Hicham Jerando fait aussi face à des accusations criminelles pour ses menaces en ligne visant un juriste marocain.

Un homme d’affaires montréalais qui aurait suggéré sur sa chaîne YouTube qu’un ex-procureur général du Roi du Maroc soit « exécuté, puis ressuscité, puis encore une fois condamné et exécuté à mort » devra répondre d’une poursuite de 2 millions intentée en Cour supérieure du Québec par le juriste marocain.

L’entrepreneur poursuivi, Hicham Jerando, fait aussi face à des accusations criminelles de menaces de causer la mort, pour les mêmes propos visant Najim Bensami, aujourd’hui conseiller du ministère de la Justice du Maroc.

M. Jerando a plaidé non coupable à ces accusations criminelles lors de sa comparution le 8 mars dernier à la cour municipale de Montréal.

L’homme d’affaires canado-marocain se décrit comme un militant anticorruption sur TikTok, Facebook et YouTube, où il a plus de 400 000 abonnés.

Il a déjà été reconnu coupable d’outrage au tribunal, en janvier dernier, pour avoir refusé de se conformer à une ordonnance de la Cour supérieure du Québec lui enjoignant de supprimer des vidéos en arabe dans lesquelles il qualifiait, sans preuve, un autre officier de justice marocain d’« avocat véreux » lié à un « réseau criminel de corruption relié au système judiciaire et au blanchiment d’argent ».

Dans cette nouvelle affaire, l’officier de justice qui le poursuit, Najim Bensami, est une figure connue au Maroc pour avoir notamment instruit les procès liés aux attentats terroristes survenus à Casablanca, en mai 2003. Ces attaques-suicides, menées par un groupe terroriste lié à Al-Qaïda contre le consulat de Belgique et plusieurs commerces tenus par des Juifs, ont fait 33 victimes.

Sur sa chaîne YouTube, M. Jerando aurait notamment accusé M. Bensami d’avoir « falsifié les aveux » d’accusés qui ont été condamnés à 20 ou 30 ans de prison au terme de ces procès.

M. Bensami qualifie ces propos de « hautement diffamatoires, faux et irresponsables » et réclame 1,5 million pour « atteinte à son honneur, à sa dignité et à sa réputation » et 500 000 $ en dommages punitifs.

Il affirme avoir reçu à son domicile marocain un message de menaces lui disant qu’il « mérite d’être enterré vivant » et de se faire « couper la tête ainsi qu’à toute [sa] famille » peu de temps après la diffusion des vidéos de M. Jerando.

Aux fins de la poursuite, M. Bensami s’est déclaré domicilié au bureau du cabinet d’avocats montréalais Fasken « pour des raisons de sécurité ».

Administrateur de la Société de développement Chabanel

Hicham Jerando, propriétaire d’un commerce de vêtements de la rue Chabanel, était jusqu’à tout récemment administrateur de la Société de développement commercial District Central. Il y siégeait au côté de la mairesse de l’arrondissement d’Ahuntsic-Cartierville, Émilie Thuillier.

L’organisme dit avoir pris au sérieux les différentes accusations portées contre l’homme d’affaires en « soumettant le dossier au comité gouvernance pour étude et recommandation ». « Une discussion a eu lieu avec M. Jerando où il a mentionné ne pas vouloir nuire à l’organisation et donc ne sollicitera pas de nouveau mandat », a indiqué la porte-parole Elena Di Stefano. Son rôle d’administrateur a pris fin le 27 mars.

M. Jerando a refusé notre demande de commenter les allégations et accusations qui pèsent contre lui.

Il affirme sur sa page LinkedIn qu’il est vice-président et directeur du développement commercial de GOPS.7 aéronautique, une société qui fait de la « vente et [location] des avions d’affaires » ainsi que de l’« accompagnement dans le monde de l’aéronautique ».

Sur sa page Facebook, l’entreprise ne présente que des publications faisant la promotion d’un robot culinaire. « Il appert que, bien que le Défendeur se présente comme travaillant dans le domaine de l’aviation […], les activités de l’entreprise semblent plutôt se limiter aux robots culinaires », affirme la poursuite intentée par M. Bensami.