(Montréal) La pluie n’a pas empêché une trentaine de personnes du collectif Mères au front de manifester à Montréal, samedi après-midi, pour demander au gouvernement de François Legault de retirer le permis octroyé à la multinationale Glencore pour exploiter la Fonderie Horne, à Rouyn-Noranda, en Abitibi-Témiscamingue.

L’usine, qui traite des concentrés de cuivre, préoccupe depuis plusieurs années en raison de ses émissions d’arsenic dans l’air, qui représentent des risques pour la santé. Le collectif estime que la fonderie émet actuellement 22 fois plus d’arsenic dans l’air que ne le permet la norme québécoise.

Munis d’imperméables et de parapluies, les participants à la manifestation se sont réunis vers 13 h, devant le bureau du premier ministre Legault sur la rue Sherbrooke Ouest, au centre-ville de Montréal.

« Nos vies valent plus que leurs profits », et « ici, maintenant, pour le futur de nos enfants », ont scandé les manifestantes, qui portaient pour la plupart une épinglette verte en forme de cœur sur leur manteau, le symbole de Mères au front.

Des membres du regroupement pour la défense de l’environnement se sont déplacées de Rouyn-Noranda jusque dans la métropole pour participer à la manifestation. Jennifer Richard-Turcotte en faisait partie.

« Cette mobilisation-là, elle ne s’essouffle pas, il n’y a pas d’acceptabilité sociale », a affirmé Mme Richard-Turcotte, en faisant référence à la manifestation qui a réuni des centaines de personnes à Rouyn-Noranda en août dernier.

Nous, on trouve les délais pour atteindre les normes québécoises vraiment trop longs. On aimerait que le gouvernement modifie l’autorisation ministérielle qu’il accorde à Glencore, pour que les normes soient respectées, ici au Québec, partout comme à Rouyn-Noranda. On pense qu’on mérite que notre santé soit protégée, la santé de nos enfants, plus rapidement que ce qui est proposé.

Jennifer Richard-Turcotte

En mars, le ministre de l’Environnement, Benoit Charette, a accordé une autorisation ministérielle d’une durée de cinq ans à Glencore pour la fonderie.

Le document indique que Glencore doit élaborer un plan d’action pour atteindre la norme provinciale de 3 nanogrammes par mètre cube (ng/m3) et le déposer au plus tard le 31 décembre 2027.

Lucie Huard, originaire de l’Abitibi, estime que le cas de la Fonderie Horne est « symbolique de tout ce qui se passe au niveau environnemental ».

« J’ai passé mon enfance, mon adolescence à Noranda. Je connais les impacts environnementaux occasionnés. À l’époque, c’était la mine et la fonderie, maintenant c’est la fonderie », a-t-elle déclaré, en tenant une banderole.

« Je me souviens ado d’être allée me promener sur le bord du lac Osisko, puis de pleurer juste à voir la terre rouge qu’il y avait là », a-t-elle poursuivi, les larmes aux yeux.

Des membres de Mères au front à Montréal ont aussi participé à la manifestation pour montrer leur solidarité.

Le chantage (que Glencore) fait au gouvernement ce n’est pas admissible, et que le gouvernement accepte ce chantage-là, ce n’est pas admissible non plus

Valéria Moreau

« C’est une compagnie qui a de l’argent, qui pourrait, d’après ce que la population nous dit, mettre à jour ses infrastructures », a-t-elle ajouté.

Dans une déclaration écrite publiée samedi, la Fonderie Horne a souligné qu’elle travaillait « sans relâche » à réduire son empreinte environnementale, citant notamment qu’elle a un plan de 500 millions pour faire baisser ses émissions atmosphériques.

L’entreprise mentionne également qu’il y a une opération de caractérisation et des travaux de sols de surface pour une cinquantaine de terrains résidentiels dans le quartier Notre-Dame. De plus, quatre nouveaux dépoussiéreurs ont été mis en place avant l’échéance prévue.

La Fonderie Horne indique dans sa déclaration qu’elle accorde « une grande importance ouverte et respectueuse avec toutes les parties concernées, y compris avec les personnes qui prennent part à la mobilisation (à Montréal). »

L’entreprise ajoute qu’elle souhaite établir un « dialogue constructif avec l’ensemble des intervenants pour mieux comprendre leurs préoccupations et pour explorer les pistes de solutions possibles. »

La Fonderie Horne a affirmé en mars dernier que la concentration d’arsenic qu’elle a émis dans l’air en 2022 était de 73 ng/m3, soit moins qu’en 2021, mais plus qu’en 2020.

Dans un document publié sur son site, Glencore Canada indique que pour l’année dernière, « la moyenne annuelle en arsenic à la station légale » de la Fonderie Horne « est de 73,1 ng/m3, ce qui confirme que nos projets de réduction fonctionnent ».

Avec des informations de Stéphane Blais