(Sherbrooke) Un expert a souligné lors de l’enquête de la coroner Géhane Kamel sur la mort d’un adolescent de 17 ans abattu par la police que le recours à la force létale de la police provinciale du Québec était justifié lors de cette intervention de 2018.

Le témoignage a été le dernier entendu par la coroner enquêtant sur la mort de Riley Fairholm, qui a été tué par la Sûreté du Québec alors qu’il était en détresse et agitait un pistolet à air comprimé tôt le 25 juillet 2018.

Toute l’interaction dans le stationnement d’un restaurant abandonné à Lac-Brome, en Estrie, a duré un peu plus d’une minute, un policier d’expérience disant à plusieurs reprises à Riley Fairholm de laisser tomber son arme avant que l’un des six policiers présents ne tire sur l’adolescent à la tête.

Un consultant en usage de la force à l’École provinciale de police et souvent expert dans les enquêtes, Bruno Poulin, a déclaré à la coroner Géhane Kamel qu’il n’y avait pas d’autre alternative pour les policiers face à un agresseur armé qui n’était pas coincé. Le laisser errer n’était pas une option.

Il a informé que l’utilisation de la force meurtrière était conforme à ce que les officiers apprennent.

M. Poulin a déclaré que si l’arme est pointée sur la police, il est justifié qu’elle tire. « C’est dommage, mais nous n’avons pas beaucoup de marge de manœuvre lorsque quelqu’un pointe une arme sur nous », indique-t-il.

Parmi les solutions suggérées par M. Poulin figurait la proposition d’équiper les policiers d’un bouclier balistique lors d’interventions liées aux armes à feu. Il a aussi suggéré une meilleure éducation des policiers en formation à l’académie de Nicolet, au Québec, sur le suicide par la police.

Plus tôt lundi, un chercheur de l’École de police de Québec a donné à l’enquête un aperçu du phénomène du suicide par la police, dans lequel une personne cherchant à mettre fin à ses jours provoque une confrontation avec la police.

Un autre expert a déclaré plus tôt lundi que plus une intervention policière dure, meilleures sont les chances d’une issue pacifique.

Michael Arruda est un policier à la retraite de Montréal et spécialiste des interventions de crise. Il a affirmé lundi que sa formation sur les interventions en situation de crise incite les policiers à prolonger l’opération lorsque cela est possible, en laissant le temps aux renforts, aux armes non létales et à d’autres partenaires d’entrer en jeu.

Ce que nous savons, c’est que si nous sommes en mesure d’étendre cette intervention à 10, 15, 20 minutes, nous avons plus de chances d’avoir une fin pacifique. Parce que nous sommes capables d’appeler du renfort, d’avoir recours à des armes intermédiaires (non létales), des partenaires extérieurs et nous pouvons planifier l’intervention.

Michael Arruda

Il a expliqué qu’il s’agit des techniques de « dé-escalade » et que l’objectif est de gagner du temps pour tout mettre en place afin qu’au moment d’intervenir, ce soit une fin pacifique.

M. Poulin a nuancé que dans le cas actuel, les agents n’avaient pas de fenêtre pour utiliser les techniques de dé-escalade. Il a également dit que les armes intermédiaires comme un pistolet paralysant ou un pulvérisateur n’étaient pas des options pour quelqu’un avec une arme de poing.

« Lorsque la menace est une arme de poing, une force mortelle, la réponse doit également être une arme de poing », a affirmé M. Poulin.

Alors que les audiences se terminaient lundi, la mère de Riley Fairholm, Tracy Wing, a remercié la coroner Kamel d’avoir aidé à trouver des réponses à certaines questions qui la hantaient depuis la mort de son fils il y a près de quatre ans. Elle espère que l’on se rendra compte que ce type d’exercice est important pour les proches des personnes tuées par la police.

Mais Mme Wing croit toujours fermement que si les autorités avaient pris le temps de parler à son fils, le résultat aurait pu être différent. Son fils ne savait pas qu’il lui restait un peu plus d’une minute avant que la police ne tire, a-t-elle déclaré.

« Mais je sais qu’en 61 secondes, Riley a été vu et abattu, même après avoir entendu tous les témoignages aujourd’hui, ce n’était pas assez de temps », a affirmé Mme Wing.

Le rapport de la coroner Kamel devrait être rendu à l’automne.