Encore trop d’autobus électriques sont inutilisés en raison de leur faible autonomie, surtout dans le milieu scolaire. L’un des principaux fournisseurs, Lion Électrique, livrera toutefois bientôt une nouvelle génération de véhicules avec une autonomie de 250 kilomètres. Dans le secteur urbain, Nova Bus atteint déjà les 300 kilomètres.

« À Joliette, on a deux autobus qui sont stationnés et qui ne peuvent pas sortir. Avec un trajet de 100 kilomètres à l’aller et au retour, l’autonomie n’est pas encore suffisante. Et c’est juste un exemple », dit la présidente du Secteur du transport scolaire à la Fédération des employées et employés de services publics (FEESP-CSN), Josée Dubé.

Règle générale, un autobus scolaire électrique a actuellement une autonomie de 150 kilomètres, un chiffre qui est encore plus faible durant les journées froides, l’hiver. « Pour faire des petites distances, ça fonctionne, mais encore là, ça prend une journée chaude pour que tout fonctionne bien. La technologie n’est vraiment pas encore à point, surtout pour les régions éloignées », note Mme Dubé.

Le PDG de la Fédération des transporteurs par autobus (FTA), Luc Lafrance, abonde également en ce sens. « Quand on arrive loin des grands centres, les circuits sont très longs et le garage pour se recharger est souvent très loin. Au niveau de la fiabilité, donc, c’est très instable pour plusieurs transporteurs », avoue-t-il.

Au gouvernement, l’électrification du transport scolaire constitue pourtant « un secteur clé d’intervention pour réduire les émissions de GES du secteur des transports, avec un potentiel de réduction représentant près de 18 tonnes d’équivalent COannuellement par autobus », lit-on sur le site du ministère des Transports. En date de mars 2023, 766 autobus électriques étaient immatriculés aux fins du transport scolaire, soit 6,6 % du parc d’autobus scolaires en circulation.

Au bord du tournant ?

Chez Lion Électrique, qui construit la majorité des autobus scolaires électriques en circulation, on affirme que la situation est sur le point de changer. « La nouvelle génération d’autobus scolaires Lion, dont la livraison aux clients débutera sous peu, aura des batteries Lion, et ces véhicules auront une autonomie pouvant aller jusqu’à 250 kilomètres », soutient la porte-parole, Marie-Ève Labranche, par courriel.

Signe que la technologie continue d’évoluer, les autobus scolaires de l’entreprise avaient une autonomie de 100 kilomètres en 2016. « Avec le temps, les véhicules auront une plus grande autonomie. On doit continuer de miser sur la recherche et le développement pour maximiser le plein potentiel des véhicules », affirme Mme Labranche.

Elle rappelle d’ailleurs que les nouvelles générations de bornes de recharge donneront aussi « plus de flexibilité aux clients en offrant des recharges plus rapides », une technologie qui est également « en constante évolution ».

Outre la météo, Lion Électrique rappelle que le style de conduite et la vitesse peuvent influer sur l’autonomie de l’autobus. Une formation est d’ailleurs offerte aux conducteurs « afin d’améliorer leurs performances liées à l’autonomie, ce qui peut avoir un impact significatif », poursuit la relationniste.

N’empêche, même avec des véhicules performants, l’enjeu de la formation persistera, juge toutefois Luc Lafrance. « Les compagnies ne peuvent pas nécessairement réparer les autobus électriques dans leur garage, comme elles n’ont pas l’expertise. Elles doivent alors attendre après Lion Électrique, ce qui cause des délais. Il y a beaucoup de programmes en cours pour augmenter le nombre d’électromécaniciens en formation, mais disons qu’il reste beaucoup de chemin à faire », note-t-il.

Plus de 300 kilomètres à Québec

En janvier, le Réseau de transport de la Capitale (RTC) annonçait que trois autobus électriques de Nova Bus en évaluation avaient montré une autonomie « d’environ 300 kilomètres par véhicule ». Dans certains cas, 370 kilomètres d’autonomie ont même été relevés, notait la société.

PHOTO JOSIE DESMARAIS, ARCHIVES LA PRESSE

Des phases de tests avec Nova Bus ont actuellement lieu à Montréal et à Sherbrooke.

À ce moment, le temps de recharge moyen d’un véhicule avait été évalué à environ trois heures. Le système de freinage régénératif, lui, permettait « de récupérer près du quart de l’énergie en utilisation », selon le réseau de transport. « L’électrification, qui ajoute un poids financier important sur les sociétés de transport en commun, ne doit pas se faire au détriment de l’offre de service », prévenait toutefois la présidente du RTC, Maude Mercier Larouche.

Des phases de tests ont aussi lieu actuellement à Montréal et à Sherbrooke, notamment. Nova Bus avait décroché en avril un contrat de 2,2 milliards pour fournir 1230 autobus urbains électriques dans la province.

« À Québec, on va commencer une année de tests théoriques en service, avec des passagers. Sinon, on est en train de faire des préséries avec la STM [Société de transport de Montréal], avec Sherbrooke et avec plusieurs autres sociétés participantes, en prévision de la grosse commande de 1230 autobus. À partir de 2025, 2026 et 2027, il y aura la production de masse », explique à ce sujet le chef des affaires publiques et juridiques chez Nova Bus, Christos Kritsidimas.