Reconduit dans son poste pour un deuxième mandat, le ministre de l’Agriculture André Lamontagne compte poursuivre sa mission d’accroître l’achat local au sein de l’État québécois. D’ici 2026, 100 % des institutions publiques devront se doter d’une cible pour hausser leurs achats d’aliments du Québec. Pour aider à y parvenir, il annoncera ce vendredi matin un investissement de 2,1 millions pour accompagner les écoles primaires et secondaires afin qu’elles offrent davantage de produits d’ici aux enfants.

« Quand on dit “achat institutionnel”, ça a l’air d’être le gouvernement qui achète, mais en réalité, ce n’est pas vraiment le gouvernement, c’est 1397 organisations de l’enseignement supérieur, de la santé et de l’éducation. Chacun des groupes, il faut qu’il y adhère », a expliqué le ministre en entrevue avec La Presse. « On ne les contrôle pas. Ce qu’on peut faire, c’est les influencer pour qu’ils embarquent. »

Les 1397 organismes cités par le ministre représentent 77 % des achats alimentaires publics. Depuis la mise en place de la Stratégie nationale d’achat d’aliments québécois en septembre 2020, 779 institutions, soit 56 %, se sont dotées d’un tel plan.

Comparativement au secteur de la santé et de celui de l’enseignement supérieur, le réseau de l’éducation primaire et secondaire traîne la patte.

En date d’octobre, seuls 49 % des établissements scolaires s’étaient dotés d’une cible d’achat local, contre 66 % des établissements d’enseignement supérieur et 64 % des établissements de santé et de services sociaux. Le ministre André Lamontagne veut faire bouger l’aiguille.

Il profitera du deuxième Forum pour une alimentation locale et durable dans les institutions publiques du Québec, organisé ce vendredi par l’Institut de tourisme et d’hôtellerie du Québec (ITHQ), pour annoncer un partenariat avec M361. Cet organisme recevra 2,15 millions afin d’accompagner les écoles pour qu’elles aient un plus grand accès à des aliments québécois favorisant une alimentation « saine, locale et durable ». L’organisme devra aussi appeler un nombre accru d’établissements scolaires à se doter de cibles.

Pas des objectifs « de pépère »

Lors de son premier mandat, le gouvernement Legault a fait de l’autonomie alimentaire du Québec l’une de ses grandes priorités. Avec le dépôt de la Stratégie nationale d’achat d’aliments québécois, Québec voulait prêcher par l’exemple en demandant aux institutions d’accroître l’achat d’aliments locaux.

Au printemps 2022, le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ) a atteint son premier objectif : 45 % des institutions visées se sont dotées de cibles. La prochaine marche à atteindre est plus élevée.

D’ici mars 2023, le gouvernement vise à ce que 85 % des établissements des réseaux de l’éducation, de l’enseignement supérieur ainsi que de la santé et des services sociaux se fixent une cible d’achat d’aliments québécois.

Bien qu’il ne reste que quelques mois avant l’atteinte de cette échéance, le ministre Lamontagne a bon espoir de l’atteindre. Il dit même avoir mis en place une équipe de style « SWAT » au sein du MAPAQ afin d’y parvenir.

« Oui, ça vient vite, mais honnêtement, ça opère, notre affaire, là. La machine est vraiment, vraiment en fonction », dit-il.

Honnêtement, les objectifs qu’on s’est fixés, c’est très, très, très ambitieux […] Ce n’est pas des objectifs de pépère.

André Lamontagne, ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation

À quoi ressemblent les objectifs fixés par les 779 institutions ? C’est « du cas par cas », précise M. Lamontagne. Cela dépend surtout du point de départ.

Un établissement qui ne se soucie aucunement de l’achat local achèterait en moyenne 20 à 30 % d’aliments d’ici. Ceux qui s’en préoccupent « un peu » se situent autour de 30 à 40 %, alors que ceux qui font des efforts oscillent entre 40 et 60 %. Une poignée d’institutions exemplaires parviennent à atteindre 80 %.

Une fois le diagnostic fait, les services alimentaires des hôpitaux, des CHSLD ou des universités peuvent adopter des objectifs tels qu’augmenter les achats de fruits et légumes locaux ou viser des menus qui respectent davantage la saisonnalité des aliments québécois. L’ITHQ a d’ailleurs été mandatée pour développer des menus pour inspirer les cuisiniers des institutions publiques.

Même s’il est aujourd’hui incapable de chiffrer la hausse des volumes achetés grâce à la hausse des cibles, le ministre est convaincu que cela se traduit par une hausse des recettes pour les agriculteurs et transformateurs québécois.

« Tout ce qu’on fait, ultimement, c’est parce que l’objectif, c’est que ça se traduise en dollars sur le territoire pour des achats. »