Une unité mobile de dépistage de la COVID-19 sera mise en place dimanche dans le quartier de Saint-Michel puis à Rivière-des-Prairies, deux secteurs où la situation est jugée critique comme dans Montréal-Nord.

À la demande de la Direction régionale de la santé publique (DRSP) de Montréal, la clinique permettra de dépister la COVID-19 chez les personnes qui présentent des symptômes (fièvre, toux, difficultés respiratoires, par exemple) dans la communauté. Une centaine de tests pourraient être faits par jour, entre midi et 20 h .

La clinique sera accessible dans Saint-Michel de dimanche à mercredi : deux jours sur un site et deux jours, à un autre endroit. Puis, l’équipe se déplacera dans Rivière-des-Prairies et installera la clinique jeudi et vendredi prochains à un endroit, puis dans un autre secteur du quartier samedi et dimanche. Par la suite, les autorités sanitaires évalueront si l’expérience doit être poursuivie. Les lieux du centre de dépistage seront communiqués sous peu.

Vendredi, une mesure semblable a été mise en place dans l’arrondissement de Montréal-Nord qui bat le triste record du plus grand nombre de cas d’infection par tranche de 100 000 habitants (1562,3) dans l’île. En date du 30 avril, on dénombrait 1316 cas et 70 victimes de la COVID-19.

Du côté de Saint-Michel et Rivière-des-Prairies, les données publiées par la DRSP de Montréal ne permettent pas de distinguer l’état de la situation dans le quartier de Saint-Michel par rapport à ce qui est constaté dans Villeray et Parc-Extension. Ces trois territoires forment un seul et même arrondissement (998 cas et 63 décès).

La même situation prévaut dans l’arrondissement de Rivière-des-Prairies–Pointe-aux-Trembles-Pointe-aux-Tremblay où l’on compte 1029 cas et 36 décès. La DRSP estime que le problème se situe spécifiquement dans le quartier Rivière-des-Prairies.

Plan d’action en trois volets

Le dépistage est l’un des trois volets du plan d’action orchestré par la CIUSSS de l’Est-de-l’Île-de-Montréal. Une opération qui s’apparente à un sondage sera déployée en fin de semaine.

Avec un formulaire qui est construit par des spécialistes à la DRSP, on va faire du porte-à-porte et des appels téléphoniques auprès des gens de Saint-Michel et Rivière-des-Prairies pour essayer de comprendre pourquoi on a des taux d’infection plus élevés.

Julie Provencher, CIUSSS de l’Est-de-l’Île-de-Montréal

« On va aller poser des questions sur les habitudes de vie, les lieux de déplacements, la compréhension des règles qui ont été mises en place », précise Mme Provencher qui est directrice du programme jeunesse et santé publique au CIUSSS de l’Est-de-l’Île-de-Montréal.

L’hypothèse que beaucoup de travailleurs de première ligne du réseau de la santé habitent dans ces quartiers est considérée. Mme Provencher souligne également qu’il y a peut-être une barrière de langue. Elle constate également qu’on y retrouve « des poches de vulnérabilité plus importantes ». « Même si les gens ont des bonnes intentions de respecter les mesures, ils ont peut-être de la difficulté à le faire, compte tenu entre autres, de l’étroitesse de leur logement », indique Mme Provencher.

Cette dernière précise que des organismes communautaires et d’autres bénévoles participeront à la réussite de ce volet du plan d’action. Les autorités municipales apporteront également leur soutien. « Tout le monde est au rendez-vous. Il y a une grande mobilisation et une grande motivation », assure Julie Provencher.

Elle souligne que si le porte-à-porte permet de constater que des personnes présentent des symptômes de COVID-19, ces dernières seront invitées à se rendre au centre de dépistage.

Marteler les consignes

Le dernier volet du plan d’action concerne l’information donnée à la population. Le CIUSSS souhaite « réanimer les consignes ». L’objectif est d’accentuer « l’acceptabilité sociale » des mesures. Le CIUSSS s’appuie sur les personnalités connues dans les quartiers ciblés pour marteler le message de la distanciation sociale et le port du masque ou du couvre-visage auprès de la population.

Pour Mme Provencher, « plus on va être nombreux à porter le couvre-visage, plus on contamine positivement les gens pour adopter ce comportement-là ». Mme Provencher rappelle également que si la COVID-19 est fatale majoritairement pour les personnes âgées de plus de 70 ans, ce sont les personnes de 20, 30 et 40 ans qui sont les plus touchées et deviennent ainsi des vecteurs de propagation de la maladie.