La demande d’autorisation d’exercer une action collective contre l’homme d’affaires montréalais Robert Miller et son entreprise Future Electronics mentionne maintenant 31 femmes, et vise deux défendeurs supplémentaires.

Depuis le lancement de l’action collective, d’autres femmes ont contacté les avocats du recours en disant « qu’elles ont été payées (en argent et cadeaux) par le défendeur Robert G. Miller, pour des services sexuels alors qu’elles étaient mineures, entre 1992 et 2012 », indique la demande d’autorisation amendée de MJeff Orenstein, de la firme Groupe de droits des consommateurs.

Les noms de Sam Joseph Abrams et Raymond Poulet, déjà cités dans la requête initiale, ont aussi été ajoutés comme défendeurs, aux côtés de Robert Gerald Miller et de Future Electronics.

La demande amendée, datée du 4 août, est toutefois contestée par Robert Miller. Les modifications sont « contraires à l’intérêt de la justice », représentent « un abus de procédures et visent uniquement à humilier le défendeur outre mesure », fait notamment valoir la contestation. Celle-ci devrait être entendue en septembre.

La demande initiale avait été déposée le 22 février dans la foulée d’un reportage de l’émission Enquête à Radio-Canada.

La demanderesse, identifiée par les initiales S. N., est née en 1978. Selon la requête, qui n’a pas encore été soumise à l’examen des tribunaux, elle aurait eu des relations sexuelles avec M. Miller à partir de l’âge de 17 ans jusqu’à 19 ans. Le cas de deux autres femmes avait aussi été mentionné.

Ce sont maintenant 31 victimes alléguées (« Madame 1 » à « Madame 31 ») qui sont citées dans la requête amendée.

La demande vise à exercer une action collective au nom de « toutes les personnes » qui, alors qu’elles étaient mineures, « ont fourni des services sexuels en échange d’une contrepartie avec et/ou ont été victimes d’exploitation sexuelle par Robert G. Miller ou tout autre groupe à déterminer par la Cour ».

Pseudonymes et séquelles

Sam Abrams, le premier des deux défendeurs ajoutés, a fait partie de la haute direction de Future Electronics à titre de vice-président directeur. Le second, Raymond Poulet, aurait été « conseiller privé Robert Miller », selon le réseau LinkedIn.

L’ajout de 28 femmes et de deux défendeurs a d’abord été rapporté par Radio-Canada vendredi.

La requête amendée énumère aussi un chapelet de séquelles d’ordre « sexuel, psychologique et physique », dont troubles sexuels, dépression, anxiété, isolement, crainte de l’intimité, idéation suicidaire, stress post-traumatique et abus de substances psychoactives.

Des allégations portant sur l’usage de pseudonymes (« Bob Adams » pour Robert Miller et « Sébastien Tremblay » pour Raymond Poulet), ainsi que sur des maisons de Westmount citées dans un rapport de détective privé, ont aussi été ajoutées.

Robert G. Miller a quitté ses fonctions de président, chef de la direction et président du conseil d’administration de Future Electronics, avait annoncé l’entreprise dans un communiqué le 5 février dernier. M. Miller y qualifiait les allégations « malicieuses » formulées à son endroit de « fausses et complètement non fondées ». Il les niait « catégoriquement et avec véhémence », faisant valoir qu’elles avaient « été soulevées à la suite d’un divorce acrimonieux » et qu’elles étaient « maintenant répétées pour un gain financier ».

L’histoire jusqu’ici

2 février : Radio-Canada diffuse un reportage de l’émission Enquête dans lequel plusieurs femmes disent avoir été recrutées alors qu’elles étaient mineures pour offrir des services sexuels contre rémunération à Robert Miller.

22 février : Une demande d’action collective est déposée par « S. N. » contre Robert Gerald Miller et Future Electronics.

10 mai : Une autre femme dénonce le « Réseau Miller » et entame une poursuite civile individuelle de 8 millions.

4 août : La demande d’autorisation collective mentionne 31 victimes alléguées et vise deux défendeurs supplémentaires. Cet amendement est contesté par Robert Miller.

Avec la collaboration de Vincent Larouche, La Presse