Après le choc, la reprise en main. Deux jours après le tremblement de terre qui a fait au moins 7800 morts en Turquie et en Syrie, l’aide internationale s’organise et se met en place. Dans la métropole, des centaines de personnes affluaient mardi soir, au Centre communautaire turc de Montréal, pour prêter main-forte.

« C’est extrêmement touchant et ça fait chaud au cœur », lance Mehmet Kocabas, un Montréalais d’origine turque installé au Canada depuis l’âge de 5 ans. Derrière lui, des dizaines de personnes s’activent pour remettre des vêtements, de la literie, des équipements de sauvetage ou des denrées non périssables.

Toutes ces ressources seront acheminées vers Istanbul. « Il y a des vols directs entre Montréal et Istanbul trois fois par semaine. Et avec Turkish Airlines, il y a de l’espace cargo réservé exclusivement pour l’envoi d’aide humanitaire. Tout ce qui est déjà parti, ça sera sur le vol de demain soir. Puis, jeudi, ça arrivera en Turquie, pour être distribué vendredi », résume M. Kocabas.

Le dentiste de profession, dont une bonne partie de la famille réside toujours en Turquie, se dit « ému de voir autant de gens issus de diverses communautés venir prêter main-forte au peuple turc ». « Pour nous tous, il y a un sentiment d’urgence, dit-il. Il fait très froid en ce moment en Turquie, donc les risques d’hypothermie ou de décès sont grands, et pas juste pour les gens qui sont sous les décombres, mais aussi pour tous ceux et celles qui sont à la rue », résume-t-il.

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Mehmet Kocabas

Plusieurs immeubles menacent de céder en ce moment, dans plusieurs secteurs. Les gens ont peur. On se sent tous dans l’obligation de prêter main-forte. Mais vraiment, on est ébahis par toute cette solidarité.

Mehmet Kocabas

« Nous n’oublierons jamais »

Aussi présent sur place, le vice-consul du consulat général de la Turquie à Montréal, Erdal Atik, n’a pu retenir ses larmes devant cet élan de solidarité.

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Erdal Atik, vice-consul du consulat général de la Turquie à Montréal

« En ce moment, nous avons besoin d’aide, de toutes sortes d’aide. On veut dire merci au gouvernement canadien pour son aimable soutien et sa solidarité », a-t-il lancé au micro, alors que pendant un bref instant, la foule s’apaisait pour l’écouter.

Nous n’oublierons jamais nos compatriotes. Je peux vous dire que le gouvernement turc fait tout ce qu’il peut en ce moment. J’espère sincèrement que nous pourrons retrouver le plus de gens possible.

Erdal Atik, vice-consul turc à Montréal

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Les gens venus aider étaient nombreux mardi soir au Centre communautaire turc de Montréal.

Le policier montréalais Onder Suyum, d’origine turque, s’était aussi déplacé. « Le peuple turc a vécu une des plus grandes catastrophes qui est arrivée au monde depuis les 100 dernières années. Il passe une période très difficile actuellement, et on fait de notre possible pour les aider du peu qu’on peut », a-t-il lancé, aussi ému. « Je remercie le peuple québécois et toutes les autres communautés qui en font partie. »

L’aide se multiplie

Partout ailleurs, les initiatives se multiplient. « Le téléphone n’arrête pas de sonner. Les gens sont inquiets. Ils veulent savoir comment ils peuvent aider », lance Giokhan Kurtoglu, porte-parole de Turquebec, association indépendante qui représente la communauté turque de Montréal. Il souligne qu’une « majorité » de Montréalais d’origine turque proviennent de régions touchées par le tremblement de terre, soit Kahramanmaras, Hatay et Eskendurun, ce qui accentue le sentiment d’angoisse.

« Il y a des gens, ils nous disent qu’ils ont encore des membres de leur famille sous les décombres. Il y en a d’autres qui ne parviennent pas à rejoindre leurs proches. Les communications ne fonctionnent pas vraiment », s’attriste M. Kurtoglu.

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Rencontre dans les bureaux de la Fondation Alep pour organiser l’aide aux sinistrés

Même urgence du côté de la Fondation Alep, qui se concentre sur la Syrie. « On reçoit des dizaines d’appels. Beaucoup de Syriens et de Libanais de la diaspora, mais aussi des Québécois, lance Fares Antaki, président de la Fondation. Les gens ont vu des images et sont dévastés par ça. Ils veulent aider leurs cousins, leurs familles. Ils se sentent impuissants et se demandent comment faire parvenir leur contribution. »

M. Antaki rappelle qu’il est très difficile d’acheminer de l’aide dans la région d’Alep, toujours sous le coup de sanctions internationales.

Il encourage les donateurs à passer par les églises syriennes, qui offrent, selon lui, un canal « légal » et sécuritaire, avec des relais fiables sur le terrain.

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Les ressources amassées au Centre communautaire turc de Montréal seront acheminées vers Istanbul, en Turquie.

Où donner ?

On pourra donner en personne, samedi à 17 h à la Cathédrale Saint-Sauveur des Grecques Melkites Catholiques, au 10025, boulevard de l’Acadie, et dimanche midi à la Cathédrale syriaque Saint-Éphrem, au 3155, boul. Cartier O., à Laval, ou encore sur le site de l’Éparchie Grecque Melkite du Canada.

Il est aussi possible d’effectuer des dons chez Turquébec (turquebec.com) ou au Centre communautaire turc de Montréal, voisin de la mosquée Yunus, au 3783, rue Villeray, qui ouvre ses portes tous les soirs de 18 h à 21 h, et la fin de semaine de 10 h à 17 h. Le Centre demande des sacs de couchage, des tentes, des vêtements chauds, des bottes, des couches, des denrées non périssables et autres articles susceptibles de répondre au froid et à l’urgence immédiate. On peut également envoyer des dons en argent à l’adresse courriel turkyieearthquakehelpcanada@gmail.com.

Sur le plan des organisations internationales, la Croix-Rouge canadienne vient de lancer le Fonds de secours « Séismes en Türkiye et en Syrie » afin d’« apporter des secours immédiats aux personnes éprouvées et de les accompagner au fil de leur rétablissement ». On peut faire un don en ligne à l’adresse www. croixrouge.ca ou en composant le 1 800 418-1111. Des dons à Oxfam-Québec permettront de fournir « une protection, de l’eau, des abris et une aide alimentaire d’urgence aux populations affectées », à un moment où la Syrie est déjà très affaiblie par des années de guerre civile.

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Collecte de dons au Centre communautaire turc de Montréal