(Toronto) Vous pouvez siffler pendant que vous travaillez pour aider l’Ontario à se remettre de la pandémie de COVID-19, mais de grâce, ne chantez pas.

C’est l’essentiel du message du gouvernement provincial, qui a inclus une interdiction explicite de chanter — et même de danser — dans certaines parties de son plan de réouverture des entreprises temporairement fermées en raison de l’épidémie.

L’étape 2 du plan de relance économique de l’Ontario contient de nombreux documents d’orientation pour les secteurs autorisés à reprendre ou à étendre leurs activités.

Les directives préparées pour les restaurants et les bars indiquent que le chant et la danse sont interdits dans les espaces extérieurs où les clients sont actuellement autorisés à se réunir en nombre limité.

Des documents indiquent que le chant est également interdit dans les garderies et découragé dans les lieux de culte qui ont reçu le feu vert pour rouvrir leurs portes à travers l’Ontario la semaine dernière.

Le ministère provincial de la Santé affirme que les directives anti-chant sont appuyées par la science, et les médecins ayant une expertise en la matière sont d’accord.

« C’est dégoûtant de penser à cela, mais chaque fois que nous parlons, nous crachons sur le monde qui nous entoure », a expliqué le Dr Isaac Bogoch, médecin et scientifique spécialisé en maladies infectieuses à l’Hôpital général de Toronto.

« Et si nous chantons, crions ou respirons fortement, nous expulsons probablement plus de salive et de sécrétions nasales […] et si quelqu’un est infecté, alors ces sécrétions répandront plus de virus. »

Le Dr Bogoch a déclaré que les règles peuvent sembler extrêmes, mais qu’elles découlent probablement d’une tragédie qui s’est déroulée aux États-Unis au début du confinement dans ce pays.

Selon un rapport publié par les Centers for Disease Control and Prevention, le nouveau coronavirus a touché une chorale de l’État de Washington qui s’était réunie pour des répétitions début mars. Le rapport a révélé que deux membres de la Skagit Valley Chorale sont décédés de la COVID-19, et que jusqu’à 87 % des membres de la chorale ont été des cas confirmés ou probables.

« La transmission a probablement été facilitée par la proximité […] pendant la répétition et aidée par l’acte de chanter », indique le rapport.

La porte-parole du ministère ontarien de la Santé, Hayley Chazan, a déclaré que des idées similaires avaient été exprimées dans les directives de la province.

« Les preuves indiquent que le chant peut présenter un risque plus élevé que la parole normale, en particulier le chant à voix haute », a-t-elle soutenu.

Les lignes directrices de l’Ontario varient légèrement selon le secteur, les conseils aux restaurants stipulant qu’« aucune danse ou chant ne peut être autorisé dans les secteurs extérieurs », qui sont les seules autorisés à être utilisés pendant l’étape 2.

Les directives concernant les lieux de culte, actuellement autorisés à fonctionner à 30 % de leur capacité dans toute la province, sont encore plus précises.

Le gouvernement a stipulé que les fidèles devraient s’abstenir de chanter et laisser la tâche à un chanteur solo placé à au moins quatre mètres des gens réunis dans l’église. Les instruments à vent sont également déconseillés, selon les mêmes directives.

Neil MacCarthy, porte-parole de l’archidiocèse de Toronto, a déclaré que les églises catholiques ont déjà commencé à observer les nouvelles règles. Il a indiqué que les paroissiens sont également encouragés à porter des masques, une mesure qui, selon lui, rend les gens encore plus hésitants à se mettre à chanter.

James Rilett, vice-président de Restaurants Canada pour la région centrale, n’a pas non plus remis en question les instructions du gouvernement.

« La musique “live” et la danse pourraient être revisitées une fois que l’Ontario ira plus loin et assouplira les mesures d’urgence en matière de santé et de sécurité, mais pour l’instant, cette restriction n’entravera pas les plans de réouverture », a noté M. Rilett.

Les recommandations pour le secteur de la garde d’enfants découragent les activités de chant exécutées à l’intérieur. Les directives du ministère de la Santé pour les camps de jour déconseillent également le chant à l’intérieur et encouragent les protocoles de distanciation physique standard pour le chant à l’extérieur.