La FTQ a fait un bilan positif de ses avancées en 2023, mardi, tout en critiquant le bilan de François Legault et l’arrivée sur la scène nationale du chef conservateur Pierre Poilievre à 24 mois ou moins des élections fédérales.

En point de presse à Montréal, la présidente de la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ), Magali Picard, a signalé être « fière et excitée » à l’idée de présenter à ses membres les détails de l’entente de principe conclue avec le gouvernement, qui a selon elle perdu la confiance de la population, notamment sur la question du coût de la vie.

« Je suis dure envers le gouvernement de François Legault, mais je pense que je reflète dans le fond ce que la population pense : on le voit dans les sondages. Lui-même reconnaît avoir besoin d’une boussole parce qu’il semble avoir perdu le nord », a-t-elle dit.

Mme Picard s’explique mal par exemple que François Legault n’ait toujours pas reconnu l’existence du racisme systémique au Québec.

« On pourrait imaginer notre premier ministre qui dit sur la place publique : “J’ai fait mes devoirs, j’ai pris la peine de vous écouter. Finalement, ça existe et on va y travailler”. Mais non, malheureusement. C’est extrêmement difficile de faire progresser la cause quand on a un chef d’État qui ne reconnaît pas quelque chose qui est autant vraisemblable. »

Aussi présent à la conférence de presse, Denis Bolduc, le secrétaire général de la FTQ, s’est réjoui de l’adoption au fédéral de la loi anti-briseurs de grève en 2023, qui rejoignait plusieurs des demandes de la FTQ. « La loi améliore la situation des travailleurs en cas de faillite d’entreprise », a-t-il dit.

Sur la question de l’assurance-médicaments, M. Bolduc a dit que le pays était « à la porte » de voir ce rêve se réaliser. « M. Trudeau s’y est engagé », a-t-il rappelé.

Au Québec, c’est notamment la crise dans les médias qui préoccupe la FTQ pour 2024. « On sait que 1200 postes ont été perdus dans les médias au Québec en 2023. C’est énorme. Beaucoup d’hebdos régionaux et de radios locales doivent fermer, et les médias nationaux ne peuvent pas couvrir tous les enjeux en région. C’est problématique, et on va interpeller Québec et Ottawa en 2024 afin de trouver une piste de solution. »

La question des permis fermés octroyés aux travailleurs étrangers qui viennent travailler au Québec sera aussi à l’ordre du jour cette année. « Quand même l’ONU compare le système de permis fermés du Québec à de “l’esclavagisme moderne”, c’est gênant. Il faut changer ça, et ça passe par l’octroi de permis ouverts ».

Poilievre inquiète

PHOTO SEAN KILPATRICK, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

« Je suis la carrière de Pierre Poilievre depuis longtemps. Il a une nouvelle image de “bon gars”, mais sa philosophie et ses valeurs sont très loin de celles de la FTQ », a dit Magali Picard.

Magali Picard a signalé mardi que la campagne du chef conservateur fédéral Pierre Poilievre était « inquiétante » aux yeux de la FTQ, qui entend partager ses préoccupations sur sa candidature au cours de l’année qui s’amorce.

« Je suis la carrière de Pierre Poilievre depuis longtemps. Il a une nouvelle image de “bon gars”, mais sa philosophie et ses valeurs sont très loin de celles de la FTQ », a-t-elle dit.

L’une des missions d’un syndicat est d’informer ses membres des enjeux qui les concernent, et la FTQ compte le faire au cours de la prochaine année.

« Par exemple, on sait que M. Poilievre est en faveur du “right to work” aux États-Unis, et on a vu un appauvrissement de la classe moyenne dans les États où ça a été implanté. On va donner l’autre côté de la médaille, on va rendre l’information disponible », a-t-elle dit.