En pleine controverse, des leaders de la communauté musulmane au Québec ont contacté la nouvelle représentante spéciale du Canada chargée de la lutte contre l’islamophobie, Amira Elghawaby, pour lui demander de s’excuser d’avoir dépeint les Québécois comme « antimusulmans ».

Réunis à l’Assemblée nationale mardi pour assister à la présentation d’une motion par le Parti libéral du Québec (PLQ) pour commémorer les victimes de l’attentat à la grande mosquée de Québec, certains d’entre eux l’ont contactée afin de lui faire valoir leur opinion, a révélé le co-fondateur du Centre culturel islamique de Québec, Boufeldja Benabdallah, en entrevue au 98,5 FM.

PHOTO FRANCIS VACHON, LA PRESSE CANADIENNE

Boufeldja Benabdallah, co-fondateur du Centre culturel islamique de Québec

Joint par La Presse mercredi soir, ce dernier a insisté sur l’importance ressentie par ces représentants de la communauté de poser un geste afin de tenter de calmer la grogne entourant la nomination d’Amira Elghawaby à ce nouveau poste malgré des déclarations passées controversées.

On n’a pas dit : « il faut t’expliquer ». Non, on n’est plus dans les explications. Il fallait que ce soit une phrase : « je m’excuse auprès du peuple québécois », point à la ligne.

Boufeldja Benabdallah

Il a ensuite insisté pour dire qu’il ne considère pas lui-même la population québécoise comme islamophobe et qu’il ne souhaite que « vivre tranquillement en tant que québécois ».

« Comme partout ailleurs, c’est une infime minorité, mais qui crie fort contre les musulmans, mais ce n’est pas la totalité de la population [du Québec qui est islamophobe] », a-t-il répété en insistant sur la vague d’appuis et d’amour qu’il a reçus de la population après l’attentat tragique du 29 janvier 2017 lors duquel six personnes ont perdu la vie sous les balles.

Laisser la chance au coureur

« Il ne fallait pas qu’elle reste dans un discours ambigu, il fallait [qu’elle] le dise clairement que : “ ce n’est pas ce que je voulais dire et ce que je dis c’est que les Québécois ne sont pas islamophobes ” », a-t-il expliqué.

Plus tôt mercredi, Amira Elghawaby s’est finalement excusé aux Québécois à la sortie de sa rencontre avec le chef bloquiste, Yves-François Blanchet. Des paroles toutefois insuffisantes aux yeux du gouvernement Legault qui continue de réclamer sa démission.

De son côté, Boufeldja Benabdallah juge qu’on devrait « laisser la chance au coureur » et entend plutôt juger le bilan d’Amira Elghawaby en fonction de si elle réussit à « livrer la marchandise ».

Rappelons que cette dernière est au cœur d’une controverse depuis sa nomination jeudi dernier, notamment pour avoir déjà écrit dans une chronique que la « majorité des Québécois » semblaient « influencés par un sentiment antimusulman ». Le décret confirmant sa nomination indique qu’elle recevra un salaire compris entre 162 700 $ et 191 300 $ et qu’elle doit entrer en poste le 20 février.

Lisez l’article « Québécois dépeints comme “ antimusulmans ” : Amira Elghawaby s’excuse, mais c’est insuffisant, dit Québec »