Andrée, Claude, Manon, Martin, Juliette, Zeyna, Susan, France, Natasha : des dizaines de bénévoles se sont mobilisés à Saint-Lambert mercredi pour récolter dons et denrées pour la Grande Guignolée des médias de la Rive-Sud, victime d’un vol fin décembre.
« La population, quand on s’en prend aux plus défavorisés, aux enfants, elle a le cœur sur la main », constate Jean-Marie Girard, responsable de la collecte depuis 21 ans.
Rencontré mercredi soir dans l’entrepôt de Saint-Lambert où s’accumulent les boîtes de denrées, l’octogénaire s’affaire à mille tâches. Il n’a bu qu’un demi-café ce matin, confie-t-il. Sa montre intelligente sonne sans arrêt. Le Chicoutimien d’origine, Hubertain d’adoption, prend le temps de parler avec chaque donateur, chaque bénévole.
Les dons de denrées affluent encore, vers 17 h. « Ça rentre, ça n’arrête pas, ça a été comme ça toute la journée, confirme la bénévole France Desaulniers. C’est un feu roulant ! »
La Grande Guignolée des médias de la Rive-Sud a annoncé fin décembre avoir été victime d’un vol dans l’entrepôt qui lui avait été prêté, à Saint-Lambert. Une cinquantaine de boîtes de denrées destinées aux familles défavorisées ont été subtilisées.
Fâchés, des citoyens de Saint-Lambert ont décidé d’organiser une deuxième collecte de dons pour compenser les pertes.
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Chaque boîte volée avait une valeur d’environ 200 $, pour un total de 10 000 $, estime Herman Champagne, bénévole pour Entraide Saint-Lambert, un organisme bénéficiaire de la Grande Guignolée. C’est notamment lui qui a lancé cette deuxième vague de collecte.
« Quand j’ai su pour le vol, j’ai été frustré ! », raconte-t-il. Le 7 décembre dernier, jour de la Grande Guignolée, il s’était rendu à la gare de Saint-Lambert pour recueillir des dons, par une température glaciale. « On se cassait la noisette pour ramasser des sous, se souvient-il. Mais bon, après le vol, on s’est reviré de bord ! »
Une fois lancée, l’annonce de cette deuxième collecte a fait boule de neige.
« En six heures, on avait 25 bénévoles ! », s’enthousiasme M. Champagne.
Mercredi, au coin de plusieurs artères de la ville, des équipes ont brandi des pancartes et des canettes pour récolter des dons. « Je suis vraiment surpris, les gens donnent encore », souligne Claude Panneton, dans le centre-ville avec sa conjointe, Andrée Paradis. Très impliqué dans sa communauté, le couple a décidé qu’il avait le temps de s’investir mercredi.
Un kilomètre plus loin, à l’angle de l’avenue Victoria et de la route 112, Juliette et Zeyna, âgées de 15 ans, font leur bonne action de la nouvelle année. Le bénévolat est encouragé dans le parcours scolaire de ces deux étudiantes au Programme d’éducation internationale.
« Ce vol, c’est énorme, s’indigne Juliette. C’est le plus mauvais geste que tu peux faire. »
« C’est criminel ! », renchérit Zeyna.
Une communauté soudée
« Les gens sont tellement généreux, et ils sont outrés ! », estime la mairesse de Saint-Lambert, Pascale Mongrain, rencontrée dans l’entrepôt de la Grande Guignolée mercredi soir.
Pour la mairesse, la mobilisation citoyenne pour renflouer les coffres de la Grande Guignolée est « une preuve concrète de notre sens de la communauté ».
« À Saint-Lambert, on se tient. Les gens s’entraident, se saluent dans la rue. C’est un effort collectif ! »
Effort qui rejoint tant les citoyens que les entreprises, ajoute-t-elle. Au passage de La Presse, Philippe Desmarais, propriétaire d’un des IGA de la ville, venait de déposer des denrées non périssables venant de plusieurs épiceries. D’autres dons étaient attendus le lendemain. Des pharmacies aussi ont prévu de contribuer, ajoute la mairesse.
L’entrepôt est-il à l’abri d’un nouveau vol ? La police a renforcé sa présence et sa surveillance du secteur, affirme Jean-Marie Girard.
Cette Grande Guignolée 2,0 se poursuit jusqu’au 15 janvier pour les dons en personne et en ligne. La récolte sera distribuée à une vingtaine d’organismes locaux. Depuis qu’il s’occupe de la collecte, en 2002, Jean-Marie Girard estime avoir redistribué 7,3 millions de dollars en argent, en denrées et autres produits.