La Municipalité de Tadoussac craint l’impact économique qui viendrait avec la construction d’un pont vers la Côte-Nord et demande au gouvernement de François Legault de se pencher sur la question.

La grande majorité des élus de la Côte-Nord réclament depuis des années la construction d’un pont pour traverser la rivière Saguenay entre Tadoussac et Baie-Sainte-Catherine. À l’heure actuelle, les automobilistes doivent emprunter le traversier ou faire un long détour par la ville de Saguenay.

Le gouvernement de la CAQ a déjà commandé deux études sur la question. Le premier ministre a montré de l’ouverture pour le projet et l’ancien maire de Baie-Comeau désormais député caquiste de René-Lévesque, Yves Montigny, milite pour le projet depuis des années.

Mais Tadoussac a peur de perdre les quelque 70 emplois liés au traversier, en plus des retombées économiques qui viennent avec le passage de milliers de voitures et de motoneiges.

« On comprend bien l’importance d’un lien direct pour l’économie de la Côte-Nord. Mais de là à contourner et isoler un peu Tadoussac… Si ça se fait à notre détriment, ça pourrait être mal vu », lance en entrevue le maire Richard Therrien.

Le conseil municipal vient d’adopter une résolution qui demande à Québec de mener une étude qui se penche uniquement sur les impacts économiques d’un pont sur le village de 814 habitants.

« Au-delà des 70, 80 emplois du traversier », le maire détaille une série d’impacts qui pourraient affliger son village. Il craint notamment que les motoneigistes, qui viennent au village pour emprunter le traversier, ne le désertent s’ils ne peuvent passer sur le futur pont.

« L’hiver, il y a des milliers de motoneigistes qui viennent coucher, manger, gazer à Tadoussac. On craint la dévitalisation des commerces », dit-il.

Deux études sont déjà en cours

Le gouvernement caquiste a déjà commandé une étude d’opportunité sur le pont. Cette étude doit notamment examiner trois scénarios. Dans deux d’entre eux, le pont contournerait Tadoussac, et dans le troisième, il passerait près de son centre.

Québec a aussi commandé une étude socioéconomique sur « les répercussions de la construction […] sur l’exploitation de la traverse Tadoussac–Baie-Sainte-Catherine » et sur « des mesures d’atténuation envisageables ». Tadoussac estime que cette étude est trop large et en exige donc une troisième.

Cette demande n’est pas acceptable pour la Coalition Union 138, qui réunit des élus, des communautés innues et des organismes de la Côte-Nord en faveur d’un pont.

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Navire marchand à sa sortie du fjord du Saguenay

« Ça fait 60 ans qu’on parle de ce dossier-là, qu’on a ce souhait-là d’un lien fixe avec le reste du Québec », remarque Guillaume Tremblay, porte-parole de la Coalition. « Et dans le passé, il y en a eu plusieurs, des études réalisées, mais rien n’a bougé. »

Il dit comprendre les inquiétudes de Tadoussac, mais invite les élus à attendre la publication de l’étude socioéconomique avant d’en réclamer une autre.

La Coalition espère que les deux études seront publiées l’automne prochain. « La véritable partie va être de convaincre le gouvernement Legault d’aller de l’avant », dit Guillaume Tremblay.

« Avec le troisième lien, on voit que le prix n’a pas d’importance quand la volonté politique est là, souligne-t-il. On voit que la volonté politique pour le troisième lien est là. On veut la même volonté politique ici. »