Le Canadien ne peut accueillir plus de 3500 spectateurs au Centre Bell pour la finale. Ainsi en a décidé la Santé publique du Québec. Je ne m’en offusque pas. La variable notre-club-est-en-finale ne devrait pas avoir de poids dans l’analyse épidémiologique.

Le Canadien souhaitait accueillir jusqu’à 10 500 spectateurs vendredi et lundi pour les matchs 3 et 4 de la finale l’opposant au maudit Lightning.

Il y a eu des négos entre la Santé publique et le Canadien…

Et ces négos ont achoppé.

Verdict de la SP : 3500 fans, pas un de plus. Statu quo.

C’est une décision qui peut faire l’objet de débats. Le professeur Benoît Mâsse, de l’École de santé publique de l’Université de Montréal, a par exemple plaidé la cause du Canadien : même plein, à 21 000 personnes, dit-il, le Centre Bell ne poserait qu’un risque « négligeable » d’éclosion, au vu de la situation épidémiologique actuelle.

Lisez un article de Radio-Canada

Horacio Arruda, directeur national de santé publique, a un point de vue radicalement différent : « La vaccination à deux doses n’est pas assez élevée dans la population québécoise, a-t-il déclaré à LCN. La solution pour le moment va passer par les deux doses pour l’ensemble de la population. »

Écoutez le Dr Arruda en entrevue à LCN

On ne peut pas reprocher à la Santé publique de pécher par excès de prudence. Il est vrai que même si la campagne de vaccination va très bien au Québec, le nombre de résidants pleinement vaccinés à deux doses est trop bas pour partir en peur.

Cependant, on peut reprocher à la Santé publique une frilosité de plus en plus indéfendable sur le passeport vaccinal.

Le Canadien de Montréal a proposé à la Santé publique de ne laisser entrer dans le Centre Bell que les fans pleinement vaccinés.

Selon le scénario du CH, les partisans auraient dû présenter le code QR qui atteste qu’on a été vacciné. N’auraient été admises que les personnes ayant reçu leur deuxième dose depuis un minimum de sept jours, m’a expliqué Paul Wilson, le vice-président aux communications du club.

Ainsi, 10 500 personnes pleinement vaccinées auraient été admises dans l’amphithéâtre, sur présentation du code QR, qui constitue une preuve de vaccination.

Et elles auraient dû porter le masque… La ceinture et les bretelles, quoi.

Réponse de la Santé publique : niet !

Dans son entrevue à LCN avec l’animateur Richard Latendresse, Horacio Arruda a tenté d’expliquer pourquoi la solution de la vérification du statut vaccinal par code QR n’était pas applicable.

Je cite le DSP : « Ça crée toutes sortes de précédents pendant que les conditions du passeport vaccinal ne sont pas encore au rendez-vous. Il y a des gens qui n’ont pas encore eu leurs deux doses, donc ils seraient discriminés… »

Comme bien souvent quand le DSP parle, on a de la misère à comprendre. Ainsi donc, des gens vivraient de la « discrimination » si on s’avisait de leur demander le code QR fourni par l’État à ceux qui ont reçu des doses de vaccin ?

Euh, pourquoi ce code créé par l’État nous est-il envoyé, alors ?

C’est fou et c’est faux, l’argument de la discrimination. L’État impose constamment de la « discrimination » : droit de vote à 18 ans, permis de conduire à 16 ans, âge légal pour acheter du pot à 21 ans (et 18 pour l’alcool), interdiction d’aller à l’école anglaise pour les enfants d’immigrants, imposition d’un couvre-feu au nom de l’urgence sanitaire, etc.

La question est de savoir si la discrimination est justifiée. Et la Commission des droits de la personne ne s’oppose pas au passeport vaccinal, à condition de poser certaines balises, dont son caractère temporaire.

Lisez un article du Devoir

Il faut rappeler que les tribunaux ont été trèèèèès compréhensifs avec les gouvernements qui ont imposé des mesures d’exception au nom de la lutte contre la pandémie. Pas juste au Québec. Partout au Canada.

Je lis les propos du DArruda, ici, et je cherche la logique : il vaudrait donc mieux avoir un pourcentage inconnu de partisans non vaccinés parmi les 3500 présentement admis dans le Centre Bell plutôt que 10 500 fans tous pleinement vaccinés ?

Depuis des semaines, on sent les réticences d’Horacio Arruda face à l’idée de passeport vaccinal. Il s’agit pourtant d’un outil – imparfait, bien sûr – qui est utilisé ailleurs pour donner accès à des pans de l’activité sociétale à ceux qui ont pris la peine de se faire vacciner, pour leur bien et pour celui de la société.

C’est d’autant plus incompréhensible que malgré le succès de la campagne de vaccination au Québec, certaines strates démographiques se font toujours tirer l’oreille pour aller se faire immuniser, mettant à risque l’immunité collective de la société. Après des mois et des mois de renforcement positif, l’aiguille (pardonnez le jeu de mots) bouge trop lentement dans certains groupes…

Les 18-29 ans sont encore loin du seuil de 70 % de vaccinés, Montréal tire de l’arrière par rapport au reste de la province et certains quartiers de Montréal ont des taux de vaccination franchement inquiétants…

Et je ne parle même pas des militants antivax qui n’iront pas se faire vacciner, par idéologie. Ceux-là se retrouvent dans toutes les strates sociodémographiques et géographiques. Ils profitent de l’immunité qui s’installe sans y contribuer.

Imposer une preuve vaccinale pour accéder à certains endroits – gyms, bars, cinémas, restaurants, salles de spectacles, festivals, etc. – n’est pas de la discrimination, ce n’est pas un manque d’équité non plus. Ce serait un encouragement à se faire vacciner.

Ce n’est donc pas le partisan du Canadien en moi qui est déçu de voir que la Santé publique a torpillé l’idée du club de n’admettre que des gens pleinement vaccinés dans son aréna…

C’est le citoyen.

Et le citoyen se pose deux questions…

Un : pourquoi l’État laisse-t-il impunément les non-vaccinés faire du pouce sur les efforts des vaccinés ?

Deux : à quoi il sert, le foutu code QR ?