Une étude suggère que la majorité des adolescents montréalais ont beaucoup augmenté leur temps d’écran au printemps 2021, en plein confinement. Ils sont cependant nombreux à se dire « tannés » des écrans, alors que leur utilisation intensive est associée à moins de bien-être et de motivation.

L’étude de la Direction régionale de santé publique (DRSP) du CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal porte sur 725 adolescents âgés de 13 à 17 interrogés entre les mois d’avril et de mai 2021, « une période de confinement très restrictive de la pandémie de COVID-19 » marquée notamment par le premier couvre-feu et la troisième vague d’infections.

Elle révèle que 7 jeunes montréalais répondants sur 10 déclarent avoir beaucoup augmenté au moins un type d’utilisation d’écran, comme le visionnement de vidéos, l’utilisation des médias sociaux, ou les jeux vidéo.

« On n’est pas surpris de l’augmentation, parce que tout était fermé pour les jeunes », dit Jean-François Biron, chercheur à la DRSP et auteur principal de l’étude. « Leurs espaces de socialisation, leurs espaces de loisir étaient inaccessibles pendant une période quand même assez prolongée. »

Et ils sont nombreux à être inconfortables avec cette situation, alors que 39 % d’entre eux disent être parfois ou souvent « tannés » des écrans. Près de la moitié (45 %) des répondants affirment que leur utilisation des écrans a « parfois ou souvent nui à leur sommeil » et 37 % estiment qu’elle a nui à leurs travaux ou leurs résultats scolaires.

Pas moins de 27 % des répondants passent néanmoins cinq heures ou plus de temps libre devant un écran en semaine, ce qui exclut le temps consacré aux études.

Cette « utilisation intensive » est associée à « une baisse de motivation pour les études, de plus faibles résultats scolaires et un moins bon moral », souligne-t-on. Les utilisateurs intensifs montrent aussi un taux plus élevé d’insatisfaction à l’égard de leur vie et de leurs relations, et ils sont plus nombreux à avoir diminué leur activité physique.

« C’est un peu préoccupant, ceci dit il faut le mettre en contexte avec la période précise de la pandémie », relativise M. Biron. Pour lui, l’exercice montre aussi la pertinence d’initiatives telles que la campagne Pause ton écran ou le Centre pour l’intelligence émotionnelle en ligne, qui offrent des ressources aux jeunes aux prises avec des problèmes liés à l’utilisation des écrans.

Et tout n’est pas sombre dans le portrait brossé par la DRSP. Ainsi, la majorité des participants ont utilisé leurs écrans pour « maintenir et développer les relations » (76 %) et pour « apprendre de nouvelles choses » (70 %).

La méthodologie employée ne permet pas de parler d’un échantillon probabiliste, qui soit rigoureusement représentatif de la population étudiée, mais l’enquête offre néanmoins « de bons repères » selon M. Biron, vu les caractéristiques des participants.

On ne dispose cependant pas de données permettant de faire une comparaison avec ce qui prévalait avant la pandémie. « Les études sur les écrans sont en train de s’établir », explique le chercheur. « Les usages évoluent assez rapidement, donc les questions qui étaient posées il y a 10 ans ne sont plus vraiment comparables. »