Visé par des allégations d’agression d’une autre femme, le cardinal Marc Ouellet persiste et signe : il n’a « rien à cacher ». Dans une lettre parue samedi, il nie avoir commis « tout comportement répréhensible », assurant plutôt avoir « pleinement » collaboré à l’enquête menée sur cette seconde plainte.

« Je n’ai rien à cacher et ai agi en toute transparence dans le cadre de ce processus », écrit l’ancien archevêque de la capitale dans une courte déclaration envoyée aux médias dès le début de la journée.

L’archidiocèse de Québec avait confirmé vendredi qu’on lui avait signifié en 2020 une deuxième plainte concernant des allégations d’inconduite sexuelle visant le cardinal Marc Ouellet.

Dans une lettre datée du 23 juin 2021, dont l’hebdomadaire catholique français Golias Hebdo a révélé l’existence, l’actuel archevêque de Québec, Gérald Cyprien Lacroix, informe d’abord la plaignante que ses allégations ont été « directement transmises » par ses soins au pape François, qui a alors ordonné la tenue d’une enquête préliminaire, à l’interne.

À la suite de cette enquête, le pape a toutefois décidé « de ne pas retenir l’accusation portée », écrit le cardinal Lacroix. L’archevêque de Québec explique que le pape François n’a trouvé « aucune raison de prendre ultérieurement en considération l’incrimination aux dépens du cardinal Ouellet ».

Dans sa déclaration publique de samedi, le cardinal Marc Ouellet affirme n’avoir pas jusqu’ici commenté le reportage du magazine Golias pour demeurer « respectueux de la confidentialité du processus de plainte Vos estis lux mundi du Vatican ».

« Je confirme avoir volontairement participé à une enquête menée sur cette plainte et avoir pleinement collaboré à cet égard. […] J’ai ultimement été informé que la plainte avait été rejetée, notamment en raison du fait que la plaignante avait choisi, après le dépôt de sa plainte, de ne pas rencontrer les personnes responsables de l’enquête », poursuit le cardinal.

Ce dernier nie « avoir commis tout comportement répréhensible à l’égard de cette femme », qui ne s’identifie que par le pseudonyme de Marie.

« Je tiens à souligner qu’à ma connaissance, aucune demande émanant de cette femme pour réactiver le processus de plainte n’a été formulée. Je n’ai fait l’objet d’aucune autre plainte de sa part, et ce, tant sur le plan civil que criminel », insiste M. Ouellet, en réitérant « l’importance pour toutes les victimes d’abus sexuels de dénoncer et de ne pas se laisser décourager par ce type de publication ».

Le combat de Paméla Groleau

Rappelons qu’il y a une dizaine de jours, une autre femme qui accuse le cardinal Ouellet d’agressions sexuelles avait révélé son identité et accusé l’Église catholique d’avoir tenté de la faire taire « à coups de menaces et d’intimidation ».

Connue jusque-là sous le nom de « Mme F », Paméla Groleau fait partie d’une vaste action collective intentée en août contre l’archidiocèse de Québec par 139 plaignantes, qui accusent d’agression sexuelle des dizaines de prêtres. Mme Groleau a expliqué qu’elle avait voulu d’abord demeurer dans l’anonymat pour protéger sa famille, son emploi et sa santé mentale.

Dans sa poursuite, Mme Groleau accuse le cardinal Marc Ouellet de plusieurs agressions sexuelles commises entre 2008 – alors qu’elle avait 23 ans – et 2010. Le prélat, qui était alors archevêque de Québec, lui aurait notamment glissé la main dans le dos et lui aurait touché les fesses lors d’un évènement dans la capitale.

« Ce combat, je le fais pour moi, mais aussi pour toutes les victimes du clergé qui depuis des décennies cherchent à être entendues et reconnues. […] Ce combat, je le mène pour retrouver ma dignité qui m’a été arrachée », a expliqué l’agente de pastorale qui avait convié une poignée de journalistes au bureau du cabinet d’avocats Arsenault Wee Dufresne, à Montréal.

De son côté, le cardinal Marc Ouellet a là encore nié « catégoriquement » avoir agressé Mme Groleau. Il a déposé une poursuite de 100 000 $ pour diffamation contre elle il y a un peu plus d’un mois. Ses avocats ont laissé entendre que M. Ouellet n’avait aucun souvenir d’avoir rencontré Mme Groleau, et que sa réputation internationale avait été grandement ternie durant cette affaire.

Avec La Presse Canadienne et Caroline Touzin, La Presse