre est probablement sous-estimé puisque l’Ontario, le Nouveau-Brunswick et l’Île-du-Prince-Édouard n’ont pas divulgué la proportion de leurs doses qui vont venir à échéance d’ici la fin de l’année. À elle seule, l’Ontario dispose de 4,8 millions de doses de vaccin contre la COVID-19.

« Le gouvernement du Canada, de concert avec les provinces et les territoires, poursuivra ses efforts pour optimiser la gestion de l’offre de vaccins contre la COVID-19 et réduire davantage les surplus et le gaspillage de vaccins contre la COVID-19 », a déclaré un porte-parole de l’Agence de la santé publique du Canada par courriel.

Certaines de ces doses, par exemple, pourraient être utilisées dans les campagnes de vaccination contre la COVID-19 si le Comité consultatif national de l’immunisation (CCNI) recommande d’autres injections de rappel « fondées sur des données scientifiques en évolution ».

Selon l’Agence de la santé publique du Canada, d’autres options pourraient inclure le don de doses excédentaires de vaccin contre la COVID-19 aux pays en développement ou la prolongation de la date d’expiration de certaines doses si elles sont encore efficaces.

Selon le Dr Matthew Miller, directeur du DeGroote Institute for Infectious Disease Research de l’Université McMaster, une campagne pour des vaccins de rappel de la population générale est encore « probable ».

Les recommandations actuelles du CCNI au printemps ciblent les groupes les plus vulnérables. Elles comprennent des injections de rappel pour les personnes de 65 ans et plus, ainsi que pour les autres personnes à risque élevé de complications graves liées à la maladie, s’il s’est écoulé six mois ou plus depuis leur dernière dose ou une infection à la COVID-19.

Environ 6,7 millions des doses de l’inventaire fédéral sont des vaccins bivalents contre la COVID-19, qui ciblent spécifiquement le variant Omicron et sont recommandés pour les injections de rappel. Les données des provinces et des territoires montrent qu’une grande partie de leurs vaccins sont des doses bivalentes.

Une réserve de vaccins non bivalents est encore nécessaire pour les personnes qui se font vacciner pour la première fois _ avec la série primaire de vaccins _ et pour les enfants de moins de cinq ans, affirment les responsables de la santé à travers le pays. Plus de 80 % des Canadiens ont terminé leur première série de vaccination contre la COVID-19.

Le Canada est également « prêt » à donner les doses excédentaires de vaccins contre la COVID-19 aux pays en développement, a déclaré Affaires mondiales Canada dans un courriel à La Presse Canadienne.

Il reconnaît que de nombreux pays à faible revenu ne demandent pas autant de vaccins contre la COVID-19 qu’au début de la pandémie, parfois parce qu’ils n’ont pas la capacité pour administrer ces vaccins.

« Le paysage mondial est passé d’une période d’offre limitée à une période où l’offre de vaccins dépasse actuellement la demande et la capacité d’administration », a indiqué Affaires mondiales Canada.

« Le défi actuel n’est donc pas l’offre, mais la livraison, la distribution et la demande dans le pays », précise le ministère.

De plus, le temps presse pour donner des doses, car les dates d’expiration approchent.

« Les pays bénéficiaires demandent généralement des vaccins dont la durée de conservation est d’au moins six mois, ce qui est considéré comme un délai raisonnable qui permet de planifier le déploiement », a déclaré dans un courriel un porte-parole de GAVI, l’alliance mondiale de vaccination qui aide à superviser les dons de vaccins contre la COVID-19.

Jusqu’à présent, le Canada a offert plus de 25 millions de doses qui ont été expédiées à 30 pays, a déclaré le porte-parole de GAVI.

Une autre option possible pour réduire le gaspillage de vaccins est la prolongation de la date d’expiration par les fabricants de vaccins qui sont approuvés par Santé Canada.

Cela s’est déjà produit à l’Île-du-Prince-Édouard, a déclaré Morgan Martin, porte-parole du ministère de la Santé et du Mieux-être de la province.

« Les vaccins dans notre inventaire actuel ont des dates d’expiration variables, et sont mis à jour si et quand le fabricant obtient une date d’expiration prolongée », a-t-elle souligné par courriel également.

« Par exemple, les dates d’expiration actuelles des vaccins pédiatriques et pour nourrissons de Pfizer ont été prolongées et n’expirent pas avant 2024 », a-t-elle souligné.

Pour déterminer si un vaccin est toujours efficace après la date de péremption initiale, les fabricants procèdent à des « tests de stabilité », a déclaré Mina Tadrous, professeure adjoint de pharmacie à l’Université de Toronto.

« Un fabricant laisse fondamentalement quelque chose vieillir, puis le teste dans un certain environnement », a expliqué M. Tadrous. Ces essais tiennent compte de facteurs comme la réfrigération pour déterminer s’il y a des circonstances où la date d’expiration peut être prolongée.

Comme les vaccins contre la COVID-19 étaient de nouveaux produits fabriqués en réponse à une pandémie urgente, il n’y avait aucun moyen de savoir combien de temps ils pouvaient durer. On leur a donc donné des dates d’expiration « très serrées », a‑t‑il indiqué.

À mesure que le temps passe, les chercheurs peuvent voir combien de temps et dans quelles conditions les formulations de vaccins et de médicaments durent, a dit M. Tadrous, et les dates d’expiration pourraient être révisées en consultation avec Santé Canada.

Malgré les efforts déployés pour utiliser le plus possible de vaccins contre la COVID-19 avant leur expiration, il y aura du gaspillage, ont reconnu M. Tadrous et le Dr Miller.

Ce n’est pas surprenant étant donné la complexité de la situation, selon eux.

« Du point de vue national, nous préférerions de loin avoir le problème d’avoir trop de vaccins que trop peu », a cependant admis le Dr Miller.