Les Canadiens ont une perception positive des Forces armées canadiennes (FAC), mais lorsqu’on leur demande ce qu’ils ont lu, vu ou entendu à leur sujet dans la dernière année, ce sont les allégations d’inconduite sexuelle qui leur viennent d’abord à l’esprit.

Au cours de la période 2022-2023, 37 % des répondants affirment avoir lu, vu ou entendu parler des allégations d’inconduite sexuelle au sein des FAC, alors que 19 % évoquent la publicité ou le recrutement, suivis des avions de chasse F-35 (13 %), de la guerre en Ukraine et la mission canadienne (9 %) ou des anciens combattants (5 %).

Mince consolation, ces résultats sont plus diversifiés que ceux de l’année précédente. Alors, 48 % des répondants évoquaient les allégations d’inconduite sexuelle, contre 5 % la publicité et le recrutement et des miettes (1 à 2 %) pour les autres réponses.

Voilà ce qui ressort d’un document intitulé Points de vue sur les FAC, Étude de suivi 2022-2023, récemment rendu public sur le site du gouvernement canadien. L’étude a été menée en septembre et décembre 2022 ainsi qu’en janvier 2023 et a été divisée en deux phases : des discussions en ligne avec des groupes de personnes de 18 à 65 ans dans cinq régions du pays et un sondage téléphonique. Cet exercice est annuel.

En réaction au constat que les allégations d’inconduite sexuelle arrivent au premier rang dans l’attention du public, les FAC disent ne pas faire l’autruche.

« C’est un sujet d’importance que nous communiquons proactivement et régulièrement, particulièrement en ce qui concerne les efforts institutionnels à cet égard, nous écrit-on dans un courriel non signé. Il est important que ces enjeux liés à la défense – bons et moins bons – fassent partie du discours public afin que nous puissions améliorer le soutien que nous offrons à nos membres. »

Parmi les autres résultats relevés dans la portion « recherche quantitative » du document, on remarque que 63 % des répondants se disent d’accord avec la suggestion que les FAC sont aussi inclusives pour les minorités visibles que pour toute autre personne, comparativement à 44 % en 2020. Ce taux est plus bas pour les femmes (58 %) alors qu’il était de 70 % en 2020, et encore moins pour les membres de la communauté LGBTQ+ (41 %).

En 2022, 40 % des répondants ont affirmé avoir « récemment lu, vu ou entendu quelque chose au sujet des FAC ». C’est pratiquement le même score qu’en 2021 (42 %) et beaucoup mieux que dans les années précédentes avec un creux de vague en 2018 (26 %).

Par contre, le résultat de 2022 est bien en deçà des scores atteints entre 2005 et 2011, avec une pointe de 74 % en 2006. À noter que cette période 2005-2011 est celle où l’armée canadienne était très présente en Afghanistan.

Piètre perception du financement et du matériel

Les résultats du sondage ne sont pas terribles sur les plans du recrutement et de la qualité du matériel. Ainsi, 47 % des Canadiens croient que les FAC sont sous-financées alors que ce taux était de 40 % en 2021.

Du côté des équipements militaires, 34 % des répondants estiment que les Forces planifient bien leurs besoins futurs alors que cette perception était de 58 % en 2016.

« Bien que cette perception [soit] sous-optimale, il est important de se rappeler que nous planifions nos projets d’acquisition à long terme, étant donné que notre équipement peut demeurer en opération pendant des décennies », répondent les FAC.

À l’inverse, la perception que les achats sont bien gérés augmente, passant de 25 % en 2021 à 32 % en 2022. « Une augmentation importante », soulignent nos interlocuteurs.

Là où les FAC obtiennent les meilleurs résultats, c’est dans la variété de leurs missions et leurs capacités à intervenir à l’étranger. Et plus la mission est pacifique, meilleur est le score.

Ainsi, 81 % des répondants voient d’un bon œil la participation des militaires dans le secours aux sinistrés et l’aide humanitaire et 80 % dans le soutien de la paix. Par contre, la perception positive descend à 68 % lorsqu’il est question de missions de soutien au combat avec les Nations unies ou l’OTAN.

« Nous sommes encouragés du fait que les impressions générales des personnes qui servent dans les FAC étaient favorables, estiment les FAC. […] Pour plusieurs, la “mauvaise presse” n’influençait pas nécessairement leurs sentiments à l’égard des militaires en général. »

Avec la collaboration de William Leclerc, du bureau de La Presse à Ottawa

En savoir plus
  • 138 444,78 $
    Valeur du contrat accordé au fournisseur, groupe-conseil Quorus, pour cette étude
    source : ministère de la Défense nationale
    53 %
    Si une jeune personne de leur entourage prévoyait de se joindre aux FAC, 53 % des répondants seraient favorables à cette décision, 20 % se disant très favorables. On comptait 30 % de répondants très favorables en 2018.
    source : Points de vue sur les Forces armées canadiennes, Étude de suivi 2022-2023