(Montréal) Un dictionnaire thématique français-atikamekw a été lancé cette semaine à l’occasion de la Journée nationale des peuples autochtones, fruit de la collaboration entre une professeure de l’Université de Carleton et le Conseil de la Nation atikamekw. Cette initiative « fait du bien » dans un contexte de réconciliation avec les peuples autochtones, selon l’une des coordonnatrices du projet.

Il s’agit de la deuxième participation de Marie-Odile Junker, professeure de linguistique à l’Université de Carleton, à Ottawa, à la création d’un dictionnaire français-atikamekw.

« Ce sont les Atikamekws eux-mêmes qui sont venus me chercher en 2013, en me demandant de les aider à faire un dictionnaire », évoque-t-elle au bout du fil.

En 2021, la professeure et son équipe, composée de plusieurs rédacteurs, de collaborateurs et d’aînés de la nation atikamekw, ont lancé un premier dictionnaire français-atikamekw.

« Il y a quelqu’un qui m’a dit, elle en pleurait : je n’ai jamais cru que je pourrais avoir un dictionnaire comme ça de ma langue. Symboliquement, c’était très fort d’avoir un dictionnaire imprimé de la langue, raconte Mme Junker. Après de longues années d’efforts, on peut quand même arriver à produire quelque chose qui fait du bien aux gens. »

La professeure ainsi que ses deux collègues coordonnatrices, Véronique Chachai et Nicole Petiquay, lancent cette fois-ci un dictionnaire thématique.

« C’est un dictionnaire qui est organisé par thèmes. On a plus de 220 thèmes et sous-thèmes. Évidemment, on met en valeur la culture atikamekw, donc les relations des gens avec leur territoire, les animaux […] comment les humains attikameks interagissent avec les animaux dans le mode de vie traditionnel en forêt, etc. », précise Mme Junker.

Des thèmes de l’époque moderne sont aussi inclus dans le dictionnaire, qui est disponible pour l’ensemble de la population en ligne, et en version imprimée.

« Mais on a vraiment mis l’accent ici sur une documentation de la vision du monde des Atikamekws telle qu’elle s’incarne dans leur lange », évoque la professeure de linguistique.

Le dictionnaire comporte plus 12 000 mots dans la langue atikamekw parlée dans trois communautés de cette nation, situées en Haute-Mauricie, soit Manawan, Wemotaci et Opitciwan.

Transmettre et préserver la langue

Marie-Odile Junker dit faire de la recherche « participe-action », dont le but est déterminé par les désirs et les souhaits des personnes avec qui elle travaille.

Dans ce cas-ci, le désir de la communauté atikamekw était de « transmettre et de préserver la langue », évoque Mme Junker, qui s’intéresse aussi au rapport entre la langue et la guérison.

La professeur précise que l’atikamekw est « l’une des langues autochtones au Québec qui est encore la mieux transmise aux enfants ».

« C’est un dictionnaire qui est remarquable dans la mesure où il y a des définitions en atikamekw, dit-elle. Je ne connais pas de dictionnaire de langue autochtone qui a des définitions dans la langue autochtone. Évidemment, on a aussi des définitions en français. »

L’équipe de rédaction du dictionnaire planche toujours sur plusieurs projets, dont des cours en lignes, des livres audios et diverses ressources concernant la langue atikamekw.

Cette dépêche a été rédigée avec l’aide financière de la Bourse de Meta et de La Presse Canadienne pour les nouvelles.