(Montréal) Si les dentistes peuvent sembler à risque de contracter la COVID-19 alors qu’ils passent leurs journées penchés sur la bouche de leurs patients, la santé publique n’a rapporté aucun cas d’infection dans les cliniques dentaires de l’Île de Montréal, qui a été l’épicentre de la pandémie.

Cela signifie que la santé publique de Montréal n’a pas recensé de dentiste infecté, ni eu à faire d’enquête épidémiologique sur des patients qui auraient pu être contaminés par leur dentiste, a-t-elle confirmé la semaine dernière.

Le président de l’Ordre des dentistes du Québec, le Dr Guy Lafrance, n’est pas surpris de ce constat : les dentistes sont fort habitués à travailler dans des milieux contaminés par les bactéries et les virus. Ils savent comment désinfecter et prendre des précautions.

Et aussi, en début de pandémie, les dentistes québécois ont ajusté les protocoles sanitaires, déterminés avec les conseils du ministère de la Santé et de l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ).

« Je suis bien fier, mais pas surpris », dit-il. Aucun cas d’éclosion dans une clinique n’a d’ailleurs été rapporté à l’Ordre, confirme-t-il.

Toutes les personnes ayant un résultat positif pour la COVID-19 doivent être déclarées par les laboratoires à la direction régionale de santé publique du lieu de résidence du cas.

Et s’il y a une deuxième vague, « nous sommes prêts », assure-il. Les protocoles sanitaires sont en place, et l’on en sait plus sur cette maladie qu’en juin, ajoute-t-il.

Pour éviter la contamination, un dépistage par le biais d’un questionnaire est réalisé à trois reprises : le patient se fait questionner lorsqu’il prend rendez-vous, la veille, et enfin le jour même lorsqu’il se présente à la clinique dentaire.

En clinique, les mêmes règles qu’ailleurs sont appliquées : la distanciation (les rendez-vous sont intercalés pour que les gens ne se côtoient pas dans la salle d’attente), le lavage des mains et le port du masque. Les dentistes ont ajouté une visière à leur habillement.

Mais en salle de traitement, des mesures spécifiques aux soins dentaires sont en œuvre : le patient doit se laver les mains à nouveau et se rincer la bouche dès le départ, avant le traitement. Puis des appareils spécifiques sont utilisés, comme la digue, une sorte d’écran de caoutchouc qui isole la dent sur laquelle le travail est fait et des appareils de succion, deux façons d’éviter la projection de gouttelettes.

Les salles sont désinfectées après le passage d’un patient et les instruments sont stérilisés comme à l’habitude.

« C’est un peu plus long dans les cliniques, mais c’est sécuritaire », a déclaré M. Lafrance, qui travaille lui-même en clinique.

Il n’a pas perçu de crainte chez les patients.

« Quand les gens ont su qu’on avait fait beaucoup pour augmenter le niveau de sécurité, ils se sont sentis en confiance, même les gens d’un certain âge. »

Les cliniques dentaires ont dû fermer sur ordre des autorités sanitaires lors des premiers mois de la pandémie — en restant ouvertes pour les urgences — mais ont accueilli de nouveau tous les types de patients dès le mois de juin.

La clientèle n’est pas encore revenue aux niveaux habituels : les dentistes voient un peu moins de patients parce que les protocoles sanitaires prennent plus de temps, a expliqué le président de l’Ordre.