(Montréal) La nouvelle offre de Québec touchant les conditions de travail des enseignants, infirmières et psychologues, qui a été transmise par courriel aux syndicats, les a passablement irrités. Ils la reçoivent comme « une tonne de roches » et ils invitent le Conseil du trésor à respecter la loi.

Après avoir déposé ses offres salariales à la mi-décembre, la présidente du Conseil du trésor, Sonia LeBel, avait annoncé mercredi le dépôt d’une nouvelle offre aux enseignants, infirmières et psychologues. Mais elle tenait à le faire devant des forums de discussions plutôt qu’aux tables de négociation proprement dites.

Or, les syndicats du secteur public ont tous refusé de participer à ces forums de discussions, n’y voyant pour le gouvernement qu’une manière de gagner du temps et de se perdre dans un plus grand ensemble. Pour eux, les problèmes sont connus et ils doivent être réglés en négociant des clauses en conséquence aux « vraies » tables de négociation.

Comme les syndicats ne se sont pas présentés à ces forums mercredi matin, la ministre LeBel a été contrainte de leur transmettre son offre par courriel, a-t-elle admis lors d’un point de presse. Elle a réitéré sa déception de voir les syndicats décliner son invitation.

« De l’amateurisme »

« On reçoit ça comme une tonne de roches », s’est exclamée la présidente de la FTQ, Magali Picard, en entrevue.

« C’est décevant de voir l’amateurisme » du gouvernement qui présente ses offres aux syndicats par courriel et en point de presse, plutôt qu’aux tables de négociation. « On est loin d’une négociation sérieuse. Je ne comprends pas que ça se fasse publiquement. On a des gens prêts à négocier aux tables » et qui attendent, a fait valoir Mme Picard.

À la Fédération des syndicats de l’enseignement, affiliée à la CSQ, la présidente Josée Scalabrini a carrément invité la ministre LeBel à respecter la loi 37 qui encadre la négociation du secteur public.

« Madame Sonia LeBel est quand même procureure. Elle sait c’est quoi une loi ; elle sait c’est quoi le respect même d’un encadrement juridique. Nous, on va l’appeler à respecter cet encadrement juridique-là », a lancé Mme Scalabrini.

« Je mets 700 millions »

La ministre évalue ses offres à 700 millions. « Je mets sur la table immédiatement, en début de négociation, des offres qui valent 700 millions. »

Son offre porte d’abord sur l’ajout d’« aides à la classe » pour alléger la tâche des enseignants, en faisant appel à du personnel de soutien. De l’aide pourrait ainsi être apportée à 15 000 classes.

Ensuite, pour les psychologues du réseau public, elle propose de bonifier la rémunération globale – pas seulement les salaires, a-t-elle précisé.

Finalement, pour les infirmières, la nouvelle offre prévoit davantage de congés et une « bonification substantielle » pour celles qui accepteraient de travailler du vendredi au lundi, à certaines conditions.

Pour ce qui est des aides à la classe, Mme Scalabrini trouve bonne l’idée, mais elle insiste sur le fait qu’il ne s’agit que d’un outil qui doit servir avec d’autres, pour alléger la tâche des enseignants et la composition des classes.

Et la présidente de la Fédération des syndicats de l’enseignement rappelle que Québec veut apporter cette « aide à la classe » avec des employés de soutien… alors qu’« il y a aussi pénurie de personnel de soutien ».