Tout a commencé à la suite d’un dégât d’eau survenu dans la première moitié de la décennie 2010.
Les archives photographiques de La Presse, épreuves et négatifs, sont entreposées dans des classeurs métalliques de ses deux édifices de la rue Saint-Jacques et du boulevard Saint-Laurent. C’est au sous-sol de ce dernier qu’une infiltration survient.
« Les classeurs baignaient dans quelques centimètres d’eau, se souvient Yann Pineau, directeur principal, Amélioration continue et Production. Heureusement, les tiroirs n’étaient pas touchés. On a relevé les classeurs, mais on s’est dit que ça n’avait pas de bon sens de conserver ainsi ces archives. Nous n’avions ni l’expertise ni les locaux pour ça. En plus, cet ensemble de millions [entre 6 et 9] de photos et de négatifs avait une valeur patrimoniale certaine. »
La Presse communique avec BAnQ à qui elle avait déjà confié la numérisation de ses microfilms. « Ils avaient fait un travail remarquable », poursuit M. Pineau.
Après des discussions informelles en 2009, la convention de don est signée en juillet 2014. En septembre 2015, trois employés de BAnQ arrivent à La Presse et amorcent le dépouillement avec l’aide de nos confrères Yves Dugas et Richard Lalonde (retraité). « Ils constituaient la mémoire vivante de nos archives », dit M. Pineau.
Prises sur des décennies, les photos des Antoine Desilets, Pierre McCann, Roger et Réal St-Jean, Bernard Brault, Robert Nadon et plusieurs autres collègues sont scrutées, classées et retenues (ou pas) pour traitement.
Avenue Viger, rue Holt
De La Presse, les artefacts sont envoyés aux Archives nationales, avenue Viger, pour ensuite passer par l’édifice de BAnQ rue Holt avant de revenir sur Viger pour un repos (et la consultation) éternel.
Quelque 400 mètres linéaires de documents sont traités. BAnQ fait appel à de l’aide à l’externe et obtient une subvention de 1,05 million du Plan culturel numérique du Québec pour la restauration et la numérisation.
C’était un fonds prioritaire. Notre travail était de repérer les documents importants et de bien les décrire en choisissant les bons termes pour qu’ils soient repérables facilement.
Hélène Fortier, directrice des Archives nationales à Montréal
Sur Viger, l’archiviste Mireille Lebeau coordonne le travail.
Nous avons mis neuf mois à sélectionner les épreuves [photos imprimées]. Nous avons conservé le plus de négatifs possibles en lien avec ces épreuves. Le nombre de sceaux de publication derrière les photos était un bon indice de leur importance.
Mireille Lebeau, archiviste à BAnQ
Une fois ce travail terminé, il reste près de 86 000 épreuves et 595 000 négatifs, en noir et blanc et en couleurs. Tout ce matériel prend la route de l’édifice de la rue Holt pour les étapes de restauration et de numérisation.
« La restauration a exigé 5000 heures de travail, indique la restauratrice Andrea Criollo. Nous étions quatre restauratrices à convenir du niveau de restauration à atteindre, car le volume de documents était très important. L’objectif était de voir à faciliter le travail de numérisation. »
Cette numérisation exige 4000 heures de travail… à l’interne. Car seulement un tiers des quelque 300 000 fichiers mis en ligne ont été numérisés à BAnQ, le reste ayant été envoyé chez un fournisseur.
Conservation, diffusion
Le matériel numérisé reprend la route des Archives nationales, avenue Viger. Les photos sont conservées dans une réserve à température (15 C) et humidité (45 %) contrôlées. Les négatifs sont dans un frigo où la température est maintenue à environ 5 C.
Le matériel est mis en ligne par séquences. Près de 90 % des 340 000 documents numérisés sont déjà consultables et font la joie des chercheurs. Ainsi, les documentaristes Pascale Ferland et Félix Rose ont consulté les archives pour leurs films sur Pauline Julien et la famille de Paul Rose.
« La recherche a été simple et facile. Tout était très bien inventorié », dit Pascale Ferland. « Tous les négatifs ont été bien conservés, ce qui est assez rare et exceptionnel », indique Félix Rose, qui a aussi consulté le fonds pour sa série documentaire Le dernier felquiste.
Tout le projet sera terminé d’ici la fin de l’année. Mais déjà, le fonds est un des plus consultés de BAnQ avec quelque 950 000 visites annuelles.
Lisa Miniaci, directrice de la conservation et de la numérisation
« Ce riche patrimoine est rendu disponible à l’ensemble de la population et rend hommage au travail des photographes de La Presse, estime Hélène Fortier. Il témoigne autant de l’histoire que de la transformation du Québec. »
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- 32 000 000
- Nombre de fichiers de BAnQ consultés en ligne durant l’année financière 2021-2022
Source : BAnQ- 340 000 documents en ligne
- Le Fonds La Presse compte 685 000 images consultables sur demande aux Archives nationales de BAnQ, mais 340 000 sont consultables en ligne. Tous les documents n’ont pas été numérisés.
Source : BAnQ