(Ottawa) Le Canada envoie un représentant pour assister à une réunion d’urgence en Jamaïque lundi, à la suite d’une invitation des dirigeants des Caraïbes qui souhaitent discuter de l’escalade de la violence des gangs en Haïti.

Un porte-parole du cabinet de la ministre des Affaires étrangères a indiqué que Bob Rae, l’ambassadeur du Canada aux Nations unies, y sera présent.

M. Rae, qui est en voyage, n’était pas disponible pour commenter dimanche.

La Communauté des Caraïbes (CARICOM), un bloc des 15 nations, a déclaré vendredi soir dans un communiqué que « la situation sur le terrain reste désastreuse » en Haïti. Les dirigeants des Caraïbes ont également invité les États-Unis, la France, les Nations unies et le Brésil à la réunion.

Les attaques incessantes des gangs ont paralysé Haïti pendant plus d’une semaine et l’ont laissé avec une diminution des réserves de produits de base. Les autorités haïtiennes ont prolongé jeudi l’état d’urgence et le couvre-feu nocturne, alors que les gangs continuaient d’attaquer les principales institutions de l’État.

Les membres du bloc commercial régional de la CARICOM tentent depuis des mois d’amener les acteurs politiques haïtiens à accepter de former un gouvernement d’unité de transition. Mais les Haïtiens moyens, dont beaucoup ont été contraints de quitter leur domicile à cause des sanglants combats de rue, ne peuvent pas attendre. Le problème pour la police de sécuriser les bâtiments gouvernementaux est que de nombreux Haïtiens y ont afflué, à la recherche d’un refuge.

La CARICOM a affirmé vendredi que même si les dirigeants régionaux restent profondément engagés dans la tentative de rassembler les partis d’opposition et les groupes de la société civile pour former un gouvernement d’unité nationale, « les parties prenantes ne sont pas encore là où elles doivent être ».

« Nous sommes parfaitement conscients de la nécessité urgente de parvenir à un consensus, indique le communiqué. Nous avons fait comprendre aux parties concernées que le temps ne jouait pas en leur faveur pour s’entendre sur la voie à suivre. D’après nos rapports, la situation sur le terrain reste désastreuse et nous préoccupe sérieusement. »

Une force étrangère pour soutenir la police haïtienne

La ministre Mélanie Joly a déclaré vendredi sur les réseaux sociaux que le Canada demeurait « préoccupé par l’escalade de la violence en Haïti [et condamnait] fermement les abus commis par les gangs armés ».

« Toutes les parties prenantes haïtiennes, y compris le gouvernement et la société civile haïtienne, doivent être pleinement engagées dans la recherche et la mise en œuvre de ces solutions », a-t-elle écrit.

Le Canada a promis 80,5 millions le mois dernier pour une mission de sécurité multinationale dirigée par le Kenya et destinée à soutenir la police nationale haïtienne. La majeure partie, soit 27,1 millions, sera versée au Bureau des Nations unies pour les services d’appui aux projets pour acheter des équipements de protection individuelle, des véhicules et du matériel logistique et de communication pour la force.

Mme Joly a déclaré qu’elle restait en contact régulier avec ses homologues de la CARICOM, ajoutant qu’ils prendraient des mesures « pour soutenir un dialogue politique inclusif et améliorer la situation sécuritaire en Haïti ».

En février, le premier ministre haïtien Ariel Henry a accepté d’organiser des élections générales d’ici la moitié de 2025, et la communauté internationale a tenté de trouver une force armée étrangère prête à lutter contre la violence des gangs dans ce pays.

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Ariel Henry (au centre)

La CARICOM a également poussé M. Henry à annoncer entre-temps un gouvernement de consensus et de partage du pouvoir, mais le premier ministre ne l’a pas encore fait, même si les partis d’opposition haïtiens et les groupes de la société civile exigent sa démission.

M. Henry, un neurochirurgien, a été nommé premier ministre d’Haïti après l’assassinat du président Jovenel Moïse en juillet 2021.

Il n’était pas clair si M. Henry allait être en Jamaïque pour la réunion de la CARICOM.

Avec des informations de l’Associated Press