En quatre mois, près de 14 000 femmes ont déjà rempli un avis de grossesse, un tout nouveau programme gouvernemental visant à assurer un suivi dès le premier trimestre.

« C’est une grande avancée d’avoir réussi à mettre en place ce tout nouveau programme qui est une porte d’entrée vers toutes sortes de services dont ont besoin les femmes enceintes », note la Dre Chantal Lacroix, médecin de famille et médecin-conseil à la Direction de santé publique.

En début de grossesse, bon nombre de femmes ont la mauvaise surprise d’apprendre que leur médecin de famille ne fera pas leur suivi, certains ne se sentant pas à l’aise de le faire à une époque où il existe des dépistages très spécialisés et beaucoup de grossesses tardives.

Or, c’est au premier trimestre que peuvent se faire les dépistages pour la trisomie ou pour le VIH chez la mère – qui pourra minimiser le risque que le bébé soit lui aussi touché.

Avec ce programme d’avis de grossesse, la femme enceinte est mise en contact avec une intervenante qui lui trouve un médecin de famille, un gynécologue, une sage-femme ou une infirmière praticienne spécialisée.

Cela évite à chacune de faire de longues recherches parfois infructueuses, ce qui est particulièrement compliqué si on a immigré depuis peu de temps, fait observer la Dre Lacroix.

Le service est d’ailleurs proposé en 11 langues. À l’heure actuelle, 1025 professionnels ont répondu présent pour faire les suivis de grossesse.

80 000 naissances par année

Il y a environ 80 000 naissances par année au Québec. Selon Annie Motard-Bélanger, coordonnatrice en périnatalité et petite enfance à la Direction de santé publique, les 13 710 femmes qui se sont inscrites depuis quatre mois représentent déjà un excellent départ. « On savait que l’on ne rejoindrait pas d’emblée toutes les femmes, mais ce que l’on souhaite, c’est que ça devienne une norme sociale, que toutes se disent : ‟Je suis enceinte, je m’inscris”. »

Une campagne de communication se poursuit donc dans la population, de même qu’auprès des professionnels. Depuis le lancement du service, quelque 56 000 visiteurs ont consulté la page web Ma grossesse, indique aussi le ministère de la Santé et des Services sociaux.

Les femmes qui s’inscrivent ont-elles réellement toutes un suivi au bout du compte ? Annie Motard-Bélanger répond qu’elle n’a pas de données précises à cet effet, mais que c’est dans le mandat de l’intervenante de s’en assurer.

Un service espéré depuis longtemps

Ce service était réclamé depuis longtemps par des experts qui étaient inquiets de voir tant de femmes être incapables de se trouver un professionnel pour s’assurer que leur grossesse se déroule bien.

C’était aussi l’une des premières recommandations de la commission Laurent, créée dans la foulée de la mort tragique de la fillette de Granby.

Québec espère ainsi rejoindre particulièrement les femmes vulnérables, mais l’idée, c’est que toutes les femmes s’inscrivent, entre autres aussi pour favoriser l’organisation des soins.

L’intervenante a le mandat de vérifier si la femme enceinte, au-delà d’un suivi médical, a besoin de programmes particuliers, si elle vit dans la pauvreté, si elle se sent isolée, si elle a besoin de recevoir des coupons d’aliments pendant la grossesse, etc.

Avec Alice Girard-Bossé, La Presse

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  • 31 %
    Proportion de Montréalaises qui n’avaient jusqu’ici aucun suivi de grossesse au premier trimestre
    Source : ÉTUDE DE ROXANE BORGÈS DA SILVA ET MIKE BENIGERI, ANALYSE DU DÉLAI DU PREMIER SUIVI MÉDICAL DE GROSSESSE DANS LE CADRE DU PROJET D’IMPLANTATION D’UN SYSTÈME D’AVIS DE GROSSESSE À MONTRÉAL (2020)