Vous avez des questions sur la COVID-19 et la vaccination ? Chaque semaine, des journalistes de La Presse répondent directement à vos interrogations.

Depuis une semaine, c’est au tour des 12 à 17 ans de relever la manche pour recevoir leur vaccin. Déjà, plus de 40 000 adolescents québécois ont été vaccinés, soit 8 % de cette cohorte. Cette proportion grimpe à 37 % si on compte tous ceux qui ont pris rendez-vous. Et à partir du 7 juin, la vaccination débutera à l’école secondaire, et des groupes entiers d’élèves seront reçus en centre de vaccination, quand ce ne seront pas les vaccinateurs qui viendront à eux.

À quoi doivent s’attendre les jeunes, leurs parents, voire les enseignants ? À des douleurs au bras, sans doute. De la fatigue et des maux de tête, souvent. Et un peu de frissons, de courbatures, voire de la fièvre. En tout cas, c’est ce que les études cliniques ont noté : les ados sont généralement plus susceptibles que leurs aînés de souffrir d’effets secondaires dans les 48 heures qui suivent l’administration du vaccin.

Mais il ne faut pas se méprendre : si les adolescents souffrent davantage d’effets secondaires au vaccin que leurs aînés, ce n’est pas parce qu’ils sont plus fragiles. « Bien au contraire », dit la Dre Valérie Lamarre, pédiatre et infectiologue au CHU Sainte-Justine. « C’est justement parce qu’ils répondent mieux au vaccin. Leur système immunitaire s’emballe plus vite, il répond plus vigoureusement. Faire de la fièvre après un vaccin ne signifie pas du tout que le patient a un système immunitaire plus faible. »

De fait, comme s’y attendaient les experts, le système immunitaire des jeunes répond très bien au vaccin à ARN messager, dit la Dre Lamarre. Dans les essais cliniques, aucun ado vacciné n’a été infecté par la COVID-19, soit un taux de protection de 100 %, alors que la protection est de 95 % pour la tranche des 16-25 ans.

Ils recevront donc exactement le même vaccin de Pfizer qu’un adulte, soit une dose de 0,3 ml. Ce qui intrigue Lyne Beauregard, dont la fille de 12 ans est plutôt petite comparée à un adulte. « Est-ce qu’il y a des risques de surdose ? », se demande-t-elle.

Non, parce que le vaccin ne fonctionne pas comme un médicament. Son but n’est pas de répartir la substance dans le corps, mais plutôt de stimuler le système immunitaire.

En général, note la Dre Lamarre, les doses de vaccin sont les mêmes pour les adultes et les adolescents – les enfants, eux, peuvent parfois recevoir une dose plus faible, mais il n’est pas « dangereux » d’en recevoir plus.

« C’est souvent sur le nombre de doses qu’on peut agir différemment », dit-elle, justement en raison de la réponse immunitaire vigoureuse des jeunes. Par exemple, le vaccin contre le VPH se donnait au départ en trois doses. « Puis, on s’est aperçu qu’avec les jeunes, on pouvait se permettre de donner seulement deux doses. Et même que maintenant, on se demande si une seule dose ne serait pas suffisante. »

Est-ce que ce sera la même chose avec le vaccin contre la COVID-19 ? « C’est ce qu’on va voir au cours des prochaines semaines, dit la Dre Lamarre. Le Comité sur l’immunisation du Québec est très réactif, très à l’avant-garde, donc c’est certain qu’il va surveiller de près pour savoir si la deuxième dose semble nécessaire pour les adolescents. »

Quand doit-on s’inquiéter ?

Les pédiatres s’attendent donc à voir arriver dans les prochains jours des jeunes mal en point dont le vaccin pourrait être la cause des maux… ou pas. « On va être aux aguets », dit la Dre Lamarre. En règle générale, dit la médecin, il n’y a pas lieu de s’inquiéter quand il s’agit de symptômes qui surviennent dans les 48 heures suivant le vaccin. « Mais il ne faut pas tout mettre sur le dos du vaccin. Il peut y avoir d’autres problèmes de santé qui surviennent au même moment. »

Pour sa part, elle surveillera de près les « syndromes inflammatoires » observés chez certains jeunes qui ont eu la COVID-19 et qui surviennent un mois après l’infection. Ces cas sont bien traités avec des immunosuppresseurs, pour calmer un système immunitaire qui s’emballe. « Est-ce qu’il va y avoir un syndrome inflammatoire post-vaccin ? C’est peu probable, mais ce n’est pas impossible. C’est ce qu’on va surveiller. »

Quid des allergies ?

Les recommandations vaccinales concernant les allergies sont les mêmes pour les adolescents que pour les adultes. Selon l’Association des allergologues et immunologues du Québec (AAIQ), « la seule contre-indication à recevoir les vaccins contre la COVID-19 est une allergie à une de leurs composantes ». Le vaccin de Pfizer, qui est administré aux adolescents, ne contient pas de protéine alimentaire ou animale, d’antibiotique, de préservatif ou de latex. Le seul ingrédient de ce vaccin associé à des réactions allergiques est le polyéthylène glycol (PEG), un élément qu’on retrouve déjà dans de nombreux produits. « Les grands allergiques sont déjà connus des cliniques d’allergie et pourront discuter avec leur médecin avant la vaccination », note la Dre Valérie Lamarre, pédiatre et infectiologue au CHU Sainte-Justine.

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