(Montréal) « Une grande Québécoise », « une féministe convaincue », « une pionnière » : des centaines de personnes se sont réunies vendredi à l’église Saint-Viateur, dans Outremont, pour rendre un dernier hommage à Denise Bombardier.

« Trois jours avant sa mort, elle m’a dit que sa vie avait été un spectacle. Elle ne voulait pas que sa mort en soit un », a dit en ouverture de la cérémonie Guillaume Sylvestre, fils de Mme Bombardier.

C’est donc conformément aux dernières volontés de la chroniqueuse, autrice et animatrice que la cérémonie s’est déroulée dans la sobriété. Et c’est sobrement, mais non sans émotion, que son fils lui a dit, en conclusion de son oraison funèbre : « Adieu, maman. »

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Denise Bombardier, en 2018

Peu après a suivi une interprétation par une chorale de la chanson Le bateau de papier, qu’affectionnait particulièrement la petite-fille de Mme Bombardier, Rose, qu’elle aurait « tant voulu voir grandir ».

Rencontré en amont de la cérémonie, le premier ministre François Legault estime que Mme Bombardier, une « grande Québécoise », aura permis aux Québécois d’avoir « confiance en eux-mêmes ». À deux reprises, il l’a remerciée pour ses services à la nation québécoise, saluant au passage l’humour de la regrettée féministe. « On perd aussi une personne drôle » dont la compagnie était plaisante, a-t-il affirmé.

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Le premier ministre du Québec, François Legault, en compagnie de sa femme Isabelle Brais

Le chef du Parti québécois, Paul St-Pierre Plamondon, a souhaité rendre hommage à une dame qui avait le « courage de ses opinions ».

C’est quelqu’un qui assumait entièrement sa participation dans le débat public. Et sa participation était substantielle.

Paul St-Pierre Plamondon, chef du Parti québécois

Il retiendra de Mme Bombardier la capacité qu’elle avait, fidèle à ses convictions, de prendre sur soi des controverses. « Si on le pense, on le dit », a-t-il articulé.

Simon Jolin-Barrette, ministre de la Justice, a abondé en ce sens. « Mme Bombardier, c’est une grande Québécoise, quelqu’un qui a fait rayonner le Québec à l’étranger et qui avait un amour profond de la langue française. C’est quelqu’un aussi qui a tracé la voie pour de nombreuses journalistes. » Il gardera de bons souvenirs de celle qu’il a connue au fil des dernières années. « Elle était vive d’esprit, fière de ses opinions, et avait une très grande capacité de réflexion. »

« Remarquable »

Outre les nombreuses figures publiques rassemblées sur le parvis de l’église – Louise Latraverse, Pierre Karl Péladeau et Jean Charest étaient présents –, beaucoup parmi ceux que Denise Bombardier a inspirés ont tenu à lui rendre hommage.

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L’ex-premier ministre Jean Charest et sa femme Michèle Dionne

Pierrette Langevin est du nombre. Elle tenait à assister à cette cérémonie pour saluer une grande dame « qui n’avait pas froid aux yeux » et une « self-made woman ». « Elle s’est fabriquée seule et j’admirais son audace, a-t-elle laissé tomber. À tous les niveaux. Que ce soit pour la cause des femmes ou pour celle de la francophonie, elle s’engageait dans tellement d’enjeux. »

Émerveillée par le caractère frondeur de Denise Bombardier, Mme Langevin se souvient de son attaque frontale contre l’écrivain Gabriel Matzneff sur le plateau d’Apostrophes, en 1990, comme d’un moment « succulent ».

Mme Bombardier avait alors condamné avec calme et détermination les relations intimes que l’auteur entretenait avec des personnes mineures.

Au côté de Pierrette Langevin, son mari, Jean-Marie, est d’avis que le Québec perd en la personne de Denise Bombardier un être « remarquable ». S’il s’est rendu du haut de ses 87 ans à l’église Saint-Viateur, c’est pour saluer une « francophone comme on en veut, comme il ne s’en fait presque plus ».

Issue d’une famille ouvrière du quartier Villeray, à Montréal, Denise Bombardier a travaillé pendant plus de 30 ans à Radio-Canada, où elle a animé nombre d’émissions, dont Présent international, Hebdo-dimanche et Le Point. Après ses années de service à la télévision d’État, elle a commencé à collaborer au réseau TVA, puis a tenu une chronique dans le quotidien Le Devoir. Elle signait jusqu’à récemment des chroniques dans Le Journal de Montréal.

Denise Bombardier est morte le 4 juillet dernier, emportée par un cancer foudroyant. Un peu comme le bateau de papier chanté par Jean Humenry, Mme Bombardier aura été sa vie durant « poussée par le vent et par le courant ». Or, de l’avis des personnes présentes lors de l’hommage, elle y aura surtout fait face.