(Montréal) Alors que le port du couvre-visage deviendra bientôt obligatoire dans les transports en commun, des éducatrices en services de garde demandent de n’être plus obligées de le porter constamment au travail.

À l’heure actuelle, les éducatrices dans les Centres de la petite enfance et les responsables de service de garde en milieu familial sont tenues de porter l’équipement de protection contre le coronavirus pratiquement en tout temps — une visière ou des lunettes et un masque.

En entrevue jeudi, Valérie Grenon, présidente de la Fédération des intervenants en petite enfance (FIPEQ), affiliée à la CSQ, a dit estimer que ces moyens de protection devraient être recommandés, mais pas obligatoires.

« Il y a une grande partie de la journée où on pourrait enlever le matériel. On demande que ce soit seulement recommandé, pas obligatoire. On a des membres qui veulent le mettre en tout temps, il faut respecter ça. Mais d’autres ne veulent pas durant huit heures complètes », résume Mme Grenon.

Elle allègue que cela nuit à la communication avec les enfants, cause parfois des nausées et des étourdissements à certaines éducatrices, en plus de nuire à leur vision, puisque la visière va parfois s’embuer.

« Les pédiatres le disent : l’enfant apprend les émotions par les visages et il apprend comment placer sa bouche pour faire des sons », explique Mme Grenon.

Elle concède que les éducatrices soient tenues de porter l’équipement dans certaines circonstances — un changement de couche, par exemple. Mais les éducatrices ne veulent pas être tenues de porter l’équipement en tout temps.

Une éducatrice qui ne porterait pas son équipement de protection s’exposerait à une amende, rapporte la FIPEQ.

Mme Grenon rappelle que les autorités déconfinent les bars, les parcs aquatiques, les restaurants. Il lui apparaît donc paradoxal que les services de garde, qui reçoivent toujours les mêmes enfants, soient tenus de faire constamment porter l’équipement de protection à leurs éducatrices.

La dirigeante syndicale rappelle également que le ministère de l’Éducation a implanté le concept de bulles dans les écoles et que cela concerne aussi les services de garde. Ainsi, les enfants sont rassemblés en petits sous-groupes, donc ils sont encore moins mobiles au sein du service de garde.

« Ce sont les mêmes enfants avec la même éducatrice » ; on ne peut donc pas comparer avec les passagers d’un métro ou d’un autobus, argue-t-elle.

La FIPEQ demande donc des assouplissements aux règles, tant au ministère de la Famille qu’à la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail.

Elle tient néanmoins à ce que le ministère continue de rendre disponible le matériel de protection, puisque celui-ci doit être accessible, au besoin.