(Québec) Un manque d’effectifs chez les régulateurs de vol a cloué au sol les avions et hélicoptères du gouvernement du Québec pendant plus de cinq heures au début du mois de mai, une situation dénoncée par le syndicat de la fonction publique.

« Ce bris de service nous amène à avoir une découverture pour les évacuations médicales d’urgence », déplore Christian Daigle, président du syndicat de la fonction publique et parapublique du Québec (SFPQ), en entrevue.

Le SFPQ soutient que le 7 mai dernier, en raison d’un manque de personnel chez les régulateurs de vol, le gouvernement du Québec a été aux prises avec une rupture de service de plus de cinq heures. Les appareils de l’État sont restés cloués au sol durant cette période « alors que plusieurs patients étaient en attente d’être transférés ».

Seul un patient de Baie-Comeau a pu être évacué, grâce à un avion du secteur privé, dit le SFPQ. Cette rupture de service a aussi affecté les avions-citernes du gouvernement, ainsi que les hélicoptères de la Sûreté du Québec basés à Saint-Hubert. « Aucun des appareils du SAG ne peut voler sans régulateurs de vol en appui au sol », note le SFPQ.

On se doit d’avoir les effectifs. Avec le nombre de répartiteurs qu’on a, c’est très difficile de couvrir une plage de 24 heures sur 24, 7 jours sur 7.

Christian Daigle, président du SFPQ

Les régulateurs de vol ont la responsabilité de préparer les plans de vol et s’occupent de toutes les questions logistiques. « Avant chaque départ, vous aurez à analyser les informations météorologiques, à sélectionner la route la plus appropriée (en tenant compte de la météo, de la distance à parcourir, du temps requis et du trafic aérien), ainsi qu’à préparer le plan de vol. Pendant chaque trajet aérien, vous effectuerez le suivi du plan de vol, aviserez la commandante ou le commandant de bord de tout changement météo et lui indiquerez les modifications au plan de vol, si nécessaire », explique le Service aérien gouvernemental (SAG) sur son site internet.

Pénurie de personnel et fin de vie utile

Pour le SFPQ, il est clair que cette rupture de service est occasionnée par une pénurie de personnel. Le groupe de régulateurs de vol du gouvernement est constitué de 12 employés, mais seulement 10 sont en poste. « En date d’aujourd’hui, [il n’y a] toujours aucun candidat en banque, selon les ressources humaines », affirme le syndicat.

M. Daigle, qui négocie présentement avec le Conseil du trésor le renouvellement de la convention collective du SFPQ, pointe du doigt l’attractivité des salaires du gouvernement : son organisation estime que les salaires des répartiteurs du gouvernement sont inférieurs de 40 % à ceux du marché, et que le Service aérien gouvernemental est « un club-école pour les autres employeurs qui recrutent ».

Cette situation s’ajoute à deux autres problèmes pour le SAG. Trois appareils-citernes pour éteindre les incendies de forêt sont en « découverture » en raison d’une pénurie de pilotes.

Et les appareils d’évacuation médicale du gouvernement sont en fin de vie utile. La Presse rapportait d’ailleurs que la flotte d’avions gouvernementaux servant au transport aérien de patients a connu une série de ratés début janvier lors de laquelle un patient est mort sur le tarmac, à Val-d’Or.

Une série de documents obtenus grâce à la Loi sur l’accès à l’information démontre également qu’en plus des Challenger, les deux seuls autres avions servant au transport de patients, des Dash-8, sont condamnés à « l’obsolescence » si d’importantes sommes n’y sont pas investies.

La situation des pilotes, ça ne s’est pas amélioré. Ils n’ont pas réussi à pourvoir les postes. Et les avions-ambulances sont désuets. On doit faire la tournée des musées pour trouver des pièces d’équipement. C’est un triangle parfait pour une catastrophe en devenir.

Christian Daigle, président du SFPQ

Le ministère des Transports du Québec, responsable du Service aérien gouvernemental, n’a pas répondu aux questions de La Presse.

De son côté, le ministère des Transports du Québec, responsable du Service aérien gouvernemental, affirme que « des mécanismes de planification rigoureux sont prévus pour assurer la continuité du service » lorsqu’il n’est pas en mesure « d’effectuer les déploiements » médicaux. « Lorsqu’il n’est pas en mesure de le faire, le transport est confié à un prestataire privé, car le Ministère détient un contrat de relève à cet effet », explique la porte-parole, Émilie Lord.

« Le Ministère travaille à mettre en place des mesures pour favoriser l’attraction et la fidélisation du personnel spécialisé et à renouveler sa flotte aérienne en vue de satisfaire à sa mission et assurer la pérennité de ses services essentiels », affirme-t-elle dans une réponse écrite.