Pas de chauffage, un lit d’enfant sale, des fils électriques au sol et des enfants habillés inadéquatement : une garderie illégale dans le secteur de Villeray a dû être évacuée d’urgence en octobre dernier. Les conditions au Palace des anges étaient potentiellement dangereuses, selon le gouvernement, alors que la propriétaire déplore « des attaques mensongères. »

Le Palace des anges a changé de local l’hiver dernier, indiquent les documents judiciaires. La propriétaire de l’établissement, Khadidja Bensalem, était titulaire d’un permis de garderie à l’ancien endroit. Elle ne détient toutefois aucun permis de garderie ou de CPE pour les locaux situés rue Jarry Est, précisent les documents de cour.

La garderie Palace des anges n’était pas sécuritaire pour les enfants, a constaté le ministère de la Famille lors d’une inspection les 11 et 12 octobre, selon une demande d’injonction déposée cette semaine.

Les inspecteurs ont fait irruption dans un endroit sans chauffage, où le thermostat n’était pas fixé au mur et dont les fils électriques étaient exposés.

Certains enfants étaient sans chaussures et pas habillés convenablement, alors qu’il faisait frais dehors.

Plusieurs lampes sur pied encombrent les espaces de circulation des bambins au milieu du vestiaire et près des toilettes.

On y retrouve un lit d’enfant sale sur le bureau et des rallonges électriques traînent au sol.

L’endroit a donc été évacué d’urgence le 14 octobre dernier. « Les risques pour la santé et la sécurité des enfants constituent un préjudice irréparable. »

« Des attaques mensongères »

« Nos services sont exceptionnels au point où les parents refusent de nous voir fermer devant ces attaques mensongères », estime Khadidja Bensalem, jointe par La Presse.

L’établissement est muni d’un système de surveillance vidéo. Elle invite le ministère à visionner ces séquences filmées. « Ils vont voir que tout était parfait et que les parents sont contents. »

Elle explique l’état de la garderie lors de la visite des inspectrices par une coupure d’électricité. « En octobre il faisait chaud cette journée-là. On n’avait pas besoin de chauffage », poursuit-elle.

Miguel Martinez amenait ses enfants au Palace des anges chaque jour depuis environ un mois et demi. « Je trouvais plusieurs choses un peu louches », explique-t-il en entrevue.

Dès leur deuxième semaine à la garderie, ses enfants sont tombés malades. « C’est normal, mais je me demandais pourquoi ils avaient les pieds et les mains froids. »

Les enfants, qui étaient censés recevoir trois repas, avaient souvent faim, raconte-t-il. « La plus vieille me disait qu’elle n’avait presque pas mangé. Les employés me répondaient qu’elle avait eu ses trois repas. »

La propriétaire était selon lui difficile à joindre par téléphone. « J’avais des questions, mais jamais de réponse. » Il a même demandé plusieurs fois à revisiter la garderie, sans succès.

Des parents dans le pétrin

Malgré l’inspection et l’évacuation de l’endroit, plusieurs parents déplorent la décision de fermer la garderie.

Célia Aboul, mère d’un poupon inscrit au Palace des anges, se retrouve mal prise. « C’est bien beau de fermer ça, mais on a été prévenus à la dernière minute. C’est vraiment dommage, car les enfants adoraient cet endroit. »

L’élève au DEP en secrétariat doit s’absenter de certains cours pour pouvoir être à la maison avec sa fille depuis la fermeture.

Franchesco Alexandre, un autre parent d’enfant, se désole de la fermeture de la garderie. « J’ai visité plusieurs fois. Tout était propre. Les enfants sont pris en charge dans des conditions optimales. »

Il va même jusqu’à dénoncer la façon « brusque » dont a fait preuve le ministère de la Famille en fermant la pouponnière, sans option de rechange pour les parents.

« On travaille, moi et ma femme. On ne peut pas se passer de la garderie. »