C’est moins le temps de mourir que jamais ; après la SAAQ et les bureaux de passeport, voilà que le Directeur de l’état civil se dit à son tour débordé.

Claudine Bellavance compte parmi les Québécois à subir de longues semaines d’attente. Sa mère a rendu l’âme le 19 septembre et elle attend toujours le certificat de décès.

Au 31 octobre 2023, le délai d’inscription des décès dont les dossiers sont complets et conformes est de 43,5 jours ouvrables, confirme Catherine Poulin, porte-parole du ministère de l’Emploi et de la Solidarité sociale. Elle explique que les demandes de certificat de décès sont nettement en hausse.

« Au cours de la dernière année, 79 170 déclarations de décès ont été reçues, une augmentation de 8,2 % comparativement à l’année 2021-2022, et cela dépasse même la précédente année record de 2020-2021 au cours de laquelle 76 777 déclarations de décès avaient été reçues », note-t-elle.

Et il n’y a pas que les décès, ajoute Mme Poulin qui souligne que les demandes de tous ordres déferlent plus que jamais à l’état civil. « Un total de 182 328 déclarations de naissance, mariage, union civile et décès ont été reçues en 2022-2023, soit une augmentation de 9878 par rapport à l’année précédente avec 172 450 déclarations reçues », justifie-t-elle.

À l’évidence, Mme Bellavance n’est pas du type à se plaindre facilement. Rompue aux interminables attentes auprès de tant de services à la clientèle, elle souligne même avoir été agréablement surprise de n’avoir attendu que 10 minutes quand elle a téléphoné au Directeur de l’état civil. Elle fait aussi observer qu’elle est tombée sur une fonctionnaire très agréable et compatissante.

Mais le résultat est le même : elle attend toujours le certificat de décès de sa mère.

Présentement, je ne peux pas effectuer toutes les tâches qui m’incombent à titre de liquidatrice de la succession puisque je ne reçois pas le certificat de décès de l’état civil. On a besoin de ce document pour ouvrir un compte de banque et payer les factures, dont les frais funéraires et deux mois de loyer à sa résidence privée pour aînés, ce qui n’est pas rien.

Claudine Bellavance

« En attendant, mes quatre sœurs et moi payons les factures à même nos économies. Mais que font les liquidateurs qui n’ont pas de sœurs et pas d’économies ? », demande-t-elle.

Des solutions envisagées ?

La population augmente, la population vieillissante mourra en plus grand nombre de façon hautement prévisible, quelles sont les solutions envisagées par l’État ?

Québec a élaboré à ce propos « un plan d’action » en cinq axes, relève Mme Poulin, les premiers de ceux-là étant « l’augmentation de la capacité de traitement par l’ajout de ressources » (en un nombre qui n’a pas été précisé) et la « montée en compétences des personnes et l’accroissement de la productivité ».

Le gouvernement entend aussi mettre en place des façons de faire qui simplifient le traitement des demandes.