Qu’est-ce que tu fais, la paix ?

Tu arrives quand, la paix ?

Ça fait des années qu’on t’attend

Ça fait des années qu’ils t’attendent

Les enfants d’Israël et de Palestine

Les enfants de l’Ukraine, du Soudan et de l’Afghanistan

Les enfants d’Haïti, de l’Éthiopie, du Bangladesh, du Ghana, du Cameroun, du Tchad, des Philippines, du Congo, du Burkina Faso, du Yémen, de l’Arménie, de l’Azerbaïdjan, de l’Iran, du Sahel, du Pakistan, du Mali, du Niger, de la Birmanie…

Et j’en oublie

Et on les oublie

Les enfants maltraités des grandes villes

Les enfants délaissés des bidonvilles

Pourquoi tu ne vas pas les voir ?

Leur donner un peu de répit

Leur donner un peu d’espoir

Ils ne te connaissent pas

Ils ne savent même pas que tu existes

Leur roman, c’est Guerre et guerre

C’est tout ce qu’ils savent faire

C’est tout ce qu’ils vont faire

De leur vie et de leur sort

Les chefs négocient des traités

Que leurs intérêts ne vont pas respecter

Et les soldats continuent de se tuer

Et les maisons continuent de sauter

Avons-nous déjà été en paix ?

Sur cette planète, sur cette Terre ?

Ce ne sont que des victimes que l’on enterre

Jamais la hache, jamais la guerre

Ce n’est pas la paix qui met fin aux conflits

C’est la force, c’est la défaite

C’est l’arme fatale

C’est l’humiliation totale

C’est la loi du plus fort

C’est la loi du moins mort

Et le plus faible vaincu prépare son heure

Pour devenir le plus fort et répandre l’horreur

Qu’est-ce que tu fais, la paix ?

Tu te caches où, la paix ?

Tu es au bord d’un lac, au petit matin

Au sommet d’une montagne, plus haut, plus loin

Au beau milieu de la mer, entourée d’infini

Ou sous un ciel étoilé, en plein cœur de la nuit

Tu es là où les hommes ne sont pas

Tu es là où l’on n’a rien gâché

Et sitôt qu’on vient t’y retrouver

Tu t’empresses de nous quitter

Et le lac devient agité

La montagne rasée

La mer salie

Et le ciel détoilé

Un poète a écrit qu’on te trouve dans notre cœur

Et pas ailleurs, et pas ailleurs

Encore faudrait-il t’y apercevoir ?

Encore faudrait-il t’y recevoir ?

Avoir réussi à tasser nos peurs

Nos envies, nos pouvoirs, nos regrets, nos rancœurs

Pour que tu puisses nous habiter

Et apaiser nos quartiers

Qu’est-ce que tu fais, la paix ?

C’est à nous de te faire, la paix

C’est à nous de nous faire la paix