Jose Leos Cervantes, un Mexicain installé à Toronto, a été retrouvé dans un état critique le 19 février dernier au Vermont près d’un poste frontalier. Il est le deuxième migrant à mourir cet hiver en tentant de traverser la frontière canado-américaine.

Il était à la recherche d’une vie meilleure. Mais le 19 février dernier, il s’est évanoui dans une brise glaciale avant de mourir à l’hôpital. La mort de Jose Leos Cervantes, originaire d’Aguascalientes, au Mexique, n’est pas considérée comme suspecte, a confirmé la police locale par communiqué. L’homme de 45 ans s’était établi au Canada avec sa famille depuis peu.

PHOTO TIRÉE DU COMPTE FACEBOOK DE JOSE LEOS CERVANTES

Jose Leos Cervantes

Selon les informations rendues publiques, il se serait effondré après avoir été repéré par des patrouilleurs américains non loin de la frontière canado-américaine. Les agents de la Newport Station Border Patrol ont repéré M. Cervantes, accompagné par deux autres personnes, un homme et une femme, peu avant 23 h. « Le groupe était soupçonné de vouloir entrer aux États-Unis illégalement. Dès qu’ils ont vu les agents, deux d’entre eux se sont dirigés vers la frontière alors que le troisième individu s’est évanoui », a confirmé le porte-parole de la U.S. Customs and Border Protection, Ryan Brissette.

Les agents ont tenté en vain de réanimer le migrant, indique-t-on par communiqué. Il est mort dans un centre hospitalier au Vermont. La cause exacte de sa mort n’a pas été précisée.

Des résidants préoccupés

Les autorités multiplient leurs patrouilles à la suite de l’augmentation récente de migrants traversant la frontière, ont remarqué des résidants de Stanstead rencontrés par La Presse.

PHOTO CATHERINE LEFEBVRE, COLLABORATION SPÉCIALE

La douane de Stanstead

Janis Smith habite juste à côté de la clôture qui sépare les États-Unis du Canada.

« J’ai passé mon enfance ici. J’étais là avant la clôture ! », précise-t-elle.

Elle estime que ceux qui traversent en hiver courent un grave danger. « C’est pour ça qu’on avise les autorités quand on en voit. Ce n’est pas parce qu’on a peur d’eux, c’est qu’on a peur pour eux quand il fait plus froid », se désole Mme Smith.

C’est sans surprise qu’elle voit des patrouilleurs à toute heure de la journée. « Parfois, il y en a plus pendant un certain temps, alors on sait qu’ils cherchent quelqu’un. »

La traversée semble facile, mais elle peut être périlleuse selon les conditions météorologiques. « On entend parler des morts, car ça se retrouve aux nouvelles. Mais il y en a sûrement qui traversent blessés ou malades, presque en hypothermie. »

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Jose Leos Cervantes se serait effondré après avoir été repéré par des patrouilleurs américains non loin de la frontière canado-américaine.

À trois maisons de chez elle, Jeff Flanders est du même avis. « Je ne suis pas surpris que quelqu’un soit mort. C’est triste, mais je me dis que même avec plus de patrouilles, il y aurait quand même des gens pour prendre ce risque, car ils n’ont rien à perdre. »

Il a lui-même dû alerter les autorités il y a deux ans en février, quand il a aperçu un homme traverser la cour arrière de son voisin.

« Ils ne sont pas préparés à ça »

Le 30 janvier dernier, un migrant a frôlé la mort en voulant traverser la frontière américaine à Potton.

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Le 30 janvier dernier, un migrant a frôlé la mort en voulant traverser la frontière américaine à Potton.

Il tentait de se rendre aux États-Unis à partir de l’Estrie. Selon la Gendarmerie royale du Canada, sa famille a contacté les autorités en pleine nuit pour signaler sa disparition.

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Charlie Barnett

Cela ne surprend pas Charlie Barnett. Le fermier de 77 ans né à Potton a aperçu « au moins six » personnes qui tentaient la traversée.

« Ils portent des vêtements d’été. Parfois avec de petits souliers, sans chaussettes, dans la neige. »

La traversée est, à son avis, ardue et inhospitalière en hiver. Il faut marcher longtemps avant de trouver refuge, ajoute-t-il. « Si on a faim ou soif ou froid, c’est assez dur ici de trouver quoi que ce soit. Ils ne sont pas préparés à ça, ils partent dans l’urgence sans rien apporter. »

Une femme arrêtée

Maria Constante-Zamora, une femme de l’Équateur résidante du Connecticut, a été arrêtée en lien avec l’évènement, selon des documents judiciaires obtenus par La Presse. Elle a plaidé non coupable à un chef d’accusation concernant le transport illégal d’un individu, pour lequel elle risque cinq ans de détention. Deux autres migrants se trouvaient sur place au moment des faits. L’un d’entre eux a été appréhendé par la police et est considéré comme un témoin dans ce dossier.