(Montréal) Toutes les municipalités du Québec qui risquaient de perdre leur statut bilingue en vertu d’une loi provinciale sur la langue ont choisi de conserver leur droit de servir les gens en anglais et en français.

L’Office québécois de la langue française (OQLF) a confirmé que les 48 villes, municipalités ou arrondissements qui avaient été avisés que leur statut pourrait être révoqué ont pris les mesures nécessaires pour demeurer bilingues.

Avec cette modification législative, les municipalités qui ont reçu des avis ont dû analyser la nécessité de maintenir ou non leur statut bilingue et ainsi prendre position, a affirmé l’OQLF.

En vertu de la nouvelle loi linguistique du Québec, les municipalités dont moins de 50 % des citoyens ont l’anglais comme langue maternelle pouvaient perdre le droit de communiquer avec les résidants en anglais.

Cependant, la loi 96 permettait aux villes bilingues d’éviter la révocation de leur statut en adoptant une résolution affirmant leur volonté de rester bilingues, dans les 120 jours suivant la réception de l’avis de la province.

Plus de la moitié des 89 municipalités bilingues de la province ont reçu ces avis en décembre, car leur population de langue anglaise variait entre 7,2 % et un peu moins de 50 %. L’essentiel des 48 municipalités ou arrondissements a adopté la résolution, a indiqué l’OQLF.

Thomas Verville, porte-parole du ministre de la Langue française, Jean-François Roberge, a expliqué que la loi établit un équilibre entre la promotion du français et la préservation des droits de la minorité anglophone. Il a souligné qu’il appartiendra désormais aux maires de justifier ce choix auprès de leurs électeurs.

La loi 96, entrée en vigueur en juin dernier, a resserré les règles linguistiques de la province et affirmé que le français est la seule langue officielle du Québec et la langue commune de la nation québécoise. Cependant, l’idée de renoncer au droit de servir les résidants en anglais n’a pas plu aux maires.

Otterburn Park, une ville située à 40 kilomètres à l’est de Montréal, a choisi de conserver son statut même si seulement 7,2 % de ses citoyens ont l’anglais comme langue maternelle.

Scott Pearce, qui représente les maires des villes bilingues à la Fédération québécoise des municipalités (FQM), a déclaré qu’il n’était pas du tout surpris par la décision unanime de rester bilingue, affirmant que ce n’était pas controversé.

M. Pearce a ajouté que le choix de rester bilingue est souvent fait par respect pour l’histoire d’une région ainsi que pour les contribuables anglophones, dont beaucoup sont plus âgés.

Les municipalités qui ont reçu des avis sont principalement situées près de la frontière avec l’Ontario, dans l’ouest de l’île de Montréal ainsi que dans les régions des Laurentides et de l’Estrie, qui ont toutes historiquement compté d’importantes populations anglophones.

M. Pearce est maire de Gore, au nord de Montréal, une municipalité de canton fondée par des immigrants irlandais. Même si la population anglophone y est tombée à environ 20 %, il a affirmé qu’il n’était pas question de laisser tomber le statut.

Il a estimé que la plupart des craintes entourant le déclin de la langue française sont centrées à Montréal, où la proportion de personnes qui parlent français à la maison et au travail est en baisse.

Selon lui, dans les zones rurales comme la sienne, la langue n’est pas un problème. Presque toute la jeune génération parle les deux langues, et il ne voit aucune animosité entre les anglophones et les francophones.

S’il est impératif que les gens puissent obtenir des services en français, il a dit qu’il est utile pour la municipalité de pouvoir communiquer avec les gens dans la langue qu’ils comprennent le mieux lorsqu’il s’agit de questions complexes, comme la qualité de l’eau et la protection des lacs. Le statut bilingue permet à une municipalité d’utiliser à la fois le français et l’anglais dans ses communications écrites et orales ainsi que sur sa signalisation.

Le processus de révocation ou de renouvellement du statut doit avoir lieu tous les cinq ans, après chaque recensement.

Bien que toutes les municipalités aient choisi de rester bilingues cette fois-ci, l’OQLF a indiqué qu’il y avait également des avantages pour les services en français. Les discussions entourant cet exercice ont également amené d’autres municipalités à examiner leurs pratiques afin de s’assurer qu’elles communiquent en français avec le public, selon l’office.