Le nombre de Québécois d’expression anglaise a augmenté depuis cinq ans dans la province, mais ceux-ci enregistrent des taux de chômage plus importants que leurs concitoyens d’expression française, en plus de gagner moins d’argent et d’être plus susceptibles de vivre dans la pauvreté.

C’est ce que révèle un examen des données du plus récent recensement, celui de 2021, effectué par la Table ronde provinciale sur l’emploi (PERT), organisme financé par Québec et Ottawa, et dévoilé ce mercredi.

Celui-ci s’attarde aux données sur le nombre de Québécois « d’expression anglaise », soit ceux dont la première langue officielle parlée (PLOP) est l’anglais. Statistique Canada définit la PLOP en tenant compte de la connaissance de chaque personne des deux langues officielles au pays, de sa langue maternelle puis de la langue la plus souvent parlée à la maison.

De plus en plus nombreux

On note que 1 253 578 personnes s’identifient comme des Québécois d’expression anglaise dans la province, soit 14,9 % de la population du Québec, en augmentation donc par rapport aux 13,8 % lors du dernier recensement de 2016.

Or, si celles-ci sont plus nombreuses que leurs compatriotes d’expression française à détenir un diplôme d’études secondaires (86 % contre 81 % pour les francophones), elles éprouvent de plus grandes difficultés sur le plan économique.

Ainsi, les Québécois d’expression anglaise font face à un taux de chômage de 10,9 %, soit 4 % de plus que les francophones (6,9 %), un écart qui a doublé depuis le recensement de 2016.

Ils ont aussi un revenu médian après impôt inférieur de 2800 $ à celui des francophones et un revenu d’emploi médian inférieur de 5200 $ à celui des francophones, selon les chiffres analysés par la PERT.

L’écart est particulièrement marqué dans certaines régions éloignées du Québec comme la Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine, la Côte-Nord et le Nord-du-Québec, où les Québécois d’expression anglaise enregistrent les taux de chômage les plus élevés et les revenus les plus faibles au sein de cette communauté linguistique.

Dynamiques régionales

Une maîtrise déficiente du français pourrait être une des principales barrières à l’accès au marché de l’emploi, estime le directeur général de la PERT, Nicholas Salter, d’où les résultats de cette analyse.

L’accès limité à des services d’aide à l’emploi en anglais, en région, pourrait expliquer une autre partie du problème, selon lui. « Souvent, on pense que la communauté anglaise n’est qu’à Montréal, mais il y en a aussi en région et les services en employabilité en anglais y sont très limités », donne-t-il en exemple.

Nicholas Salter admet que davantage de travail doit être fait afin de mieux cibler les phénomènes mis en lumière par cette analyse des chiffres du recensement.

Des dynamiques régionales particulières, comme l’isolement de certaines communautés anglophones, particulièrement dans les régions citées précédemment, doivent également être prises en compte afin de nuancer le portrait, reconnaît-il.

La PERT entend d’ailleurs publier éventuellement un portrait plus précis de la situation économique des communautés anglophones dans chacune des 17 régions administratives du Québec.