(Toronto) Le conseil municipal de Toronto a déclaré jeudi que la violence basée sur le genre et la violence entre partenaires intimes étaient une épidémie dans la ville, tout en appelant l’Ontario et le gouvernement fédéral à faire de même.

La déclaration, résultant d’une motion de la nouvelle mairesse Olivia Chow, intervient quelques semaines seulement après que la province a refusé de faire la même chose.

Mme Chow, qui a été élue lors d’une élection partielle le mois dernier, a fait état publiquement des violences subies par sa mère aux mains de son père et comment sa mère a pu reconstruire sa vie grâce à de l’aide qui n’est pas toujours disponible, y compris pour un logement sûr et abordable.

« Parce que j’avais un appartement au sous-sol, même s’il y avait juste un matelas et un lit, nous avons pu partager le matelas, elle a pu vivre avec moi, ce qui a commencé sa nouvelle vie. Beaucoup de femmes et leurs enfants sont pris au piège parce qu’ils n’ont pas les moyens de déménager », a déclaré Mme Chow lors d’une réunion du conseil jeudi.

Nous devons donner de l’espoir aux femmes et aux enfants qui subissent actuellement des violences, et une façon de donner de l’espoir est de dire que vous pouvez vous rétablir », a-t-elle ajouté.

la mairesse de Toronto, Olivia Chow

La motion de Mme Chow, qui a été adoptée sans opposition, a également exhorté les autres ordres de gouvernement à adopter les recommandations d’une enquête sur la mort de trois Ontariennes aux mains de leur ancien partenaire.

Le jury d’une enquête du coroner sur les décès en 2015 de Nathalie Warmerdam, Carol Culleton et Anastasia Kuzyk dans le comté de Renfrew, en Ontario, a formulé il y a plus d’un an 86 recommandations visant à prévenir des tragédies similaires.

La plupart des recommandations de l’enquête – y compris que la violence entre partenaires intimes soit officiellement déclarée une épidémie – s’adressaient au gouvernement provincial.

L’Ontario a déclaré fin juin qu’il ne ferait pas une telle déclaration parce que la violence entre partenaires intimes n’est pas une maladie infectieuse ou transmissible. Le gouvernement provincial a également refusé d’établir une commission sur la violence entre partenaires intimes et de créer le rôle d’avocat des personnes survivantes, comme l’a recommandé le jury d’enquête, car cela ferait double emploi avec les systèmes existants.

Mais il a déclaré qu’il travaillait sur ou avait accepté de nombreuses autres recommandations, dont une pour explorer les moyens de permettre aux gens de savoir si leur partenaire a des antécédents de violence conjugale.

Mettre la lumière sur un phénomène

Les partisans ont souligné qu’une déclaration d’épidémie, bien que largement symbolique, utilise un cadre de santé publique pour aider les personnes survivantes et attirer l’attention sur le problème en tant que phénomène sociologique.

Toronto rejoint 30 autres municipalités de l’Ontario qui ont fait leurs propres déclarations de violence conjugale en tant qu’épidémie, notamment Ottawa, la région de Peel, la région d’Halton et le comté de Renfrew.

Selon Statistique Canada, 90 victimes d’homicide ont été tuées en 2021 par un partenaire intime – dont les trois quarts étaient des femmes et des filles – comparativement à 84 victimes en 2020 et 77 victimes en 2019.

La déclaration de Toronto faite jeudi préconise également l’ajout du terme féminicide au Code criminel, ce qui reflète l’une des recommandations de l’enquête au gouvernement fédéral.

Le féminicide est défini comme « le meurtre d’une ou plusieurs femmes, principalement par des hommes, parce qu’elles sont des femmes », selon l’Observatoire canadien du féminicide pour la justice et la responsabilisation.

Ottawa n’avait pas répondu au bureau du coroner à la fin juin.

La motion de Toronto demande également aux gouvernements provincial et fédéral de fournir le soutien nécessaire pour lutter efficacement contre la violence entre partenaires intimes.

De plus, la Ville demandera l’avis du médecin en chef de Toronto, du bureau des affaires autochtones, de la police et des organisations communautaires sur les meilleures façons d’agir sur la déclaration et d’investir dans les programmes et services connexes.