(Montréal) Interpellée par la multiplication des morts et des blessés graves chez les piétons au Québec, une coalition représentant des automobilistes, des usagers du transport en commun, des cyclistes et des piétons demande au gouvernement Legault de mettre sur pied une stratégie gouvernementale de sécurité routière.

« À Montréal, Laval, Matane, Saint-Basile-le-Grand, Gatineau, dix personnes ont perdu la vie et dix autres ont vu leur vie changée à jamais depuis le début de décembre alors qu’elles marchaient, tout simplement », a dit Sandrine Cabana-Degani, directrice générale de Piétons Québec.

Parmi les victimes, la moitié avait plus de 60 ans, a-t-elle noté. « Ces décès sont évitables. Ils sont le résultat de notre inertie et de notre déresponsabilisation collective en matière de sécurité routière. »

PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

Sandrine Cabana-Degani, directrice générale de Piétons Québec

Elle demande au gouvernement et au premier ministre d’adopter une stratégie de sécurité routière, stratégie que le gouvernement s’était engagé à adopter en 2018 lors du dépôt de sa politique de mobilité durable.

« Cinq ans plus tard, cet engagement se fait toujours attendre », a-t-elle dit.

PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

Nicolas Ryan, directeur des affaires publiques chez CAA-Québec

Nicolas Ryan, directeur des affaires publiques chez CAA-Québec, note qu’il est urgent pour le gouvernement du Québec de s’attaquer au problème de la sécurité des usagers de la route les plus vulnérables.

« Tous les représentants de tous les types de transports réclament aujourd’hui une stratégie de sécurité routière provinciale. Il faut tenir compte de tous les usagers de la route pour améliorer le bilan routier, et ce, partout au Québec. »

La coalition sollicite une rencontre avec la ministre des Transports, Geneviève Guilbault, et avec le premier ministre, François Legault.

Concrètement, le groupe réclame notamment une refonte des normes du ministère des Transports, normes qui servent de guide pour les ingénieurs en transport des municipalités à travers le Québec.

Le gouvernement provincial a un impact immense sur la façon dont est aménagé le réseau routier, et s’il tient compte des usagers les plus vulnérables, comme les aînés et les enfants.

Sandrine Cabana-Degani, directrice générale de Piétons Québec

Christian Savard, directeur général de Vivre en Ville, a dit que les évènements des dernières semaines, après la mort de la jeune Mariia Legenkovska, tuée par le conducteur d’un VUS alors qu’elle était sur le chemin de l’école le mois dernier à Montréal, ont choqué la population.

« On sent un éveil. Les gens sont tannés. Il y a eu des manifestations spontanées à Montréal et à Québec. On est prêts, et le gouvernement en principe est prêt lui aussi, depuis 2018. Malheureusement, rien n’a été fait », a-t-il dit.

« Plus loin, plus vite »

En entrevue avec La Presse, la Dre Mylène Drouin, directrice régionale de santé publique pour la région de Montréal, a aussi dit appuyer l’idée d’une stratégie gouvernementale de sécurité routière.

« Une telle stratégie gouvernementale permettrait d’aller plus vite, plus loin, dit-elle. Les leviers municipaux ne permettent pas d’agir partout. Par exemple, les grandes artères sont de juridiction provinciale. »

La Dre Drouin note que de nombreuses mesures d’apaisement de la circulation ont déjà porté leurs fruits, notamment l’implantation du Réseau express vélo (REV) dans la rue Saint-Denis, qui était auparavant entièrement dédiée aux déplacements motorisés.

« Là où on a le plus de gains, c’est quand on travaille sur les aménagements. Ils peuvent nous aider à réduire les volumes de circulation. Je salue le fait que la Ville de Montréal veut sécuriser là où il y a des usagers les plus vulnérables, mais on devrait l’étendre aussi à nos grandes artères, dans une vision beaucoup plus globale. »

L’accès aux transports actifs et collectifs a des impacts positifs profonds dans une population, dit-elle. « Quand on passe de l’auto au transport en commun, on marche en moyenne 20 minutes par jour. On se rapproche de la recommandation pour l’activité, en plus d’agir sur le bruit, la pollution de l’air, les émissions de gaz à effet de serre, et en plus on fait des quartiers sécuritaires pour tous. »