(Québec) Le gouvernement Legault doit larguer son concept de maison des aînés, selon les partis de l’opposition. La nouvelle hausse des coûts combinée à la pénurie de personnel et au tsunami démographique à venir démontrent sans équivoque qu’il sera « impossible de transformer le réseau d’hébergement bout à bout », déplorent-ils.

« Le problème n’est pas que le concept des maisons des aînés ne serait pas agréable, le problème, c’est qu’on doive faire un choix sur des priorités étant donné que les besoins sont en évolution de façon quasi exponentielle et que nos ressources financières et de personnel ne le sont pas », explique le chef parlementaire du Parti québécois (PQ), Joël Arseneau.

De l’avis des trois groupes de l’opposition, le concept des maisons des aînés est beaucoup trop dispendieux pour poursuivre son développement une fois les 46 résidences promises par le gouvernement Legault livrées. Au surplus, les maisons des aînés permettront à terme la création de 3480 places d’hébergement alors que quelque 3800 personnes attendent actuellement une place en CHSLD.

Dans ses propres prévisions, le ministère de la Santé et des Services sociaux estime que 20 264 personnes supplémentaires, âgées de 70 ans ou plus, auront besoin d’une place d’hébergement de longue durée en 2028, une hausse de 60 % par rapport à la situation actuelle.

« À terme, on ne répondra même pas aux besoins actuels à un coût exorbitant », s’inquiète de son côté la députée libérale Monique Sauvé. « Clairement, il faut un plan alternatif. Oui, on s’en tient à ce qui est très entamé [en construction], mais il faut arrêter ça là ensuite », plaide-t-elle.

La Presse révélait le week-end dernier que les coûts des maisons des aînés gonflent de 430 millions en raison de la surchauffe dans l’industrie de la construction, faisant passer la facture de 2,36 milliards à 2,79 milliards. L’ouverture des premières résidences provoque par ailleurs un déplacement significatif de la main-d’œuvre dans un contexte de pénurie, ce qui force des démarrages progressifs.

Porte fermée

La ministre responsable des Aînés, Marguerite Blais, a fermé la porte samedi à une révision du modèle des maisons des aînés, affirmant que la construction d’établissements supplémentaires est planifiée par le gouvernement pour les prochaines années.

Québec fait fausse route, selon l’opposition. Mme Sauvé fait valoir que le gouvernement devrait notamment miser sur les ressources intermédiaires pour accroître le nombre de places en hébergement, des ressources fragilisées qu’il faudrait mieux soutenir, croit-elle. Le PQ estime que Québec devrait augmenter le rythme en ramenant dans le giron public les CHSLD privés, comme l’a recommandé la coroner Géhane Kamel.

De son côté, le député de Québec solidaire Sol Zanetti réclame « une véritable planification sur dix ans » des besoins en hébergement. « Ça ne me rentre pas dans la tête qu’on soit en 2022, que ça fait des années qu’on voit venir le mur démographique et qu’on n’ait aucune planification », accuse-t-il. Selon lui, il faut explorer d’autres avenues « avant de faire un programme de PQI basé sur la liste d’attente actuelle ».

Les trois groupes de l’opposition militent en faveur de l’augmentation du financement des services à domicile. L’opposition est aussi favorable à la construction de nouveaux CHSLD à des « coûts raisonnables ». « Il faut les construire dans un modèle conventionnel plus moderne plutôt que d’y aller avec la formule de la CAQ qui, elle, coûte des montants astronomiques », indique M. Arseneau.