Des aurores boréales ont émerveillé les Québécois au cours des deux dernières nuits, même dans des régions où il est rare d’en apercevoir. Ce spectacle céleste est causé par la puissante tempête solaire qui s’abat actuellement sur notre atmosphère et qui devrait perdurer jusqu'à dimanche.

C’est une tempête géomagnétique de niveau 5 qui frappe la Terre, soit le niveau maximal sur l’échelle utilisée, selon la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA) des États-Unis.

Un tel évènement peut faire des dommages. En 1989, une tempête géomagnétique avait entraîné une panne de neuf heures sur les réseaux de transport d’Hydro-Québec. Toutefois, aucune panne de ce genre n’a été signalée par Hydro-Québec, depuis vendredi.

Les tempêtes géomagnétiques peuvent faire fluctuer la tension sur les lignes d’Hydro-Québec. Dans ce cas, des mécanismes de protection se déclenchent, ce qui provoque des coupures de courant.

Depuis la panne de 1989, la société d’État assure avoir renforcé son réseau et affirme qu’aucun incident majeur n’a eu lieu durant les tempêtes géomagnétiques suivantes.

Rien d’anormal

Du reste, les tempêtes solaires n’ont rien d’anormal, assure l’astrophysicien Robert Lamontagne.

Car le Soleil est une étoile active dont le degré d’activité varie dans le temps. « Actuellement, on est dans une phase de grande activité, qui devrait culminer vers la fin de cette année ou le début de l’année prochaine », explique le chargé de cours à l’Université de Montréal.

Plus le Soleil est actif, plus il éjecte ce qu’on appelle du vent solaire. À l’occasion, il se produit même des éruptions à la surface du Soleil, soit des bouffées de gaz qui sont éjectées à très grande vitesse.

C’est ce qui explique les aurores boréales que l’on voit depuis [vendredi].

Robert Lamontagne, astrophysicien

En d’autres mots, depuis vendredi soir, « on se fait bombarder par un flot de matière en provenance du Soleil », poursuit l’astrophysicien.

Un débordement

Pour qu’une aurore boréale se produise, il faut que le vent solaire soit si puissant qu’il entre en contact avec notre atmosphère.

La matière éjectée par le Soleil, principalement composée de particules électriquement chargées, interagit donc avec les molécules d’air dans la haute atmosphère de notre planète. Alors, « les molécules vont s’exciter et elles vont émettre de la lumière, ce qui explique l’espèce de rideau lumineux que l’on voit », souligne Robert Lamontagne.

Lorsqu’elles frappent notre atmosphère, ces particules sont naturellement redirigées vers les pôles Nord et Sud de la planète. Par conséquent, on aperçoit généralement les aurores boréales dans le Grand Nord du Canada.

Or, la tempête actuelle est si forte qu’elle sature le champ magnétique de la planète. Alors « les aurores boréales débordent vers le Sud », explique l’astrophysicien. Voilà pourquoi des aurores boréales sont apparues au-dessus de Montréal, et même au sud de la frontière. « Ça, c’est assez inhabituel, donc ça témoigne de l’intensité des éruptions à la surface du Soleil », ajoute Robert Lamontagne.

Avec La Presse Canadienne