Face à des centaines de plages horaires vides, une responsable de la vaccination demande à Québec d’offrir le vaccin à plus de catégories de gens. Entre-temps, des établissements de santé ont décidé de prendre les choses en main pour sauver des doses qui allaient devenir périmées ou risquaient d’être redistribuées.

Lorsqu’elle regarde l’horaire de la semaine prochaine, ce sont « des centaines de plages disponibles » que voit Isabelle Parent, directrice de la vaccination au CISSS de Laval.

« Pourquoi ne pas ouvrir à l’ensemble de la population ? », demande-t-elle. « C’est vraiment mort en ce moment. Les catégories ne s’ouvrent pas assez rapidement. Et quand ça s’ouvre, c’est trop à la dernière minute. Les gens travaillent. Ils ne peuvent pas venir tout de suite, alors on perd du temps. »

Voilà quelques semaines que le CISSS se retrouve avec plus de vaccins, tous fabricants confondus, que de rendez-vous.

Cette semaine, pour sauver 400 vaccins qui allaient devenir périmés, son équipe s’est mise d’urgence sur le téléphone, appelant postes de police et casernes de pompiers afin de trouver à toute vitesse des bras de travailleurs prioritaires dans lesquels injecter le sérum. La semaine dernière, même stratégie, cette fois pour sauver 600 doses qui risquaient de devenir périmées parce qu’on avait de la difficulté à combler les rendez-vous.

Des doses menacées

Une histoire semblable est arrivée dans l’ouest de Montréal la semaine dernière, où 84 doses décongelées devaient être administrées à toute vitesse.

Québec venait de fermer momentanément la prise de rendez-vous dans la métropole pour transférer des milliers de vaccins vers les régions. Face, lui aussi, à des places vacantes, le CIUSSS de l’Ouest-de-l’Île-de-Montréal a pris les choses en main et appelé directement dans des pharmacies, des cliniques de physiothérapie, des postes de police ou des écoles pour recruter des gens à vacciner.

En plus des 84 doses menacées, on a décidé de trouver des travailleurs essentiels à inoculer avec quelques centaines de doses congelées, mais qu’on craignait de perdre au profit d’une autre région si elles n’étaient pas attribuées dans la semaine.

« On n’était pas obligés de le faire, mais on voulait garder toutes nos doses pour des gens de notre territoire, raconte Hélène Paradis, pharmacienne en chef au CIUSSS. Avec la fermeture de nos plages, la seule façon, c’était de faire des appels nous-mêmes. »

« Voulez-vous un rendez-vous ? »

Durant plusieurs jours, et même une partie de la nuit, une équipe a enchaîné les appels, contactant des milieux de travail dont les employés faisaient partie du prochain groupe à vacciner. « On leur disait : “Vous êtes dans la prochaine catégorie. Voulez-vous un rendez-vous ?” », raconte Mme Paradis.

Stéphanie Wong était à la réception de la clinique Kinatex Dorval quand le téléphone a sonné. Au bout du fil, une infirmière lui offrait des vaccins comme tombés du ciel. Mais il fallait faire vite.

Je ne sais pas comment ils nous ont trouvés. On a été très surpris d’avoir cette chance. On attendait notre tour. On avait hâte.

Stéphanie Wong, de la clinique Kinatex Dorval

Tout de suite, Mme Wong a contacté les physiothérapeutes, ergothérapeutes et autres professionnels de la clinique. Dès qu’elle avait leur consentement, elle envoyait leurs coordonnées au CIUSSS.

« En moins de 20 minutes, ils recevaient un texto avec un rendez-vous. Ça a été très rapide. Il y en a qui sont allés durant leur pause, d’autres après le travail. »

Moins de 48 heures après l’appel initial, une trentaine d’employés de Kinatex avaient reçu leur vaccin. « Disons que ça a été rock and roll. »

L’opération a été un tel succès que la boîte de courriels de la responsable de la prise de rendez-vous a explosé.