(Montréal) Le nouveau sous-variant XBB.1.5, « le plus transmissible qui ait été détecté jusqu’à présent », représente désormais 2,4 % des nouveaux cas au Québec. Il aurait été détecté pour la première fois à la fin de novembre dans la province, mais c’est durant la pause des Fêtes qu’il a commencé à faire sentir davantage sa présence.

« Ce qui m’inquiète, c’est qu’il y a deux semaines, XBB.1.5 était à 0,5 %. Deux semaines plus tard, ça a augmenté par un facteur de cinq », dit le DDonald Vinh, infectiologue et microbiologiste au Centre universitaire de santé McGill.

XBB.1.5, de la même famille qu’Omicron, est le « sous-variant le plus transmissible qui ait été détecté jusqu’à présent », a mis en garde cette semaine l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Il a été identifié jusqu’à présent dans 38 pays, la majorité des cas se trouvant aux États-Unis.

En effet, le variant XBB.1.5 représente actuellement 27,6 % des cas déclarés chez nos voisins du Sud, selon les données des Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC). Il ne représentait que 2,3 % des cas début décembre.

Le Québec n’est pas à l’abri d’une telle tendance à la hausse, estime le DVinh. « On doit surveiller ce qui se passe aux États-Unis pour savoir ce qui va se passer au Canada », dit-il.

Plus transmissible

Ce nouveau variant préoccupant se propage rapidement en raison de ses mutations qui lui assurent une bonne capacité de s’attacher aux cellules et de se reproduire facilement, explique la Dre Inès Levade, conseillère scientifique spécialisée au Laboratoire de santé publique du Québec et coordonnatrice du Comité d’experts sur la vigie génomique du SARS-CoV-2.

Ce variant semble également capable de contourner l’immunité conférée par les vaccins ou les infections antérieures, indique le DVinh. Par ailleurs, les anticorps monoclonaux semblent inefficaces pour le neutraliser, dit-il.

Selon les premières données, une dose de rappel avec un vaccin bivalent permettrait toutefois de produire des anticorps neutralisants, indique le DVinh, qui invite les Québécois à obtenir une telle dose de rappel s’ils ne l’ont pas encore fait.

Bonne nouvelle : il n’y a pas de données indiquant si le variant entraîne des infections plus ou moins sévères, « mais ce qu’on voit jusqu’ici, ça n’irait pas dans le sens d’un variant qui causerait des symptômes plus sévères en cas d’infection », indique la Dre Levade.

« On n’est pas inquiet »

Le ministre de la Santé, Christian Dubé, affirme avoir parlé de la situation du sous-variant XBB.1.5 mardi avec le directeur national de santé publique, le DLuc Boileau. « Il y a des situations dans certains endroits où ce fameux variant est très inquiétant, comme à New York. […] Jusqu’à maintenant, le DBoileau nous dit qu’on n’est pas inquiet, mais c’est sûr qu’on va suivre ça de proche parce qu’on l’a vu : quand ça arrive, ça arrive rapidement », a-t-il déclaré.

« Je ne veux pas être hyper optimiste ou pessimiste. Je veux juste être réaliste. Pour ceux qui ne sont pas encore vaccinés : allez vous faire vacciner », a-t-il ajouté.

L’Organisation mondiale de la santé a salué mercredi « la transparence radicale » des États-Unis dans leur lutte contre le sous-variant XBB.1.5. L’OMS estime que ce sous-variant pourrait « mener à une augmentation de l’incidence des cas », mais souligne qu’elle est obligée de se baser presque uniquement sur la situation aux États-Unis.

Par ailleurs, l’OMS regrette le manque de séquençage dans le monde, qui permet de détecter de nouveaux sous-variants rapidement. La Dre Levade soutient toutefois que le Québec assure une bonne surveillance.

Chaque semaine, le Laboratoire de santé publique du Québec sélectionne 600 échantillons de tests positifs à la COVID-19 à travers la province sur lesquels un séquençage est réalisé. « Ça nous permet d’avoir une idée [des variants] qui circule au niveau du Québec », explique la Dre Levade.

Hausse des cas de COVID-19

La COVID-19 continue à peser sur le réseau de la santé. Le Québec dénombrait mercredi 2095 personnes hospitalisées s’étant avérées positives, en hausse de 2 % sur une semaine. Du nombre, 716 patients ont été hospitalisés directement en raison de leur infection à la COVID-19, les autres ayant été admis pour une autre raison.

Les six décès rapportés mercredi portent la moyenne quotidienne calculée sur sept jours à neuf. Ainsi, un total de 17 774 Québécois ont succombé à la COVID-19 depuis trois ans.

La tendance dans la propagation actuelle de la pandémie est plus difficile à lire en ce début d’année. Le gouvernement a restreint l’accès au dépistage par tests PCR en décembre, ce qui a fait chuter le nombre de cas dépistés officiellement. Le taux de positivité demeure toutefois élevé, signe que la COVID-19 ne s’est pas volatilisée.

D’ailleurs, les sondages hebdomadaires menés par l’Institut national de santé publique montrent qu’environ 30 000 Québécois continuent à être infectés chaque jour. Cela représente tout de même une baisse depuis le sommet de 36 000 infections par jour.

Suivez la progression de la pandémie en temps réel dans notre page de graphiques interactifs

Avec Fanny Lévesque et Pierre-André Normandin, La Presse, et l’Agence France-Presse