C’est son fils, Mathieu Hodgson, qui en a annoncé la mort de Larry sur le blogue Jardinier paresseux. Son père était atteint de fibrose pulmonaire dégénérative. Le 19 octobre, il a dû être hospitalisé, son état de santé s’étant dégradé au point qu’il ne pouvait plus rester à la maison pour recevoir les soins.

« Il a toujours su que ça viendrait, dit Mathieu Hodgson à La Presse. Pour lui, ce n’était pas une vie de rester à l’hôpital, de ne plus pouvoir écrire, de ne pas être en état de faire ce qu’il aimait le plus. On savait déjà qu’il demanderait l’aide médicale à mourir. »

Larry Hodgson aura exercé sa passion jusqu’à la toute dernière minute.

« La journée où on lui a demandé de se rendre à l’hôpital, il a refusé de quitter la maison avant d’avoir fini sa dernière chronique pour Le Soleil », confie Mathieu Hodgson, ému. Ses derniers jours ont été confortables et sereins, dit-il. « Il n’avait pas peur, il était prêt à partir. »

Bien qu’attendu, le décès de Larry Hodgson a bouleversé bien des jardiniers, qui ont été des milliers jeudi à commenter l’annonce de son décès sur les réseaux sociaux.

« Chaque printemps, lorsque la saison du jardinage recommençait, je sortais ses livres de la bibliothèque, j’en relisais des passages, je cherchais des informations supplémentaires sur le blogue. Il m’accompagnait dans toutes mes questions », a écrit l’une de ses nombreuses lectrices, Gabrielle Brochu.

La Fédération des sociétés d’horticulture et d’écologie du Québec a elle aussi reçu d’innombrables messages. « Nos membres sont vraiment très attristés », constate le directeur général de la Fédération, Pierre Blain.

Jardinier paresseux, communicateur travaillant

Larry Hodgson était très présent dans le monde horticole du Québec. D’abord avec ses chroniques, que le journal Le Soleil a publiées pendant près de 40 ans. Ensuite avec ses livres du Jardinier paresseux, des références en matière de jardinage. Et plus récemment avec son blogue, qui, avec ses quelque 3000 billets, a généré plus 15 millions de vues en 2021 seulement.

Larry Hodgson a aussi donné de nombreuses conférences dans des sociétés d’horticulture au Québec, organisé des voyages horticoles partout dans le monde et, jusqu’au printemps, animé une émission de radio à CKIA-FM et sur Facebook. Cette présence auprès des jardiniers de partout au Québec était « sa grande force », selon son ami Rock Giguère, chroniqueur horticole.

  • Larry Hodgson à la Fête des semences de Québec, en 2018

    PHOTO FOURNIE PAR LARRY HODGSON

    Larry Hodgson à la Fête des semences de Québec, en 2018

  • Larry Hodgson au Costa Rica, en 2008, alors qu’il travaillait comme guide horticole

    PHOTO FOURNIE PAR LARRY HODGSON

    Larry Hodgson au Costa Rica, en 2008, alors qu’il travaillait comme guide horticole

  • Larry et Mathieu Hodgson

    PHOTO FOURNIE PAR LARRY HODGSON

    Larry et Mathieu Hodgson

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Le journaliste à La Presse Pierre Gingras, qui écrit sur l’horticulture, a déjà demandé à Larry Hodgson comment il arrivait à composer avec le temps. Il se souvient encore de sa réponse. « Il m’a dit qu’il se levait à 5 h du matin et qu’il écrivait jusqu’à 9 h, tous les jours ou presque, raconte Pierre Gingras. S’astreindre à une telle discipline, pendant des années, ça ne peut que donner des résultats. »

Il avait beau s’appeler le Jardinier paresseux, « il en travaillait une shot ! », résume Pierre Gingras. « Larry était toujours avec son laptop, et il écrivait », renchérit Rock Giguère.

Des volumes de Larry Hodgson sont « très fouillés », souligne Pierre Gingras, pour qui ces ouvrages de référence constituent son plus grand héritage. Pierre Gingras en a lui-même plusieurs dans sa bibliothèque : Les vivaces, Jardins d’ombre, Pots et jardinières, Les annuelles…

Les Éditions Broquet ont publié 30 de ses livres. « Quand on sortait un livre de Larry, c’était toujours 15 000 exemplaires en partant », se souvient son éditeur, Antoine Broquet. En plus d’être bien documentés, ses livres avaient toujours une touche d’humour, dit-il : « Il a toujours voulu que les gens s’intéressent à l’horticulture. Pour lui, ce n’était pas une question d’argent. »

PHOTO FOURNIE PAR ROCK GIGUÈRE

Rock Giguère et Larry Hodgson, en 2007

Larry Hodgson a aussi été président de la Garden Writers Association, principale association des journalistes horticoles à travers le monde. En 2013, des centaines de journalistes, auteurs et photographes spécialisés en horticulture ont convergé à Québec pour la conférence annuelle, qu’il a organisée avec l’aide de Rock Giguère.

Sa présidente actuelle, Maria Zampini, garde un excellent souvenir de la conférence de Québec, « l’une des meilleures, sinon la meilleure », à ses yeux. Elle se rappelle très bien Larry, tout sourire, dans sa combinaison safari kaki. « Nous sommes tous plus riches d’avoir pu connaître Larry et sa façon de voir la vie comme Jardinier paresseux », écrit Maria Zampini, pour qui son impact positif dans le domaine ne peut être sous-estimé.

PHOTO FOURNIE PAR MARIA ZAMPINI

Maria Zampini a conservé l’écusson de la conférence organisée par Larry Hodgson.

Les membres de l’association s’estiment « bénis », dit-elle, d’avoir pu voir Larry en ligne, il y a à peine deux semaines, pour décerner à son blogue le titre de blogue horticole de l’année – un honneur que Larry considère comme le « point culminant de sa carrière ».

« C’est un autodidacte, qui a appris sur le tas, et qui a fait évoluer l’horticulture », dit Rock Giguère, qui le voit comme « un des leaders, sinon LE leader de la vulgarisation de l’horticulture au Québec ».

PHOTO FOURNIE PAR LA FÉDÉRATION DES SOCIÉTÉS D’HORTICULTURE ET D’ÉCOLOGIE DU QUÉBEC

Le 19 août, Larry Hodgson a été honoré lors du congrès annuel de la Fédération des sociétés d’horticulture et d’écologie du Québec.

« Il a mis à l’avant-scène l’écologie avant bien d’autres », ajoute Pierre Blain, de la Fédération des sociétés d’horticulture et d’écologie du Québec.

Les revenus publicitaires que le blogue du Jardinier paresseux génère depuis quelques mois permettront au fils de Larry Hodgson, Mathieu, de gérer le site à temps plein (et d’écrire un article de temps à autre). Des collaborateurs écriront sur une base régulière et Le Soleil a autorisé la publication de ses anciennes chroniques. « On pourra continuer de publier chaque jour, comme il y tenait tellement », conclut Mathieu Hodgson.