Pour éviter que le calme ne se transforme en tempête, Québec accélère la campagne de vaccination en devançant l’entrée en jeu des pharmaciens.

Quelque 350 pharmaciens propriétaires de Montréal contribueront à l’effort de vaccination dès le 15 mars, deux semaines plus tôt que prévu, a confirmé le ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé, en point de presse, mardi.

Le gouvernement appuie sur l’accélérateur pour prévenir la propagation des variants dans la région de Montréal, où ils sont plus présents qu’ailleurs et où les cas de COVID-19 sont plus nombreux. De 12 % à 15 % des nouveaux cas sont dus à des variants, principalement de souche britannique.

« Je vous le dis franchement, je vais peser mes mots, mais on a peur de cette situation-là », a confié M. Dubé.

On a peur, particulièrement dans la région de Montréal, que ce soit un peu le calme avant la tempête. On doit prendre ça en considération dans nos grandes décisions qu’on va avoir à prendre dans les prochains jours.

Christian Dubé, ministre de la Santé et des Services sociaux

Le DHoracio Arruda, directeur national de santé publique, a dit que le Québec voguait actuellement sur une « mer calme », mais qu’« en dessous, il y a des requins ».

« Les requins sont des souches beaucoup plus transmissibles, et il y en a beaucoup plus dans la région de Montréal que dans le reste du Québec, a-t-il expliqué. Ce sont ces variants qui nous rendent, je vous dirais, prudents, parce que si on les laisse exploser, ils vont prendre le dessus. »

En réponse aux voix qui s’élèvent en région pour déplorer un favoritisme dont jouirait Montréal, le directeur de la campagne de vaccination, Daniel Paré, a tenu à souligner que cet effort additionnel ne représentait, en fait, que 100 000 doses sur les 12 millions qui seront administrées au total.

« On a vraiment voulu donner un coup de barre pendant une petite période de temps avec un petit nombre de vaccins, a-t-il précisé. Si on veut faire une vraie différence avec 100 000 vaccins, il faut concentrer [nos efforts]. »

La distribution des vaccins à travers le Québec se poursuivra en proportion de la population à compter de la semaine prochaine.

Le rôle des pharmaciens

Au-delà de l’accélération de la vaccination à Montréal, le rôle des pharmaciens sera doublement important.

D’une part, ils prendront en charge une proportion importante de la vaccination, 2 millions de doses sur un total de 12 millions.

« La volonté est que toutes les pharmacies qui désirent faire de la vaccination dans leur milieu, que ce soit fait », a dit M. Paré.

Dès le 15 mars, 350 pharmacies vont offrir la vaccination dans l’île de Montréal. Plus de 1050 autres vont s’ajouter au cours des prochaines semaines, en région.

Les gens pourront prendre rendez-vous dans une pharmacie près de chez eux sur le portail Clic Santé, en fournissant leur code postal.

D’autre part, les pharmacies sont plus facilement accessibles que les centres de vaccination pour bien des gens, par exemple des personnes âgées moins mobiles, ou encore des gens qui n’ont pas accès à des moyens de locomotion ou aux transports en commun, particulièrement en région.

« Les pharmacies communautaires sont des milieux de proximité pour nos villages, pour nos communautés ou dans nos quartiers. C’est pour ça que, pour nous, c’est important que le déploiement débute le plus rapidement possible », a souligné M. Paré.

Des pépins dans les grands centres

Par ailleurs, le ministre de la Santé a dû répondre à de nombreuses questions de journalistes sur les ratés de la première journée de la campagne de vaccination massive qui s’est mise en branle lundi.

Au Stade olympique, notamment, des gens âgés ont dû attendre plusieurs heures debout.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Au Stade olympique, notamment, des gens âgés ont dû attendre plusieurs heures debout.

Du personnel, des fauteuils roulants et des aires de repos seront ajoutés au cours des prochains jours dans les grands centres, a assuré M. Dubé, tout en expliquant qu’une partie des temps d’attente s’expliquait par le réflexe de nombreux citoyens de se présenter beaucoup plus tôt que l’heure de leur rendez-vous.

Le gouvernement a également amorcé les efforts pour que les personnes âgées qui ont des contraintes de mobilité puissent être vaccinées, notamment en dressant, avec les CISSS et les CIUSSS, la liste des personnes âgées qui ont besoin de transport pour se rendre dans un centre de vaccination ou qui sont incapables de se déplacer.

« Au besoin, on va se rendre chez eux », a-t-il dit, en précisant que cela serait possible, une fois la vaccination dans les résidences privées pour aînés (RPA) terminée, grâce aux unités mobiles.

Le Québec recevra, ce mercredi, 120 000 doses du vaccin d’AstraZeneca, dont la date de péremption est le 2 avril. Il attend un avis du Comité d’immunisation du Québec (CIQ) pour définir les populations auxquelles pourrait s’adresser ce vaccin qui a été déconseillé pour les personnes âgées de 65 ans et plus par le Comité consultatif national de l’immunisation (CCNI).

« Je pense qu’actuellement, dans le contexte de pénurie de vaccins, l’arrivée de ce vaccin-là, qui est plus facile à déplacer, va nous permettre d’augmenter la quantité de personnes protégées au Québec avant d’avoir une troisième vague ou de voir la montée des variants », a fait savoir le DArruda.

Depuis jeudi dernier, plus de 350 000 personnes ont pris rendez-vous pour se faire vacciner.

Les gens sont invités à prendre rendez-vous en ligne à l’adresse quebec.ca/vaccincovid. Cette méthode est beaucoup plus rapide et efficace que la ligne téléphonique (1 877 644-4545).

588 nouveaux cas

Le Québec a rapporté mardi 588 nouveaux cas, un bilan de nouveau en baisse, alors que le nombre d’hospitalisations a augmenté de 16. La province a déploré huit décès supplémentaires causés par le coronavirus.

En matière de vaccination, la province a rapporté avoir administré 16 458 doses de vaccin au cours des dernières 24 heures. Cela porte le bilan à 455 328 doses administrées depuis le début de la campagne.

Le nombre de personnes hospitalisées au Québec en raison de la COVID-19 est actuellement de 628, un bilan en hausse de 16 ; 121 personnes sont soignées aux soins intensifs, une diminution de 1.

À l’échelle de la province, 137 cas de variants sont maintenant confirmés.

Ce mercredi, le premier ministre François Legault doit tenir un point de presse, à une heure de grande écoute, pour préciser les mesures qui seront en vigueur au retour de la relâche scolaire.

Plusieurs régions réclament un assouplissement des règles compte tenu de la diminution du nombre de nouveaux cas.

Avec la collaboration de Hugo Pilon-Larose, La Presse