Vos réactions à la publication de l’article « Dehors, les téléphones ! » vendredi dernier, sur les écoles qui imposent des règles strictes quant à l’utilisation du téléphone cellulaire, ont été fort nombreuses… et quasi unanimes : oui, ces appareils devraient être interdits en classe, nous avez-vous écrit. Voici quelques-uns de vos témoignages.

Dans le casier

Le cellulaire est une invention très utile pour les apprentissages dans une salle de classe. Son utilisation doit cependant être bien gérée. Je ne vois pas l’utilité que l’élève le trimbale partout dans l’école. Le téléphone doit rester dans le casier sauf pour faire des travaux en classe avec l’autorisation et sous la supervision de l’enseignant. En cas d’urgence, l’établissement scolaire a des téléphones, comme c’était le cas avant la venue du cellulaire. Même si le cellulaire est dans un casier, les parents peuvent laisser des messages.

François Prieur

Mission impossible

Comme enseignant retraité du collégial pendant plus de trois décennies, j’ai vu arriver en classe le téléphone cellulaire au tournant des années 2000. Mes collègues et moi avons rapidement vu les effets dévastateurs de celui-ci sur la concentration des étudiants. La très grande majorité des enseignants l’ont interdit pendant les cours. Enseigner, c’est d’abord communiquer avec des individus avec lesquels vous avez un contact visuel et des interactions… Mission impossible avec un groupe dont les participants ont les yeux constamment rivés à un écran.

Richard Durand

Des règles à la maison

Je crois qu’on devrait instaurer des règles, certes. Il y a des limites à tout. Mais c’est à la maison que commence l’éducation des jeunes. Quand on a des parents eux-mêmes accros au téléphone dit intelligent, eh bien, l’école aura toujours de la difficulté à instaurer des règles. Celles-ci seront contestées autant par les parents que par leurs jeunes ados.

Gisèle Milette, ex-enseignante

En santé aussi

Bannir le téléphone cellulaire dans les écoles est une excellente idée. Prochaine étape : le bannir chez les travailleurs de la santé. Pour l’avoir vécu, en tant qu’ancienne infirmière, c’est un fléau. Les patients perdent des heures de bons soins. On magasine, on cherche des chums sur les sites de rencontres, on prend des rendez-vous, etc. L’enfer !

Catherine Beaudry, infirmière retraitée 

Apprendre les bonnes pratiques

Au travail, dans la vie de tous les jours, il existe déjà des pratiques à respecter. Il est important de les apprendre aux jeunes. Quand on assiste à des conférences, à des spectacles, au cinéma, on doit fermer nos téléphones. Ça devrait être la même chose en classe, c’est une évidence. À l’école de mon garçon, le téléphone est utilisé pour apprendre aux élèves à s’organiser avec un agenda électronique, comme Outlook, à y inscrire leurs devoirs, recevoir des notifications pour remettre les travaux à temps, savoir rapidement quel est le prochain cours, etc. Selon moi, il devrait y avoir un apprentissage des bonnes pratiques à l’école.

Sophie Poirier

Compromis

Nier ce que sont les jeunes actuels n’est en rien une solution. Interdire pour interdire non plus. Mais tenter de maintenir l’attention de 32 ados penchés sur leurs téléphones n’est pas non plus utile. Alors, le bon vieux compromis. Permettre les téléphones, soit, mais comme plusieurs de mes collègues du secondaire, avoir une boîte à l’entrée du cours où chacun peut déposer son appareil. Et le reprendre en sortant.

Caroline Proulx-Trottier

Juste milieu

Qu’il y ait des balises, on est tous d’accord. Mais de là à le bannir complètement, je ne crois pas. On tente de renverser la tendance en se basant sur des règles passées, ça ne peut pas fonctionner. Comment expliquer à un élève l’effet négatif du cellulaire quand il voit ses propres parents les yeux rivés sur leur cellulaire en continu ?

Lise St-Laurent

Tel parent, tel enfant

À l’école secondaire où j’enseignais, l’utilisation du téléphone était interdite sous peine de se le faire confisquer. À plusieurs reprises, j’ai appliqué ce règlement, et à plusieurs reprises, ce sont les parents des élèves qui téléphonaient à leurs enfants durant les périodes de classe ! À la suite d’une saisie, les parents déboulaient rapidement à l’école pour réclamer le téléphone de l’enfant avec beaucoup d’agressivité !

Alain Blais, retraité

Une question d’habitude

On a interdit la cigarette partout et les gens se sont habitués. C’est pareil pour les téléphones, les gens vont s’y faire avec le temps. Les élèves l’auront chez eux après les classes. Point.

André Verge

Leur oxygène

Étant prof au secondaire, je pourrais écrire un livre sur la problématique des téléphones cellulaires en milieu scolaire. C’est un vrai cauchemar. Premièrement, il faut savoir que malgré l’interdiction de ce dernier en classe, certains enseignants ont abandonné la bataille puisqu’elle demande une gestion constante, les élèves étant très habiles à trouver des moyens de pouvoir texter ou le consulter. Les directions d’école ont beau établir une réglementation, les élèves préfèrent être suspendus plutôt que de remettre leur téléphone. C’est comme si on leur enlevait leur oxygène. Pour ma part, j’ai tout essayé. Placer un porte-chaussures avec pochettes transparentes au mur (car ils doivent ne jamais perdre de vue le téléphone), leur donner un « Tupperware » qu’ils laissent sur leur bureau, imposer le casier… Bref, j’ai perdu toutes les batailles.

Sophie Crete

Lisez « Dehors, les téléphones ! »

Témoignages compilés par Judith Lachapelle, La Presse. Dans certains cas, les propos ont été remaniés à des fins de clarté et de concision.