(Carcross) Une enquête sur les tombes anonymes et sur les décès d’enfants ayant fréquenté l’ancien pensionnat Chooutla à Carcross, au Yukon, a permis de découvrir 15 tombes « potentielles » sur le site ou à proximité de l’école.

Brian Whiting, de l’entreprise GeoScan, qui a effectué la recherche par radar pénétrant dans le sol, a expliqué que des travaux « plus invasifs » seraient nécessaires pour confirmer si les sites repérés sont des tombes, mais il a noté que leur emplacement est cohérent avec les récits des survivants.

GeoScan a fouillé plus de 37 000 mètres carrés de terrain. Les 15 sites potentiels ont été trouvés dans un rayon de 58 mètres carrés autour du lieu de l’ancien pensionnat.

Le Registre national des décès d’élèves des pensionnats indiens de la Commission de vérité et réconciliation du Canada répertorie 20 élèves qui sont décédés au pensionnat Chooutla, qui a été ouvert de 1903 à 1969.

Les chercheurs ont cependant révélé mardi que les travaux leur avaient permis d’identifier au moins 33 élèves qui seraient morts au pensionnat, à l’hôpital après avoir fréquenté celui-ci ou alors qu’ils participaient à une activité liée au pensionnat.

Cette découverte s’ajoute aux nombreuses autres qui ont été faites d’un bout à l’autre du pays dans les derniers mois au sujet de tombes potentielles localisées sur les sites des anciens pensionnats.

Jeudi dernier, la Première Nation Stó : lō, en Colombie-Britannique, a annoncé qu’elle avait identifié 158 décès liés à trois anciens pensionnats et à un hôpital, dont certains remontaient à 1863.

Pour Sandra Johnson, la découverte révélée mardi au Yukon est venue « rouvrir des plaies cicatrisées depuis longtemps ». En tant que conseillère au sein d’un groupe qui cherche à apporter du soutien aux familles des enfants disparus dans les pensionnats du Yukon, elle avait aussi un mot à transmettre aux personnes de la communauté qui pourraient, comme elle, être bouleversées par cette nouvelle.

« Que l’esprit de nos ancêtres nous guide et que la résilience de nos communautés nous inspire tous à créer un monde juste, inclusif et enraciné dans la compassion », a-t-elle affirmé.

Recherches incomplètes

Nicole Marion, du groupe de recherche Know History, a précisé que leurs travaux concernant le pensionnat Chooutla se sont amorcés en janvier 2022 et ont porté sur 4500 documents d’archives.

Le groupe a fait des demandes d’accès à l’information pour avoir accès à plus de 100 dossiers, mais n’a pu avoir qu’un accès « partiel » à 70 d’entre eux, selon Mme Marion.

« Un accès partiel signifie que nous avons reçu une copie des fichiers que nous avons demandés, mais que toutes les informations personnelles des élèves, des enfants et du personnel ont été caviardées », a-t-elle mentionné.

Sur les 1300 enfants en provenance du Yukon, de l’Alaska et de la Colombie-Britannique qui ont été emmenés au pensionnat, les chercheurs ne connaissent que les noms de 900 d’entre eux.

Mme Marion a avoué que son équipe et elle ne disposent que de « très peu » d’informations sur les endroits précis où sont enterrés les 33 enfants qu’ils ont identifiés. Les chercheurs ne connaissent pas non plus le nom de certains d’entre eux.

« Cette recherche est incomplète », a-t-elle reconnu.

« Au fur et à mesure que nous aurons accès à plus de documents, nos découvertes évolueront. En particulier, nous espérons en apprendre davantage sur qui étaient ces enfants, ce qu’ils ont vécu et où ils sont enterrés. »