Des étudiants plaident pour l’imposition de l’obligation vaccinale sur le campus

S’il y a un endroit où la rentrée universitaire ressemblait à une rentrée, mercredi, c’est à McGill. En grande partie grâce à la configuration des lieux : un vrai campus au cœur de la ville, grouillant de monde.

Ça faisait longtemps. La majorité des étudiants n’y étaient pas retournés depuis 18 mois. D’autres n’y avaient encore jamais mis les pieds.

La fête s’est déroulée sous un ciel bleu et au son des mégaphones de manifestants en t-shirt rouge. La raison de cette agitation ? L’Association étudiante de l’Université McGill (AEUM) réclame l’imposition de l’obligation vaccinale sur le campus et la possibilité pour les étudiants de suivre leurs cours à distance. Une demande qui semble récolter un large appui.

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Claire Downie, vice-présidente de l’association étudiante de l’Université McGill, s’adresse aux étudiants à l’aide d'un mégaphone.

« Il y a des gens qui ne se sentent pas en sécurité sur le campus en ce moment », explique Claire Downie, vice-présidente de l’AEUM, qui représente 24 000 étudiants. « Personnellement, je ne me sentirais pas en sécurité dans une classe pleine, sans distanciation. »

Pas de vaccination obligatoire sur les campus

À McGill, comme dans les autres universités québécoises, il n’est pas nécessaire d’être vacciné pour avoir accès au campus. « McGill est la seule grande université à ne pas imposer l’obligation vaccinale au Canada », dénonce Claire Downie.

L’Université de Montréal, l’UQAM, Concordia, l’Université de Sherbrooke et l’Université Laval ne l’imposent pas non plus. Contrairement à la majorité des autres grandes universités canadiennes, les établissements québécois ont décidé de ne pas rendre la vaccination obligatoire sur leur campus.

Seul le port du masque d’intervention dans les espaces clos est requis : couloirs, bibliothèques, cours, etc., conformément à une directive gouvernementale. La notion de distanciation physique est disparue dans les salles de classe. Et la preuve vaccinale n’est exigée que pour participer à des activités non essentielles, par exemple pratiquer des sports ou assister à des spectacles.

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Julie Cagnard est originaire de l’Iowa, aux États-Unis.

Julie Cagnard, 17 ans, arrivait de l’Iowa, aux États-Unis. « Je pense que, oui, McGill devrait rendre la vaccination obligatoire, a-t-elle dit, assise dans l’herbe. Mais tous les gens que j’ai rencontrés sont déjà vaccinés. Et tout le monde a son passeport vaccinal. »

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Aysha Mohammed étudie en génie chimique.

Aysha Mohammed, 24 ans, avait aussi reçu ses deux doses. Inscrite en génie chimique, elle a fait sa première année 100 % à distance chez elle, à Laval.

Je ne suis pas contre [la vaccination obligatoire]. C’est un privilège de pouvoir revenir à l’école. On est beaucoup et il y a des gens immunosupprimés. Pour eux, ça peut être bien.

Aysha Mohammed, étudiante en génie chimique

Elle ajoute que le premier cours auquel elle a assisté, mercredi matin, se déroulait dans une classe bondée et sans fenêtre. « J’ai trouvé qu’on était quand même proches les uns des autres. Moi, ça m’a quand même étonnée. Tout le monde a son masque, mais je trouvais qu’on était proches. On devait être environ 90. »

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Alexandre Brailovski est aussi favorable à l’imposition de l’obligation vaccinale.

Alexandre Brailovski, 20 ans, est également inscrit en deuxième année du programme de génie chimique. « Je pense aussi que c’est nécessaire de rendre la vaccination obligatoire parce que ça ferait en sorte que tout le monde serait plus en sécurité, dit-il. Et ça encouragerait plus de gens à se faire vacciner, ce qui limiterait la propagation des variants. »

D’autres étudiants rencontrés par La Presse sont du même avis.

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George Tsirigotis est inscrit en génie civil.

« Je suis très content de voir du monde », lance George Tsirigotis, 19 ans, inscrit en génie civil. « Et, oui, je crois que la vaccination devrait être obligatoire sur le campus. »

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Romane Thomas, étudiante en sciences politiques

Romane Thomas, 18 ans, se réjouissait surtout d’être à Montréal. Il y a trois jours, cette étudiante en sciences politiques était encore à Paris.

« J’ai dû décaler mon arrivée d’une semaine parce que je n’avais pas mon permis d’étudiant, explique-t-elle. Ça y est, la galère est derrière. Ça fait plaisir de venir ici et de voir que tous les cours sont en présentiel, quasiment. Ça fait une ambiance plus conviviale, on rencontre des gens, les profs sont super intéressants. J’ai rencontré plein de gens qui venaient de Toronto, qui venaient de Shanghai. Enfin, la diversité est super ici. »

Une rentrée qui s’étire

La rentrée a aussi lieu dans d’autres universités cette semaine au Québec. Les jours varient selon les établissements et même selon les facultés. C’était lundi à l’Université de Sherbrooke, où 85 % des cours sont offerts en présentiel cet automne, tout comme à McGill. À l’Université Laval, la rentrée a eu lieu lundi en mode présentiel et à distance, en fonction des programmes. La priorité est accordée aux étudiants qui entreprennent un baccalauréat et à ceux qui ont des cours pratiques. La rentrée des étudiants se déroulait aussi mercredi à l’Université de Montréal, où la grande majorité des cours sont donnés en présentiel, quoique la reprise des cours ait commencé plus tôt à HEC Montréal et à Polytechnique. L’UQAM, de son côté, accueillera les étudiants le 7 septembre. Pour ce qui est étudiants étrangers, ils sont de retour. Selon les premières estimations des universités, leur nombre sera équivalent, sinon supérieur cette année à ce qu’il était à l’automne 2019, avant la pandémie de COVID-19. Les chiffres définitifs seront connus à la fin de septembre.